Samedi 17 novembre, ce n’est pas vêtus de gilets jaunes, mais armés de pinceaux qu’on les retrouve Place du Cirque. Ils sont une trentaine à avoir bravé le froid pour répondre à l’appel de l’association NOSIG, à l’origine de cette initiative « Les Marches des Fiertés représentent la visibilité LGBT et permettent aux personnes LGBTI+ et leur entourage de voir qu’ils/elles sont visibles et soutenues, même dans l’espace public. » nous explique Noé Parpet, président de l’association.
Petit rappel des faits : le vendredi 8 juin 2018, NOSIG appelait à repeindre les marches gris terne de la rue Beaurepaire aux couleurs de l’arc en ciel pour célébrer la Marche des fiertés qui se déroulait le lendemain à Nantes.
Ce mouvement citoyen a séduit la Mairie qui a choisi de pérenniser l’œuvre. C’était sans compter les mécontents qui ont dégradé l’escalier la nuit même. Les services de la Ville sont intervenus immédiatement pour que les Marches retrouvent leur éclat pour le rassemblement du samedi. Malheureusement, dans la nuit du 13 au 14 juin, celles-ci ont à nouveau été recouvertes de peinture blanche.
« Comme les personnes LGBTI victime d’agression, l’escalier se relèvera, restera visible et coloré »
Début septembre, ce sont près de 200 personnes qui se sont réunies pour que l’escalier retrouve ses couleurs, ce qui a provoqué un troisième acte de vandalisme dans la nuit du 9 au 10 septembre. « Ces marches représentent un bon indicateur de l’état des LGBTiphobies. Notre message aujourd’hui est de rappeler qu’on ne se laissera pas abattre, que tout comme les personnes LGBTI victime d’agression, l’escalier se relèvera, restera visible et coloré » défend Noé Parpet.
« C’est important pour la Ville de Nantes de montrer un soutien institutionnel à une mobilisation citoyenne, pacifique et artistique au cœur du centre-ville de Nantes »
Pour en remettre une couche ce samedi 17 novembre, quelques personnalités avaient fait le déplacement, dont Mme Michelle Meunier sénatrice de Loire Atlantique, Mme Katell Favennec élue déléguée à la lutte contre l’homophobie et au suivi des associations LGBT et M. David Martineau, adjoint à la culture avec qui Fragil a eu le plaisir de s’entretenir.
– Pourquoi était-ce important de venir aujourd’hui ?
« C’est important pour la Ville de Nantes de montrer un soutien institutionnel à une mobilisation citoyenne, pacifique et artistique au cœur du centre-ville de Nantes, un haut lieu de passage qui plus est. Au-delà du geste citoyen et militant, cette action participe également à l’embellissement de la ville. De nombreux concitoyens sont venus vers moi pour me dire qu’ils trouvaient ça simplement beau ! »
– Nous sommes en 2018, la loi sur le mariage pour tous a été votée, on parle d’une possible ouverture de la PMA aux couples de femmes et femmes seules, on sent que notre société tend à plus de tolérance envers la communauté LGBTI mais malgré cela, on constate des agressions homophobes, ces marches arc-en-ciel vandalisées trois fois, comment l’expliquez-vous ?
« La société a effectivement évolué sur cette question. Elle est devenue plus mature, plus tolérante mais le problème c’est que les opinions radicales et idéologiques n’ont, elles, jamais disparues. Elles peuvent rester en veille pendant un moment et parfois, elles se réveillent. Il y a malheureusement actuellement des discours politiques qui favorisent les sentiments homophobes à sortir de la sphère privée et à s’exprimer en public, parfois de manière vive et néfaste à travers des agressions physiques ou verbales ou, comme ici, par le vandalisme. Il est donc important pour la municipalité d’accompagner les associations comme NOSIG à défendre les droits LGBT.
La parole des victimes se libère
Selon SOS Homophobie, on constate en France une augmentation de 37% de signalements d’agressions à caractère LGBTIphobes par rapport à septembre 2017, +15% de dépôts de plaintes selon la police. Cela veut-il dire que le nombre d’agressions augmente ? Pas forcément. Le fait que ces actes de violence soient aujourd’hui diffusés et relayés par les réseaux sociaux ainsi que par les médias traditionnels permettent aux victimes de se sentir moins seules. Soutenues par les associations, celles-ci sont entendues, leur parole se libère.
En Loire Atlantique c’est une trentaine de signalements qui ont été enregistrés cette année. « Face à cette violence, nous ne pouvons que continuer notre action quotidienne d’éducation populaire et de déconstruction des préjugés sociaux, pour espérer vivre, demain, dans une société libre et égalitaire» conclue avec sagesse Noé Parpet.