Jérôme Baron, directeur artistique du Festival des 3 continents, revient sur le résultat du palmarès : « Très content du choix du Jury, car cela étaye un peu l’idée qu’on avait cette année d’une compétition qui était avec beaucoup de nuances dans la manière d’utiliser les outils du cinéma. Le palmarès le restitue parfaitement. »
En effet, par leur singularité et la sélection des films en compétition international, les jurys disjoints composés de professionnel·les du cinéma, de jeunes ou encore du public ont attribué leur prix à des longs-métrages différents.
La plus haute distinction, la Montgolfière d’or, a été décernée au réalisateur chinois Zhang Lu pour le film The Shardowless Tower. « Ce film est l’un des plus beaux films que j’ai vus cette année » s’exprime Jérôme Baron. « C’est un long-métrage très très écrit, qui a une qualité littéraire à peine visible. (…) Dans ce film. je n’arrive pas à anticiper une seule seconde sur ce qui va se passer (…), et petit à petit, comme ça, les choses s’articulent de manière complètement complexe et brillante (…), et un moment donné l’émotion nous emporte (…), c’est tellement fort. ». À voir si ce chef d’œuvre fera une carrière française.
Tandis que le premier prix est revenu à une fiction, la Montgolfière d’argent, lui, fut attribué à un documentaire : Le Spectre de Boko Haram de Cyrielle Raignou. « Un film documentaire très beau » comme en témoigne le directeur artistique. « La réalisatrice est dans le Nord-est du Cameroun, dans un endroit extrêmement dangereux. Ici, la question, ce n’est pas tant de traiter du danger et de la guerre, que de traiter comment on vit dans cet endroit-là à travers le regard des enfants. D’ailleurs, la réalisatrice se met à hauteur d’enfants sans dépendre d’eux en faisant son film, parce que là, il y a du vivant ». Un documentaire où Cyrielle Raignou permet au cinéphile d’apercevoir ainsi « la violence telle qu’elle est perçue par des gens qui ont une manière différente d’y réagir tout en étant complétement travers par ça ».
Bride Kidnapping de Mirlan Abdykalykov primé par le Prix du public, et également par une mention spéciale par le jury jeune, est un film « qui annonce le programme tout de suite. Le titre est presque un spoiler. (…) Ce film est très particulier, car il est d’une précision incroyable. C’est extrêmement sec, il n’y a pas un poil de gras (…). On découvre un monde avec une réalité sociale quasi- topographique à l’échelle du quartier filmé, et indépendamment qu’on connaisse la fin, mais même quand la fin arrive, on est pris par la violence de la chose et c’est insoutenable » réagit Jérôme Baron.
En ce qui concerne le prix du jury et le prix de la distribution, ils furent attribués respectivement au réalisateur Iranien Ali Ahmadzadeh pour Critical Zone et au film La Mélancolie (Fly on) du japonais Takuya Kato qui aura une distribution française.
« Il n’existe aucun lien évident dans ce palmarès, car les films sont formellement très différents. Ils n’ont pas du tout la même visée. Ce sont trois gestes qui sont très forts (…) trois gestes de cinéma qui sont les uns des autres très forts et pourtant très différents les uns des autres, et c’est un peu ça, l’esprit des 3 continents » déclare Jérôme Baron.