29 octobre 2018

Tourista et la « quête » de Tanguy Malik Bordage

Dans un spectacle qu’il décrit comme « tragique mais profondément drôle aussi », Tanguy Malik Bordage revient au devant de la scène nantaise avec Tourista, son nouveau spectacle qu’il présentera pour la première fois le jeudi 08 Novembre au TU.

Tourista et la « quête » de Tanguy Malik Bordage

29 Oct 2018

Dans un spectacle qu’il décrit comme « tragique mais profondément drôle aussi », Tanguy Malik Bordage revient au devant de la scène nantaise avec Tourista, son nouveau spectacle qu’il présentera pour la première fois le jeudi 08 Novembre au TU.

Membre de la maison Grosse Théâtre et fort du succès de son dernier spectacle Le Loup des steppes qu’il dit avoir « crée comme un premier jet, avec naïveté et candeur », le metteur en scène Tanguy Malik Bordage se lance dans un projet plus personnel au cœur de son intimité. Son ambition se développe et s’échine autour d’un processus différent afin de « mélanger une histoire intime avec une histoire plus large, universelle » mais aussi pour « mêler l’infiniment petit et l’infiniment grand ». L’idée Tourista a germé lors d’une représentation à Hors Lit, face à une performance théâtrale autour du tourisme et de la recolonisation. Un sujet sur la décadence qui fait écho à Tanguy Malik Bordage. S’en suit une réflexion maturée, polissant un thème brut afin de l’inscrire au sein de l’histoire personnelle du metteur en scène.

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« le postulat de départ change en permanence »

Son écriture s’est emparé de l’histoire de ses parents qui « ont beaucoup voyagé, férus de spiritualité orientale » et dramatiquement confrontés à leur destin « dans un pays moteur de leur quête de spiritualité ». Tanguy Malik Bordage exprime son travail comme une « quête vers soi même », afin qu’il puisse « réinventer ses croyances » et partir à la recherche de sa propre spiritualité à travers la création théâtrale.

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Dans une œuvre qu’il décrit comme « nihiliste et désabusé », le metteur en scène prône toujours une forme de  « lumière au bout du couloir » face à la désinvolture de l’intrigue qu’il présente au départ. Il affirme également que « le postulat de départ change en permanence ». Une réflexion qu’il s’inflige également à lui même, à sa personnalité, laissant entrevoir ce spectacle comme un certain ressort de sa personne face à ses croyances et son histoire.

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« le voyage est un retour vers l’essentiel »

Sa réflexion s’est récemment posé sur un proverbe tibétain « le voyage est un retour vers l’essentiel ». Bien qu’abordant des sujets sombres, le spectacle ne tourne pas dans la noirceur les thématiques qu’il aborde. Au contraire, Tanguy Malik Bordage espère voir le public « ressortir du spectacle avec une sorte de joie ». Le voyage vers le bonheur, vers cette lumière qu’il a introduite précédemment dans sa réflexion pour produire une étincelle, un feu crépitant dans les yeux des spectateurs. De plus, il est profondément convaincu que « plus les choses sont singulières plus elles peuvent être hors-sol ».

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S’éloigner du littéraire pour recouvrir une forme de liberté

Bien qu’épris de littérature, tellement que le roman d’Hermann Hesse fut à la base de son dernier spectacle, il dévoile un projet Tourista « sans aucune velléités littéraires » donnant une liberté supplémentaire et « de la matière assez joyeuse et libre pour les interprètes » laissant un boulevard à « pas mal d’improvisations ». Il convient maintenant aux acteurs de s’emparer de cette liberté insufflée dans le théâtre de Tanguy Malik Bordage, pour faire ressortir les aspects les plus profonds du spectacle dans leurs performances. Il poursuit : « c’est vraiment une pièce d’acteur, c’est eux qui peuvent rendre le spectacle sublimissime ».

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Sur scène, Tanguy Malik Bordage tient un petit rôle, il sera accompagné par une équipe nouvellement façonnée, puisqu’il n’a pas souhaité reconduire les acteurs du Loup des Steppes afin de travailler avec d’autres personnalités. Un bestiaire de personnages haut en couleurs, ou comme précise le metteur en scène « un reflet joyeux d’un monde qui s’effondre symboliquement ». S’entourant d’une «équipe très diverse», il explore plusieurs zones de créations, et rapporte un travail conséquent avec les plasticiens, ainsi qu’un travail très précis sur le son et l’image. Côté inspirations, il cite volontiers le metteur en scène et réalisateur allemand Werner Herzog mais aussi Bruno Dumont par son travail dans le P’tit Quinquin. Tourista se présente donc comme une création théâtrale interdisciplinaire afin de former un résultat volontairement très différent du Loup des Steppes.

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Ce qui est évident et énoncé par Tanguy Malik Bordage, c’est « une croyance totale en la force de l’art et du théâtre » dans ce qu’il considère « un peu comme une déclaration d’amour envers le théâtre ». Tourista semble avoir un objectif qui ne dit cependant pas son nom, la volonté de laisser transporter le spectateur par la force de l’art dans l’univers de Tanguy Malik Bordage, auprès de ses croyances.

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Représentations au TU du 8 au 15 novembre

 

Animal journalistique curieux en service civique pour Fragil, je me passionne pour l’actualité du microcosme nantais afin d'en épier les nuances loin du manichéisme.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017