16 juillet 2019

Atelier de décryptage des discriminations dans les médias avec les jeunes exilés de Tamo

Le 15 juillet 2019, l'association Fragil a animé un atelier de décryptage des discriminations dans les médias auprès d'un public de jeunes exilés à Nantes. Les deux heures d'animation se sont déroulées à la Maison des Confluences avec les jeunes exilés de Tamo, structure d'accueil de personnes migrantes.

Atelier de décryptage des discriminations dans les médias avec les jeunes exilés de Tamo

16 Juil 2019

Le 15 juillet 2019, l'association Fragil a animé un atelier de décryptage des discriminations dans les médias auprès d'un public de jeunes exilés à Nantes. Les deux heures d'animation se sont déroulées à la Maison des Confluences avec les jeunes exilés de Tamo, structure d'accueil de personnes migrantes.

Depuis 2016, le projet TAMO (Talakala Mokili ou miroirs du monde) propose un accueil de personnes migrantes au sein des locaux des CEMEA PDLL. C’est dans le cadre de cet accueil que l’association Fragil est intervenue pour animer un atelier de décryptage des discriminations dans les médias. Cet atelier, financé par la DILCRAH dans le cadre de la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, a permis a 8 jeunes exilés de profiter d’un temps de réflexion autour des problématiques liées aux stéréotypes, préjugés et discriminations.

L’animation s’est déroulée en trois temps, en commençant par une activité permettant de mettre en lumière les représentations personnelles liées à nos stéréotypes. Les participants se sont vu attribuer des rôles dont ils devaient s’imprégner : mère au foyer célibataire de 75kg, homme blanc de 30 ans travaillant dans une start-up, jeune Rom de 17 ans déscolarisée… Placés sur une ligne de départ, chaque joueur avançait dès qu’une phrase énoncée par l’animateur semblait vraie pour lui. « J’ai un smartphone », « J’entends mon accent dans les voix-off », « Je peux me présenter sans crainte sur les réseaux sociaux », une dizaine d’affirmations ont permis de mettre en lumière les difficultés rencontrées par les différents profils lorsqu’il s’agit de médias. De plus, certains participants qui avaient reçus les mêmes rôles se sont vus avancer différemment lors du jeu, ce qui a permis d’évoquer les différences de représentations de chacun lors du débat qui a suivi.

Le deuxième temps a permis d’évoquer la représentation de la France et des Français que les participants avaient avant leur départ. Ce temps d’échange a rendu possible la discussion entre les 8 jeunes sur les représentations, les déceptions mais aussi les bonnes surprises ressenties à leur arrivée sur le territoire.

Enfin, un débat mouvant autour d’une séquence télévisée a donné l’occasion aux personnes présentes d’échanger sur la production médiatique et sur la diffusion des comportements discriminants. Cette séquence, lors de laquelle Nolwenn Leroy est victime d’un geste déplacé de la part de Laurent Baffie, a permis de discuter de la gravité, de la responsabilité du geste et de réfléchir ensemble aux raisons pour lesquelles cet extrait avait été diffusé à la télévision en abordant le lien entre audimat et revenus publicitaires.

La participation active des jeunes et leur intérêt à débattre ont mis en lumière la pertinence de ce type d’atelier pour tout type de public. Tamo a d’ailleurs souligné l’importance de cette action pour des publics qui comme eux sont susceptibles d’être plus exposés aux comportements discriminants.

Chargé de projets numériques et médiatiques chez Fragil depuis 2017, musicien, auteur, monteur... FX est un heureux touche-à-tout nantais. Il s'intéresse aux musiques saturées, à l'éducation aux médias, aux cultures alternatives et aux dystopies technologiques.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017