9 juin 2020

Les ateliers confinés : dernière ligne droite avant le déconfinement !

Les ateliers qui se sont déroulés durant les deux dernières semaine de confinement ont permis de ré aborder des thèmes déjà vus. De l'initiation au journalisme, en passant par le désossage d'articles, les techniques de l'interview et les fake news, retour sur ces derniers ateliers confinés proposés par Fragil.

Les ateliers confinés : dernière ligne droite avant le déconfinement !

09 Juin 2020

Les ateliers qui se sont déroulés durant les deux dernières semaine de confinement ont permis de ré aborder des thèmes déjà vus. De l'initiation au journalisme, en passant par le désossage d'articles, les techniques de l'interview et les fake news, retour sur ces derniers ateliers confinés proposés par Fragil.

Depuis la semaine dernière, la tendance est à la baisse sur la participation aux ateliers confinés. Pour cet article, retour non pas sur une semaine d’ateliers mais sur les deux dernières semaines qui ont précédé le retour à la liberté de mouvement.

Différents thèmes du journalisme abordés durant ces semaines

Ces ateliers ont permis de ré aborder le journalisme dans ses multiples facettes. En commençant par l’initiation au journalisme avec l’importance d’éviter toute interprétation lorsqu’on écrit un article avec des phrases comme « tout le monde pense », un retour sur les notions d’objectivité et de subjectivité qui a alimenté le débat. « C’est exactement ce que je suis venu chercher, voir comment par la pratique on peut apporter des choses moins subjectives. Je suis extrêmement content de l’atelier » a expliqué Rémi, participant.

Pour comprendre comment est construit un article, un atelier « désossage » d’articles a à nouveau été proposé. On aborde entre autre la curation de contenus qui est la création de contenus nouveaux en partant de contenus existants. Pour cela un article du Courrier International est analysé, le journaliste évoque le retour du vélo à Budapest en période de confinement tout en utilisant des informations de quotidiens et sites hongrois pour créer cette information. On voit aussi comment l’information peut être traitée idéologiquement en abordant le terme « d’éditocrate » : une personne qui va meubler du temps d’antenne en donnant sa pensée qui est déjà construite. Géraldine, contributrice à Fragil revient sur cet atelier : « C’est intéressant de voir comment son construits les articles, ça dépend du public qu’on veut atteindre ».

Un atelier sur l’interview a également été proposé, il s’est déroulé de la même manière que le premier qui a eu lieu il y a deux semaines. La différence résidait dans le fait que les questions -fictives- n’étaient pas posées à Patrick Bruel mais à Carla Bruni ce coup-ci. Ce qui a permis d’aborder le sexisme à l’initiative d’un participant. Il y a en effet beaucoup de références au mari de Carla Bruni, Nicolas Sarkozy dans de nombreuses questions. Pose-t-on autant de questions sur sa femme lorsqu’on interview un homme ? Un atelier dont plusieurs participant.es étaient déjà venu.es au premier mais qui, pour la majorité, l’ont estimé complémentaire : « Bon complément à l’autre, on a vu d’autre chose », « Bon complément du premier atelier, d’un point de vue personnel je vois le piège que ça peut être d’aller dans la discussion » selon le témoignage de deux participants.

Enfin, sur le journalisme, un autre atelier sur les fake news a été proposé avec un seul participant ce coup-ci, Pierre-Alexandre, journaliste dans la presse hebdomadaire régionale. Il venait s’informer sur l’éducation aux médias et a trouvé  qui l’atelier « intéressant ». « Sur un sujet comme la fake news, lecteur comme producteur de l’info y sont confrontés. On est dans une vérification qui est dans l’excès maintenant. Donc c’est hyper intéressant ».

Le dernier quiz en visioconférence

Faute de participants, l’équipe de Fragil a animé un seul quiz, le mercredi 29 avril, sur la censure. L’occasion de débattre autour de la censure. Déjà, sur la définition même de la censure : « Le contrôle exercé par le pouvoir politique, religieux, hiérarchique, sur les spectacles, ouvrages et manifestations culturelles ou sociales », tout le monde n’est pas d’accord. Autocensure comme censure permettent du débat, c’est le cas par exemple d’une question sur un journaliste qui publie dans un autre pays son article et sous un autre nom. Pour certain.es il s’agit d’auto-censure mais pour d’autres non puisque l’article a été publié, donc l’information circule, il ne s’agit pas d’autocensure. « Les débats sont intéressants parce que c’est pas très clair certains trucs, des fois on a l’impression de savoir mais en creusant on se rend compte qu’on ne sait pas vraiment » selon le retour d’une participante.

C’est ainsi que s’achève ces semaines d’ateliers confinés, l’idée de continuer certains ateliers sous cette forme fait débat. En tout cas, la bonne humeur  a été présente tout au long de ces semaines.

Ressources utilisées pour ces ateliers :

Initiation à l’écriture journalistique :

Initiation à l’interview :

Atelier sur les fake news :

Quiz sur la censure :

En service civique et originaire de Perpignan. Tout ce qui tourne autour de la politique m'intéresse, grand amateur de science fiction et de dystopies. J'écris principalement sur les ateliers d'éducation aux médias et au numérique.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017