7 octobre 2020

Les Récréâtrales au Grand T : à la découverte des artistes africains

En cette rentrée, après quelques mois de fermeture, les structures culturelles ouvrent leurs portes à nouveau. Pour faire suite à l’article de Fragil du 15 juin, mettant en lumière la nouvelle « programmation rêvée » du Grand T 2020/2021, il s’agit maintenant de la faire vivre, d’aller la découvrir, puisque la salle de spectacle est de nouveau ouverte au public depuis le 23 septembre, dans le respect des règles sanitaires. Pour s’y projeter plus en détail, lors d’une conférence de presse le 22 septembre le Grand T nous a proposé un focus sur le festival Les Récréâtrales Nantes, événement remarquable de cette fin d’année.

Les Récréâtrales au Grand T : à la découverte des artistes africains

07 Oct 2020

En cette rentrée, après quelques mois de fermeture, les structures culturelles ouvrent leurs portes à nouveau. Pour faire suite à l’article de Fragil du 15 juin, mettant en lumière la nouvelle « programmation rêvée » du Grand T 2020/2021, il s’agit maintenant de la faire vivre, d’aller la découvrir, puisque la salle de spectacle est de nouveau ouverte au public depuis le 23 septembre, dans le respect des règles sanitaires. Pour s’y projeter plus en détail, lors d’une conférence de presse le 22 septembre le Grand T nous a proposé un focus sur le festival Les Récréâtrales Nantes, événement remarquable de cette fin d’année.

Pourquoi ce festival ?

A l’origine une impulsion forte via le ministère de l’Education Nationale lancée en 2017 pour faire découvrir l’Afrique. Cette saison Africa 2020, au travers des arts, la science et  la technologie, veut faire découvrir la société civile de différents pays d’Afrique. Elle met en lumière les femmes et la jeunesse, un mouvement d’émancipation globale.

Le Grand T, en partenariat avec le TU (Théâtre universitaire), s’est donc emparé du sujet, en s’associant au Festival « Les Récréâtrales Ouagadougou » au Burkina Faso qui a lieu du 24 octobre au 31 octobre.

En effet depuis 2002 ce festival, dirigé par Aristide Tarnagda, auteur et metteur en scène, a développé  un processus de création panafricain. Il s’articule autour de 3 étapes : recherche- formation, création-production et diffusion. Le pays possédant peu de structures culturelles, il se déroule en plein air dans un quartier populaire « Rue 9.32 ». Les habitants y participent activement, en prêtant leur cour pour y jouer les spectacles ; mais leur participation c’est aussi, l’accueil, la billetterie, les habilités techniques des citoyens.              

Il s’agit donc de transposer à Nantes ce festival à l’image de celui de Ouagadougou pour une durée de 3 ans.Il sera une invitation à regarder, comprendre le monde d’un point de vue africain sans tomber dans les clichés,et dans une posture d’ouverture et de compréhension mutuelle. Pour répondre à l’objectif de formation,l‘équipe technique du Grand T accueillera 7 jeunes stagiaires africains pour les former en tant que techniciens du spectacle.

Comment a été construite cette programmation ?

Penser, circuler, créer, palabrer, fêter au travers de la danse, du théâtre, de l’écriture, de la philosophie seront les maitres mots de ce festival .La gastronomie, la coiffure et la couture seront également présentes au cœur de ces 2 semaines, en y impliquant aussi des savoirs faire d’habitants du quartier de la Bottière en lien avec le Grand T. On y découvrira au travers des artistes de différents pays d’Afrique, un continent créatif, dynamique mais aussi conscient et résilient, habité par les valeurs citoyennes.

Quels seront les temps forts de cette programmation pluridisciplinaire ?

                       Du Théâtre

Ouverture du Festival avec  Incendios. Cette pièce créée par Wadji Mourad, sur l’histoire libanaise a été transposée par Victor de Oliveira sur l’histoire du Mozambique, son pays natal, avec des acteurs de ce pays. La portée universelle de cette pièce se révèle au travers de la quête des enfants d’une fratrie à la recherche de leurs frères et père dans tout le pays. La pièce est jouée en portugais, et sous-titrée en français

Du 30 novembre au 2 décembre  Grand T.

Que ta volonté soit Kin : Aristide Tarnagda met en scène la  pièce du Congolais Sinzo Aanza avec une troupe panafricaine. Au travers l’histoire de 2 squatters délogés par les gendarmes ce texte d’une langue poétique et créative nous immerge dans les rues bouillonnantes de Kinshasa. Ce spectacle a été crée aux Récréatrâles de Ouagadougou en 2018.

Les 8 au 9 décembre au Grand T.

    Des spectacles jeunes public

« Notre maison » : le centre d’art Ishyo de Kigali  au Rwanda dirigé par Carole Karemara développe depuis une dizaine d’années différents événements artistiques autour du théâtre, de la musique avec une orientation particulière autour de la mémoire et de l’espace public. « C ‘est quoi une maison ? » « Qu‘est ce que cela fait d’être forcé de la quitter pour aller vivre ailleurs ? ». Cette pièce  s’est construite en partenariat avec le Helios théâtre en Allemagne en s’appuyant sur une histoire commune au Rwanda pendant la deuxième guerre mondiale. Par le jeu, l’humour l’énergie, 6 artistes africains redonnent vie et sens aux habitants de ce pays.

Les 4 au 5 décembre Grand T.

 De la Danse   

« Mailles »sept femmes africaines, sublimées par les costumes sculptés chantent, dansent et clament les luttes, les conflits et parlent de la place des femmes. Dorothée Munyaneza musicienne et chorégraphe associée au théâtre de la Ville à Paris, née au Rwanda, n’a de cesse de saisir les mémoires individuelles et collectives pour mettre en lumière cette histoire .

A noter : atelier danse enfants  pendant le spectacle .

Les 4 et 5 décembre au Grand T.

      Des lectures et des rencontres 

A la découverte d’une œuvre majeure : Leonora Miano originaire du Cameroun, est une autrice très reconnue, ayant publié de nombreux ouvrages et obtenu entre autres prix, le Goncourt des lycéens en 2006. Avec « Ce qu’il faut dire » elle propose un texte qui interroge le présent des sociétés postcoloniales, et un rapport équitable entre les peuples. Nanyadji Kagra prête sa voix à ce texte visionnaire qui dessine un nouvel horizon.(5 dec ).

Un moment festif pour tous

Et si on se retrouvait comme à Ouaga ! Une rue africaine sera reconstituée au Grand T inspirée de la rue 9.32 lieu du Festival avec ses marchands, ses coiffeurs, ses couturiers. Ils ne seront  pas venus d’Afrique mais ce seront des habitants du quartier de la Bottière pour assurer la continuité de la collaboration instituée depuis 3 ans avec le Grand T. Une soirée musicale avec un DJ mozambiquais. Bien des surprises vous y attendent pour les petits et les grands.

Le 5 décembre au Grand T.

                   Voici donc quelques suggestions au sein de cette programmation éclectique, riche, plurielle, le résultat d’une belle collaboration entre acteurs culturels nantais et du continent Africain. Un événement incontournable pour découvrir la culture Africaine d’aujourd’hui  avec des artistes partageant les mêmes valeurs.

La culture et ses artistes ont  besoin de nous, nous avons besoin d’eux, malgré le contexte, osons aller  à la découverte d’un autre monde !

  

Infos pratiques.

Le Festival se déroulera du 1er au  11 décembre 2020

D’autres spectacles sont  à découvrir en allant sur les sites du Grand T et du TU.

 

 

 

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017