30 septembre 2019

Les Art’Scènes (opus 9)

Festival unique pour découvrir le théâtre et le chant lyrique, les ArtScènes proposent des masterclass ouvertes à tous, ainsi que des concerts d'artistes reconnus.

Les Art’Scènes (opus 9)

30 Sep 2019

Festival unique pour découvrir le théâtre et le chant lyrique, les ArtScènes proposent des masterclass ouvertes à tous, ainsi que des concerts d'artistes reconnus.

Faire découvrir à tout public le théâtre et le chant lyrique, et comprendre le travail de l’artiste de l’intérieur, telle est l’ambition de cette quinzaine des « Art’Scènes» qui se déroule du 20 septembre au 5 octobre 2019, initiée par Thierry Pillon, directeur artistique.

Le festival et son fondateur

Cet artiste aux talents multiples, formé au conservatoire national de Paris, professeur au cours Florent, a joué avec les plus grands noms dont Daniel Mesguich , Gérard Desarthe et bien d’autres encore. Il a créé sa compagnie «  l’éternelle éphémère » et, pendant de longues années, il s’est formé au chant lyrique et s’est produit régulièrement avec l’Orchestre national de France. Très animé par l’envie de transmettre, il est maintenant professeur à la Haute école de musique de Lausanne où il dirige l’atelier lyrique.

[aesop_image imgwidth= »40% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2019/09/yYFefB2k_400x400.jpeg » credit= »Twitter » align= »center » lightbox= »on » caption= »Thierry Pillon » captionposition= »center » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

Sensibiliser et transmettre

Ainsi, durant ce festival, sont proposés des mastersclass théâtre et chant lyrique pendant lesquelles des artistes, comédiens, chanteurs amateurs ou professionnels viennent se former auprès d’artistes reconnus ; Thierry Pillon anime l’atelier théâtre et, cette année, Julien Behr, artiste lyrique reconnu, anime l’atelier chant.

Se confronter à une autre forme d’apprentissage est un moment privilégié pour ces artistes amateurs.

Le 24 septembre 2019 après-midi la salle de l’Orangerie du Jardin des plantes accueillait la Master Class théâtre

Thierry Pillon a proposé à la dizaine de spectateurs présents le programme de l’après midi. Il nous a décrit quel type de pédagogie et d’accompagnement il propose aux comédiens amateurs qui ont travaillé environ 1 h 30 chacun autour d’un texte dont ils avaient pris connaissance en amont de la séance.

La première actrice Alice :

Comédienne amateur, elle est montée sur scène pour nous présenter un texte d’Alfred de Musset. Le professeur a longuement expliqué  son approche théâtrale afin que l’élève s’en imprègne et s ‘en inspire pour la retranscrire dans son texte. Il a également expliqué au public : « le corps est une caisse de résonance dont nous sommes l’archet ». Pour arriver à une justesse de jeu théâtral, il est nécessaire d’avoir une vision globale du texte et d’en avoir compris le sens.

Ainsi l’acteur, doit être dans l’anticipation de ce qui va se dire plus loin pour ainsi moduler sa voix. Pour en faire la démonstration, il a fait redire de nombreuses fois à Alice son texte pour qu’elle découvre la musicalité des mots en intégrant les étapes suivantes :

La protase : partie montante dans l’intensité la voix, le corps se charge

L’acmé : le moment le plus fort, au bout de cette montée

L’apodose : la partie descendante dans l’expression de la voix

Il ne s’agissait pas à ce stade de travailler la mise en scène mais juste que le corps et l’esprit fassent vibrer ce texte, tout en restant statique.

La deuxième comédienne Samantha:

Cette dernière a travaillé sur un extrait d’Andromaque de Racine.

De la même manière, il l’a amenée, par de nombreuses répétitions, à faire évoluer la manière de dire un texte pour y apporter l’émotion qui fera vibrer le public.

En tant que spectateur de cet atelier, néophyte ou comédiens amateurs, nous avons intériorisé en même temps que l’élève sur scène, la transformation de l’expression du texte.

Nous avons pu entendre, parfois, que le rendu ne correspondait pas à ce que demandait le professeur. Nous avons découvert l’immensité des nuances sur lesquels un mot, une phrase peut être travaillée pour être au plus juste, en adéquation avec le sens du texte.

Une après midi très instructive, une découverte du travail de l’artiste, qui sans doute nous fera regarder une pièce ou un concert avec une vision différente.

[aesop_image imgwidth= »40% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2019/09/IMG_20190924_154302904.jpg » credit= »Elisabeth Petit » align= »center » lightbox= »on » captionposition= »left » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

A découvrir et faire découvrir autour de soi

Il est important de rappeler que ces mastersclass sont gratuites ; on peut y rester suivant notre disponibilité… Un bel outil, pas assez connu, pour y amener, par exemple, des classes option théâtre ou des troupes amateurs.

Ces ateliers permettent aussi de faire tomber les représentations sur ces disciplines artistiques. De plus, Thierry Pillon a le souci d’ouvrir ces espaces aux personnes les plus éloignées avec des collaborations particulières, classe ULIS (scolarité d’enfants présentant des difficultés d’intégration), l’Institut de la Marrière (enfants présentant une déficience motrice), et, depuis peu, un public sous main de justice.

Les autres propositions de ce programme

Un concert a eu lieu le 28 septembre à l’Orangerie du jardin des Plantes «Réminiscences de Dom Juan » avec la pianiste Meguy Djakeli, la chanteuse lyrique Lysa Menu et Thierry Pillon en récitant. Un beau spectacle dans lequel se sont croisés des textes de Molière, Verlaine avec des musiques de Mozart et Lizst.

Une magnifique illustration du croisement des disciplines entre le chant, le théâtre et la musique.

A venir

Mastersclass « chant lyrique » les 3 et 5 octobre de 14 h à 17 h Passage Sainte-Croix

Une après midi où l’on pourra suivre au plus près les artistes dans ce petit espace et découvrir l’apprentissage du chant accompagné par un chanteur professionnel.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017