28 octobre 2019

On prend les mêmes et on recommence : le Suprême NTM en concert au Zénith et au top de sa forme !

On ne présente plus le duo inc(l)assable du (bon vieux) rap français : Joey Starr et Kool Shen avaient remis le couvert pour une tournée d’adieux-come back, confirmant leur assise dans la culture populaire francophone. Le deuxième effet Kiss Cool (oui, j’avais 20 ans en 1993), fut la présence, qui l’eut cru, du crew à l’ancienne : Nathy, Zoxea, Lord Kossity, Busta Flex ont répondu présent et à la question que tout le monde s’est posée ce 24 octobre 2019 : « mais qu’est-ce qu’on attend pour foutre le feu ?! ».

On prend les mêmes et on recommence : le Suprême NTM en concert au Zénith et au top de sa forme !

28 Oct 2019

On ne présente plus le duo inc(l)assable du (bon vieux) rap français : Joey Starr et Kool Shen avaient remis le couvert pour une tournée d’adieux-come back, confirmant leur assise dans la culture populaire francophone. Le deuxième effet Kiss Cool (oui, j’avais 20 ans en 1993), fut la présence, qui l’eut cru, du crew à l’ancienne : Nathy, Zoxea, Lord Kossity, Busta Flex ont répondu présent et à la question que tout le monde s’est posée ce 24 octobre 2019 : « mais qu’est-ce qu’on attend pour foutre le feu ?! ».

« A nous deux, on a un siècle », annonce d’emblée le leader, Joey Starr, épaissi par sa cinquantaine, mais « encore là », « aiguisé comme une lame » quand il s’agit de motiver trois générations de Nantais à faire du BRUIIIIIIIT !!!!!!!! Le mâle dominant est dans la place et n’a rien perdu de sa verve ni de son timbre, qu’on se le dise. S’il a pris de la bouteille, le bonhomme s’est bonifié.

Quant au « babtou », il fait « son job à plein temps », avec fringance et facilité, s’autorisant quelques variations rythmiques, complètement en phase : il semble que Bruno Lopes, qu’il joue au poker ou la comédie, fasse toujours dans le grand Art, en toute discrétion.

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« Faites du bruit !!!! »

Peace

En première partie, on découvrait Abd, un jeune rappeur rennais. S’il n’a pas une voix extraordinaire, il a la hargne sincère et nécessaire (« j’ai aucun talent mais j’ai la dalle »). Abderrahman Sall est un fieffé parolier (« je préfère quand elle sait pas qu’elle est belle ») et force le respect par son charisme évident : seul sur scène, en jogging, « Monsieur Sall » (clin d’œil à l’expression à la mode du moment) a servi son truc comme à la maison. Et merci pour le « salam », apprécié par un public, à ce stade, plus qu’impatient.

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Love

Ensuite, les choses sérieuses commencent : c’est dans l’arôme acidulé des vapoteuses que nos Nikoumouk adulés y vont de leur répertoire engagé, avec une énergie comme on n’en fait plus, aidée par une scénographie chiadée quoique simple. Les initiales de Nique Ta Mère forment un triptyque où défilent des vidéos illustrant chaque tune (le capot d’une Merco pour ‘Ma Benz’, des barres d’immeubles et des visages de jeunes pour ‘Laisse pas Traîner ton fils’. De part et d’autre de la scène, un 9 et un 3 rappellent que « ça continue de sentir le hall ».

« ça continue de sentir le hall »

Décibels, bpm et lux à leur puissance maximale, à l’unisson des artistes, eux aussi poussés à fond, pourtant pas par l’assistance que Didier Morville a jugée trop « Majorette » à son goût.

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Unity

Constat : entre 1998, année de sortie de leur dernier album, et 2018, où les quartiers nantais se sont embrasés suite à une énième bavure, bien des lyrics n’ont pas pris une ride :

« C’est comme nous dire que la France avance alors qu’elle pense, par la répression, stopper net la délinquance, s’il-vous-plaît, un peu de bon sens, les coups ne régleront pas l’état d’urgence, à coup sûr… »

Sur la chute du fameux ‘Police’, Joey glisse une dédicace à Steve et décoche, en choeur avec l’auditoire, un « nique la police ! », majeur en l’air. Pied de nez à une condamnation qui lui valut une interdiction d’exercer son métier au siècle dernier.

Les temps changent, pas eux, et c’est tant mieux. Petit rappel historique : si « à l’époque les héros s’appelaient Actuel », les fr(h)onteux ne s’appelaient pas encore RN et ne faisaient pas le score d’aujourd’hui. L’hymnique ‘Thats’ my people’ et sa punchline « si le FN brandit sa flamme, chui là pour l’éteindre, c’est clair » sont plus que jamais d’actualité. C’est quoi le contraire de LOL, déjà ?

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« Si le FN brandit sa flamme, chui là pour l’éteindre, c’est clair… »

Having fun

Au terme d’une bonne heure et demie de performance chargée en testostérone ( Nathy, que l’on avait connu en pleine mue, « assis au fond de la classe », est devenu un trentenaire dont le titre ‘Antet’ est à écouter fissa), le show, chronométré à la seconde près, avec compte à rebours et tout, se termine en apothéose par une étreinte virile, touchante et « authentik » des acolytes qui n’ont cessé de scander, toute la sainte soirée :  » C’est pas fini, jusqu’à l’infini ! ».

« C’est pas fini, jusqu’à l’infini ! »

Après plus de 30 ans de carrière, tout ce qu’on espère, c’est que ces deux-là continuent encore longtemps à niquer leurs pairs, à la Jacques Lacarrière (1925-2005), nous invitant à « démystifier le sang. Désosser le singe (pas au sens propre, Joey!). Déshériter l’ancêtre. »

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Crédit Photos : Patrice Molle

 

Journaliste/correctrice/traductrice/blogueuse/heureuse maman, je redécouvre Nantes à travers le regard de mon fils né en Afrique, après avoir passé 3 ans à Londres à officier sur des fashion websites, puis 9 ans à Casablanca à œuvrer dans la presse généraliste aux rubriques mode, tendances, culture, lifestyle... Je me suis reconvertie dans la presse de proximité depuis...

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017