« A nous deux, on a un siècle », annonce d’emblée le leader, Joey Starr, épaissi par sa cinquantaine, mais « encore là », « aiguisé comme une lame » quand il s’agit de motiver trois générations de Nantais à faire du BRUIIIIIIIT !!!!!!!! Le mâle dominant est dans la place et n’a rien perdu de sa verve ni de son timbre, qu’on se le dise. S’il a pris de la bouteille, le bonhomme s’est bonifié.
Quant au « babtou », il fait « son job à plein temps », avec fringance et facilité, s’autorisant quelques variations rythmiques, complètement en phase : il semble que Bruno Lopes, qu’il joue au poker ou la comédie, fasse toujours dans le grand Art, en toute discrétion.
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« Faites du bruit !!!! »
Peace
En première partie, on découvrait Abd, un jeune rappeur rennais. S’il n’a pas une voix extraordinaire, il a la hargne sincère et nécessaire (« j’ai aucun talent mais j’ai la dalle »). Abderrahman Sall est un fieffé parolier (« je préfère quand elle sait pas qu’elle est belle ») et force le respect par son charisme évident : seul sur scène, en jogging, « Monsieur Sall » (clin d’œil à l’expression à la mode du moment) a servi son truc comme à la maison. Et merci pour le « salam », apprécié par un public, à ce stade, plus qu’impatient.
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Love
Ensuite, les choses sérieuses commencent : c’est dans l’arôme acidulé des vapoteuses que nos Nikoumouk adulés y vont de leur répertoire engagé, avec une énergie comme on n’en fait plus, aidée par une scénographie chiadée quoique simple. Les initiales de Nique Ta Mère forment un triptyque où défilent des vidéos illustrant chaque tune (le capot d’une Merco pour ‘Ma Benz’, des barres d’immeubles et des visages de jeunes pour ‘Laisse pas Traîner ton fils’. De part et d’autre de la scène, un 9 et un 3 rappellent que « ça continue de sentir le hall ».
« ça continue de sentir le hall »
Décibels, bpm et lux à leur puissance maximale, à l’unisson des artistes, eux aussi poussés à fond, pourtant pas par l’assistance que Didier Morville a jugée trop « Majorette » à son goût.
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Unity
Constat : entre 1998, année de sortie de leur dernier album, et 2018, où les quartiers nantais se sont embrasés suite à une énième bavure, bien des lyrics n’ont pas pris une ride :
« C’est comme nous dire que la France avance alors qu’elle pense, par la répression, stopper net la délinquance, s’il-vous-plaît, un peu de bon sens, les coups ne régleront pas l’état d’urgence, à coup sûr… »
Sur la chute du fameux ‘Police’, Joey glisse une dédicace à Steve et décoche, en choeur avec l’auditoire, un « nique la police ! », majeur en l’air. Pied de nez à une condamnation qui lui valut une interdiction d’exercer son métier au siècle dernier.
Les temps changent, pas eux, et c’est tant mieux. Petit rappel historique : si « à l’époque les héros s’appelaient Actuel », les fr(h)onteux ne s’appelaient pas encore RN et ne faisaient pas le score d’aujourd’hui. L’hymnique ‘Thats’ my people’ et sa punchline « si le FN brandit sa flamme, chui là pour l’éteindre, c’est clair » sont plus que jamais d’actualité. C’est quoi le contraire de LOL, déjà ?
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« Si le FN brandit sa flamme, chui là pour l’éteindre, c’est clair… »
Having fun
Au terme d’une bonne heure et demie de performance chargée en testostérone ( Nathy, que l’on avait connu en pleine mue, « assis au fond de la classe », est devenu un trentenaire dont le titre ‘Antet’ est à écouter fissa), le show, chronométré à la seconde près, avec compte à rebours et tout, se termine en apothéose par une étreinte virile, touchante et « authentik » des acolytes qui n’ont cessé de scander, toute la sainte soirée : » C’est pas fini, jusqu’à l’infini ! ».
« C’est pas fini, jusqu’à l’infini ! »
Après plus de 30 ans de carrière, tout ce qu’on espère, c’est que ces deux-là continuent encore longtemps à niquer leurs pairs, à la Jacques Lacarrière (1925-2005), nous invitant à « démystifier le sang. Désosser le singe (pas au sens propre, Joey!). Déshériter l’ancêtre. »
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Crédit Photos : Patrice Molle