10 mars 2025

100% de subventions régionales coupées au Planning Familial : un impact sur « des interventions nécessaires »

Limitant les interventions scolaires pourtant obligatoires dans la loi, la directrice du Planning Familial 44 déplore les coupes budgétaires de la Région Pays de la Loire. Elle alerte notamment sur la nécessité des politiques de prévention au long terme.

100% de subventions régionales coupées au Planning Familial : un impact sur « des interventions nécessaires »

10 Mar 2025

Limitant les interventions scolaires pourtant obligatoires dans la loi, la directrice du Planning Familial 44 déplore les coupes budgétaires de la Région Pays de la Loire. Elle alerte notamment sur la nécessité des politiques de prévention au long terme.

67 000 euros : c’est le montant des coupes budgétaires par la Région Pays de la Loire à la Fédération du Planning Familial. Le budget, voté le 19 décembre dernier, prive la structure de 100% de ses subventions régionales.

« Pour le 44, cela représente 10 000€ de pertes directes », déplore Bérengère Tesse, directrice du Planning familial de Loire-Atlantique, dépendant du budget de la Fédération régionale. Et « même sur une grosse structure, cela correspond à des dépenses réelles » : 38 interventions en moins sur 230 concernant « la vie affective, relationnelle et sexuelle en milieu scolaire ». Face à ces coupes aussi imputées aux secteurs de la culture, de l’égalité et des sports, la directrice fait part des conséquences sur l’association.

« Quelque chose d’obligatoire qui est supprimé »

Les actions en milieu scolaire, impactées par les coupes budgétaires de la Région, sont pourtant obligatoires depuis la loi EVARS de 2001, détaille Bérengère Tesse : « chaque élève au long de sa scolarité doit avoir trois séances d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle ». Un programme déjà actuellement peu appliqué d’après la directrice, affirmant que « la présidente de Région [Christelle Morançais] coupe des fonds là où il en manque déjà ».

Couper « tout ce qui n’est pas capitaliste »

La culture, le sport, l’égalité : Christelle Morançais, du parti Horizons, « a décidé d’attaquer tout ce qui n’est pas un bénéfice sonnant et trébuchant, tout ce qui n’est pas capitaliste », s’indigne Bérengère Tesse. Or, selon elle, certes « le Planning Familial n’est pas rentable maintenant. Par contre, quand on a des bonnes politiques de prévention, derrière, on a moins à rattraper. » L’association départementale, qui a fêté ses 60 ans en 2024, regrette alors « ces politiques court-termistes qui vont à l’encontre de la loi ».

« Quand on a de bonnes politiques de prévention, derrière, on a moins à rattraper »

Elle alerte également sur les impacts des coupes dans les autres secteurs touchés, dont la culture : « L’éducation, quelle qu’elle soit, c’est primordial. » Faisant le parallèle avec le slogan des Colleuses « On ne protège pas nos filles, on éduque nos garçons », elle insiste d’ailleurs sur le fait « qu’il vaut mieux prévenir que guérir, notamment sur les sujets de l’égalité et de la violence ».

Se mobiliser pour retrouver un budget pérenne

Bien que l’association ait reçu « un afflux de dons en décembre suite aux annonces des coupes budgétaires », Bérengère Tesse rappelle que « cela ne résout pas le problème de fond ». Un trimestre après le vote du budget, la mobilisation continue : « on dénonce encore en signature de chaque mail ». Un travail « de longue haleine » qui compte donc bien être poursuivi car, si le Planning Familial 44 a encore le soutien d’autres collectivités, des structures comme le CIDFF (Centre d’information sur les droits des femmes et des familles) a lui « perdu 3 postes » à cause des coupes budgétaires.

D’ailleurs, pour soutenir le Planning Familial, la directrice suggère de faire des dons ou d’adhérer à l’association, mais aucune campagne spécifique n’a été mise en place : « Parce que je refuse que des particuliers se substituent à l’obligation de l’État ».

Volontaire en service civique cette année à Fragil, Enora est passionnée de littérature, d'histoire, de cinéma... Son objectif est de devenir journaliste culturelle !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017