18 novembre 2020

Quatre documentaires pour questionner le fonctionnement des réseaux sociaux et le traitement des données personnelles

Dans le cadre de sa mission d'éducation aux médias et aux pratiques numériques, la rédaction de Fragil vous propose quatre documentaires pour aiguiser votre culture générale et vous donner quelques arguments de critiques de la gestion et de l'utilisation des données personnelles.

Quatre documentaires pour questionner le fonctionnement des réseaux sociaux et le traitement des données personnelles

18 Nov 2020

Dans le cadre de sa mission d'éducation aux médias et aux pratiques numériques, la rédaction de Fragil vous propose quatre documentaires pour aiguiser votre culture générale et vous donner quelques arguments de critiques de la gestion et de l'utilisation des données personnelles.

En tant qu’association dédiée à l’éducation aux médias, Fragil est en veille permanente sur les contenus ressources liés à la critique des médias et du numérique. Cette veille, nous la partageons plusieurs fois par semaine sur notre compte twitter dédié à l’éducation aux médias, mais aussi dans les pages de notre magazine avec des recommandations de lectures et de documentaires. Dans ce cadre, nous vous proposons aujourd’hui une sélection de quatre documentaires qui vous permettront d’initier une réflexion de critique du numérique.

Nothing to Hide : un argumentaire pour le droit à l’anonymat

Nothing To Hide est un documentaire franco-allemand de Marc Meillassoux et Mihaela Gladovic sorti en 2017. Financé en partie grâce à un financement participatif, le film est disponible en accès libre sur ce lien : Nothing To Hide. D’une durée d’1h26,  ce documentaire permet de mettre en perspective les différents arguments avancés par celles et ceux convaincus qu’ils n’ont « rien à cacher », et donc « rien à craindre » de l’exploitation de leur données personnelles. Une des séquences phares du film nous montre comment une équipe d’analyste a pu comprendre les habitudes de vie d’un cobaye volontaire en ne s’attachant qu’aux traces qu’il avait laissé sur le net.

Social Dilemma : l’algorithmie au cœur de la polarisation des débats

Social Dilemma (Derrière nos écrans de fumée dans sa traduction française) est un documentaire sorti en 2020 et disponible sur la plateforme Netflix. A travers des témoignages d’universitaires et d’anciens employés des principales sociétés de la Silicon Valley, le film met en évidence les stratégies utilisées par les géants du numériques pour exploiter les données personnelles tout en favorisant les comportement de dépendance et la polarisation de la société.

The Great Hack : marketing politique et ultra-ciblage publicitaire, la démocratie en danger

Sorti en 2018, The Great Hack permet de mieux comprendre le scandale Cambridge Analytica qui a été révélé la même année. Ce documentaire, réalisé par le couple Jehane Noujaim et Karim Amer, revient donc sur la méthodologie mise en oeuvre par l’entreprise anglaise pour exploiter les données de 87 millions d’utilisateurs Facebook dans le but de réaliser du marketing politique, notamment pour favoriser Trump lors des élections présidentielles américaines de 2016. En un peu moins de deux heures, ce film vous permettra de mieux comprendre les rouages de ce système s’appuyant sur une utilisation éthiquement critiquable, et dangereuse pour la démocratie, des données personnelles.

Citizenfour : surveiller tout le monde, tout le temps, une dérive totalitaire liée au numérique

Récompensé d’un BAFTA et de l’Oscar du meilleur documentaire en 2015, ce film de Laura Poitras documente sa rencontre avec Edward Snowden, le lanceur d’alerte ayant révélé en 2013 les pratiques de surveillance illégales de la NSA avec l’aide de géants du numérique. Accompagnée par le journaliste d’investigation Glenn Greenwald et Ewen MacAskill dans la médiatisation de l’affaire, Laura Poitras nous offre dans ce documentaire une place aux premières loges pour comprendre comment un ancien employé de la CIA, alors salarié d’un prestataire de l’agence de renseignement, a pu mettre à jour le plus gros scandale de surveillance de masse jamais révélé. Vous y retrouverez d’ailleurs de nombreuses séquences qui ont inspiré le très bon film « Snowden » réalisé par Oliver Stone en 2016.

Chargé de projets numériques et médiatiques chez Fragil depuis 2017, musicien, auteur, monteur... FX est un heureux touche-à-tout nantais. Il s'intéresse aux musiques saturées, à l'éducation aux médias, aux cultures alternatives et aux dystopies technologiques.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017