Depuis 2016, le projet TAMO (Talakala Mokili ou miroirs du monde) propose un accueil de personnes migrantes au sein des locaux des CEMEA PDLL. C’est dans le cadre de cet accueil que l’association Fragil est intervenue pour animer un atelier de décryptage des discriminations dans les médias. Cet atelier, financé par la DILCRAH dans le cadre de la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, a permis a 8 jeunes exilés de profiter d’un temps de réflexion autour des problématiques liées aux stéréotypes, préjugés et discriminations.
L’animation s’est déroulée en trois temps, en commençant par une activité permettant de mettre en lumière les représentations personnelles liées à nos stéréotypes. Les participants se sont vu attribuer des rôles dont ils devaient s’imprégner : mère au foyer célibataire de 75kg, homme blanc de 30 ans travaillant dans une start-up, jeune Rom de 17 ans déscolarisée… Placés sur une ligne de départ, chaque joueur avançait dès qu’une phrase énoncée par l’animateur semblait vraie pour lui. « J’ai un smartphone », « J’entends mon accent dans les voix-off », « Je peux me présenter sans crainte sur les réseaux sociaux », une dizaine d’affirmations ont permis de mettre en lumière les difficultés rencontrées par les différents profils lorsqu’il s’agit de médias. De plus, certains participants qui avaient reçus les mêmes rôles se sont vus avancer différemment lors du jeu, ce qui a permis d’évoquer les différences de représentations de chacun lors du débat qui a suivi.
Le deuxième temps a permis d’évoquer la représentation de la France et des Français que les participants avaient avant leur départ. Ce temps d’échange a rendu possible la discussion entre les 8 jeunes sur les représentations, les déceptions mais aussi les bonnes surprises ressenties à leur arrivée sur le territoire.
Enfin, un débat mouvant autour d’une séquence télévisée a donné l’occasion aux personnes présentes d’échanger sur la production médiatique et sur la diffusion des comportements discriminants. Cette séquence, lors de laquelle Nolwenn Leroy est victime d’un geste déplacé de la part de Laurent Baffie, a permis de discuter de la gravité, de la responsabilité du geste et de réfléchir ensemble aux raisons pour lesquelles cet extrait avait été diffusé à la télévision en abordant le lien entre audimat et revenus publicitaires.
La participation active des jeunes et leur intérêt à débattre ont mis en lumière la pertinence de ce type d’atelier pour tout type de public. Tamo a d’ailleurs souligné l’importance de cette action pour des publics qui comme eux sont susceptibles d’être plus exposés aux comportements discriminants.