26 octobre 2020

“Ainsi soient-elles” Le collectif d’artistes qui sort des diktats

L’exposition “Ainsi soient-elles” s’est tenue du 1er au 13 septembre 2020 à la galerie Rive de Loire à Ancenis. Ce projet collectif d’artistes s’est donné pour objectif d’apporter un regard croisé sur le corps des femmes, partant du constat que les corps sortant du diktat “jeune et mince” ne sont pas assez représentés.

“Ainsi soient-elles” Le collectif d’artistes qui sort des diktats

26 Oct 2020

L’exposition “Ainsi soient-elles” s’est tenue du 1er au 13 septembre 2020 à la galerie Rive de Loire à Ancenis. Ce projet collectif d’artistes s’est donné pour objectif d’apporter un regard croisé sur le corps des femmes, partant du constat que les corps sortant du diktat “jeune et mince” ne sont pas assez représentés.

Le collectif a été fondé à l’initiative de Vincent Sarazin, photographe passionné depuis l’enfance. L’artiste ayant déjà beaucoup travaillé sur le corps des femmes, a sauté sur l’occasion de pouvoir créer une exposition pour la Maison Bonchamps à Varades en mai 2020, mais le confinement a repoussé celle-ci en 2021. L’idée lui est venue il y a une quinzaine d’années, lorsqu’il s’est rendu compte qu’en prenant le temps de faire des images, il est possible de faire de belles choses, quelque soit la morphologie.

Le photographe revendique la décomplexion

“A l’heure actuelle, il y a un retour en arrière selon moi, et j’avais un côté revendicateur. Il y a une collection de diktats que l’on peut montrer son corps seulement s’ils rentrent dans des critères académiques de la pub. Il y a 20 ans, c’était plus facile de montrer la (ou sa) nudité.  Le corps de la femme n’est jamais bien, car on a trop répété aux gens que le corps d’une femme doit être comme ci ou comme ça.”

Dans l’objectif d’avoir un regard pluriel, il a alors proposé le thème à différents artistes dont le travail lui paraissait complémentaire. Ayant trouvé dans un texte d’Emilie Helik Deschênes l’essence de son projet (à lire ici)

J’ai trouvé qu’il reprenait avec des mots exactement ce que je voulais dire. Quelle que soit la morphologie, le corps des femmes est beau.

Les artistes ont chacun interprété le sujet à leur façon avec leur sensibilité, et sans se concerter, ce qui apporte un regard croisé et complémentaire sur le sujet. Les techniques sont différentes également, du dessin, des sculptures, des photographies et un recueil de nouvelles écrit dans le cadre de l’exposition par l’auteure Céline Poullain et illustré par son mari Vincent Sarazin, invite à explorer l’émotion de 10 femmes par rapport à leur corps “parfois choyé, malmené, aimé, haï” peut-on lire en résumé. Ce livre paru aux éditions BoD est disponible sur demande chez votre libraire.

Vincent Sarazin sur le lieu de l’exposition

Des retours touchants

Les retours sont d’ailleurs très positifs, selon les artistes. Christine Boucard Le Page avait quelques réserves à montrer la série pour la première fois au public, mais est ravie de l’accueil que son œuvre a reçue.

“Je travaille le vivant depuis longtemps, en photographie et dessin. La représentation ou l’interprétation du corps que j’ai ne rentre pas forcément dans les cadres conformistes. “Lyne” est une série que j’ai faite il y a longtemps, lorsque j’habitais au Québec. L’œuvre répondait à l’attente de Vincent, qui voulait une représentation non conformiste du corps. Ce modèle m’a inspiré, avec une personnalité qui se dégageait. Le corps humain a toujours quelque chose d’émouvant. Lyne est un modèle qui est obèse, et j’ai représenté son corps comme ça, avec des angles que l’on ne voit pas forcément. J’avais quelques réserves à montrer un corps obèse, assis et en plus de dos, alors que l’obésité est souvent mal vécue. Il n’est également pas évident de montrer la nudité. J’ai été surprise de voir l’accueil positif du public. Cela m’encourage à poursuivre la démarche dans les prochaines expositions.” 

Crédit photo et oeuvre : Christine Boucard Le Page – Lyne, 061, sanguine s\papier d’après modèle vivant

 

L’exposition à la Maison Bonchamps n’est pas encore programmée, mais vous pouvez suivre leurs actualités sur leur page Facebook.

Retrouvez tous les artistes du collectif :

Aurore Besson : https://www.facebook.com/aurore.besson.sculpteure

Rémi Boudeperche : https://www.boudeperche.com/

Christine Boucard Le Page : https://christineboucard.blogspot.com/

Amélie Bucher : https://www.instagram.com/bucheramelie1/?hl=fr

Stéphanie Chauvat : https://stephaniechauvat.canalblog.com

Marie K. : http://marie-k.ovh/

Céline Poullain : https://www.facebook.com/celine.poullain.autrice

Vincent Sarazin : https://www.vincent-sarazin-photographe.fr

Baroudeuse à ses heures perdues, ce sont les rencontres qui l’animent. Son truc ? La photo et l’écriture, de formidables moyens d’expression et de créativité. Son baluchon se pose un instant à la rédaction, pour vous faire découvrir la diversité culturelle Nantaise.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017