8 octobre 2019

Scopitone 2019 : Dix jours de festivités électroniques dans la cité des Ducs

Du jeudi 12 au dimanche 22 septembre, l’ancien Marché d’intérêt National de Nantes a accueilli, avant sa démolition, la dix-huitième édition du festival Scopitone. Organisé par le Stéréolux, le festival des arts numériques et des musiques électroniques a proposé cette année une programmation innovante et explosive.

Scopitone 2019 : Dix jours de festivités électroniques dans la cité des Ducs

08 Oct 2019

Du jeudi 12 au dimanche 22 septembre, l’ancien Marché d’intérêt National de Nantes a accueilli, avant sa démolition, la dix-huitième édition du festival Scopitone. Organisé par le Stéréolux, le festival des arts numériques et des musiques électroniques a proposé cette année une programmation innovante et explosive.

Choix très ambitieux fait par le Stéréolux : après s’être installé sous les anciennes halles Alstom ainsi que les Nefs de l’île de Nantes, le festival s’éloigne de son lieu d’origine qu’est le Stéréolux pour investir l’un des lieux emblématiques de la ville : l’ancien MiN de Nantes.

Un lieu éphémère mais historique

Ce lieu, désaffecté depuis février dernier, sera démoli dans quelques semaines. Raison de plus pour le faire vibrer une dernière fois. Consacré pendant plus de 50 ans au commerce alimentaire et horticole, il s’étendait sur plus de 20 hectares et était considéré comme le deuxième plus grand marché de gros en France.

Le festival a ainsi pris place sur les 2 hectares encore exploitables du site. Plus de 60 000 personnes étaient attendues sur les lieux où quatre scènes musicales étaient installées dont la salle Halle à Marée. Rien n’a été modifié pour l’occasion, on pouvait encore entrevoir les espaces dédiés aux maraichers et aux poissonniers, rappelant l’histoire locale. Petit plus qui a bien plu aux participants.

Un opening signé De Crécy

Acteur incontournable de la scène électronique depuis plus de 20 ans, Etienne de Crécy a ouvert le festival le 12 septembre en donnant un show aussi électrisant que surprenant. Habitué à présenter des DJ sets de haute qualité et une scénographie qui lui est propre, De Crecy n’a pas déçu. Sa capacité à innover et à proposer un spectacle audiovisuel a rassemblé tous les âges, on pouvait donc y croiser des adolescents et des adultes qui ont connu le premier album de l’artiste intitulé Super Discount sorti en 1996.

Il est 21h, quand un bruit sourd a commencé à faire monter la salle en ébullition. Seulement une lumière sortant du plafond éclairait la scène, il était donc difficile de savoir où le DJ allait mixer à travers cette dizaine de grands écrans posés sur la scène. Cette mise en abîme a duré une trentaine de minutes, avant que le roi de la French Touch ne se pose derrière ses platines. Connu pour ses shows très lumineux et hors du commun, De Crecy est déjà passé par Nantes en 2013 avec son fameux Beats’N’Cubes : un énorme cube fait d’échafaudages qui le plaçait en hauteur illuminant tout le public. Sur la scène Sud du MiN, les écrans rotatifs composés de LED ont donné de l’impulsion à son show et l’ont rendu encore plus spectaculaire.

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A ma grande surprise, il n’a proposé aucun de ses tubes connus hormis le début de Am I Wrong extrait de Tempovision sorti au début des années 2000. Connu grâce à des sons entrainants et colorés, son live était majoritairement à base de sons technos. Ce qui a remporté un franc succès car il a entraîné tout le monde dans son univers. Preuve en est, le public en demandait encore, après 1h15 de show.

Habituellement, dans ce genre d’environnement, les artistes viennent peu saluer leur public. Etienne De Crécy a pourtant quitté ses platines deux fois afin de se rapprocher de son public et le saluer avec un sourire communicatif. Le public a aimé ça. L’émotion était à son comble. Une raison de plus pour adorer cet artiste qui a ouvert le festival de la plus belle des manières.

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Le bouquet final

C’est dans les gènes de Scopitone : proposer une programmation toujours plus innovante que les années passées. L’édition 2019 n’a pas été épargnée. Pour clôturer le festival, les artistes conviés étaient de grands noms de la scène électronique. Du funk à la techno industrielle, il y en avait pour tous les goûts. On pouvait y retrouver : Molécule, NSDOS, Camion Bazar, Folamour, La Fraîcheur, Casual Gabberz, Krampf & Oklou, Oktober Lieber, etc… une quinzaine de talentueux DJ qui ont fait vibrer l’ancien MiN.

Cette soirée a permis à tous les styles de s’exprimer. En se promenant devant la scène Nord, on pouvait y trouver Folamour. Grâce à son set, on a pu faire un retour dans le passé avec le fameux Gimme Gimme! De ABBA, ou What’s Luv de Fat Joe. De la funk, de la house et du groove à gogo, le public chantait, levait les mains, et était ambiancé par les remixs colorés du DJ.

De l’autre côté, on pouvait y retrouver le collectif d’artistes hétéroclites : Camion Bazar. Ce collectif hors du commun a la capacité de renouveler leurs prestations et de sortir de la techno classique parfois trop clinique afin de proposer des ambiances alternatives. Ils ont réussi à faire voyager le public avec des sonorités venues d’ailleurs et une scénographie originale.

En quittant les lieux, on pouvait entendre les basses taper et résonner dans nos corps. On attend impatiemment la prochaine édition…

Curieuse et passionnée par l’art, particulièrement par la musique, Chloé vous fera découvrir à travers ses articles ses coups de cœurs musicaux ainsi que ses découvertes nantaises...

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017