25 février 2021

Décrypter les réseaux sociaux pour mieux guider les mineurs non accompagnés

Le 18 décembre 2020, Romane, animatrice de Fragil s'est rendue auprès des professionnel.le.s du service ASAMEH pour une journée de formation. En charge de l'accompagnement social de jeunes mineurs non accompagnés, les salariés étaient une dizaine à assister à cette journée dédiée aux réseaux sociaux.

Décrypter les réseaux sociaux pour mieux guider les mineurs non accompagnés

25 Fév 2021

Le 18 décembre 2020, Romane, animatrice de Fragil s'est rendue auprès des professionnel.le.s du service ASAMEH pour une journée de formation. En charge de l'accompagnement social de jeunes mineurs non accompagnés, les salariés étaient une dizaine à assister à cette journée dédiée aux réseaux sociaux.

En tant qu’éducateur, éducatrice spécialisé.e.s ou directrice de service, les professionnel.le.s de la structure ASAMEH ont répondu présent.e.s à cette journée de formation menée par l’association Fragil. Le groupe a fait appel à Fragil afin d’être plus à l’aise avec les pratiques des jeunes qu’ils encadrent dans leurs structures d’accueil. Organisée dans des bureaux partagés près de la Cité des Congrés de Nantes, la journée a débuté dans la bonne humeur et un enthousiasme partagé par l’ensemble des participant.e.s.

Réseaux sociaux et culture numérique : des niveaux hétérogènes

Avant de débuter le premier atelier de la journée, les participantes et participants partagent leurs usages des réseaux sociaux sous forme d’un tour de table. Dans une ambiance très détendue, chacun et chacune partage ses réseaux sociaux favoris, ou au contraire explique son absence volontaire de ces canaux de communication. Pour la plupart les indispensables restent Facebook et WhatsApp, bien qu’une à deux personnes soient également présentes sur Instagram. D’autres encore demeurent bien absents de ces réseaux, n’y voyant pas un grand intérêt.

Afin de partager les connaissances et les points de vue, l’animatrice propose de classer un ensemble de cartes sur lesquelles figurent les logos des principaux réseaux sociaux, mais aussi des « intrus ».

Les cartes utilisées pour discuter des réseaux sociaux

Cet atelier permet de jauger les connaissances de chacun et chacune concernant les réseaux sociaux mais aussi plus largement les navigateurs web et les moteurs de recherche. Ce moment permet à l’ensemble des participant.e.s d’échanger leurs connaissances et de nourrir leurs réflexions sur leurs usages personnels.

Pour conclure ce temps de réflexion, l’animatrice propose un panorama des principaux réseaux sociaux sous forme de diaporama (voir en bas de l’article). L’idée étant d’avoir quelques chiffres en tête et de découvrir des réseaux sociaux peu utilisés par le groupe, tel que TikTok.

 

Extrait de la présentation sur Instagram

Toujours dans la bonne humeur et dans la bienveillance, la matinée se termine avec un quiz dédié à la culture numérique. Séparé en équipes de 3 à 4 personnes, le groupe a joué le jeu pendant plus d’une heure. Un groupe se démarque et gagne la partie, bien que tous et toutes aient acquis de nouvelles connaissances. La plupart retient notamment la définition du serveur web et le fonctionnement économique des médias. Toutes les questions et les réponses sont à retrouver dans la présentation intégrée à la fin de cet article.

La matinée se termine dans une convivialité très appréciable, le groupe est resté dynamique tout au long de la matinée ce qui a permis d’aborder divers sujets et retours d’expériences plus personnelles. Beaucoup se sentent déjà plus à l’aise à parler de ces sujets avec les jeunes qu’ils et elles accompagnent.

Un temps dédié à la réflexion commune

L’après midi était scindée en deux temps distincts. Dans un premier temps le groupe a pu suivre un atelier dédié à l’empreinte numérique et à l’e-réputation, puis la journée s’est terminée avec un temps consacré à une réflexion commune.

Pour conclure sur le thème des réseaux sociaux, l’animatrice propose aux participantes et participants un atelier de décryptage d’une publication Instagram. Cet atelier est régulièrement proposé par l’association Fragil afin de définir ce que représentent l’e-réputation, l’empreinte numérique et l’identité numérique. A partir d’une publication Instagram, le groupe doit lister ce qu’il apprend de la personne qui a posté cette image. Après une bonne dizaine de minutes d’observation, une liste importante de données figure sur le tableau.

A la fin de cet atelier, les participantes et participants trouvent ce schéma qui leur permet de mieux comprendre ce qui se cache derrière ces trois termes. L’atelier provoque chez certain.e.s la surprise de pouvoir récolter autant d’informations à partir d’une seule photo publiée, pour d’autres cela amène des questions sur l’utilisation de ces données par les réseaux sociaux et autres géants du net (Gafam).

La journée de formation se termine par un temps dédié à l’étude de cas concrets. Par petits groupes, les professionnel.le.s doivent répondre à plusieurs questions suite à la lecture d’un cas particulier.

Exemple :

Un jeune vous montre une vidéo qu’il a prise pendant un cours. La
personne prise en vidéo ne semble pas être avertie de cet
enregistrement. Il vous explique que ça lui permet de mieux comprendre
les cours.
Quel(s) problèmes cette situation provoque ?
En tant que professionnel.le, quel est votre objectif face à ce problème ?
Que pouvez vous mettre en place pour atteindre cet objectif ?
Que vous manque-t-il ?

Les quatre groupes ont des scénarios différents qui correspondent à des situations proches de celles vécues lors de leurs activités professionnelles. Cet exercice permet à chaque groupe de prendre un temps de réflexion et de discussion, moment apprécié qu’ils n’ont pas forcément l’occasion de prendre hors temps de formation.

Le bilan de cette journée est très positif, les professionnel.le.s témoignent de leur enthousiasme suite à cette formation. La plupart repart avec de nouvelles connaissances et de nouvelles idées (ateliers, discussions…) à mettre en place auprès des jeunes. Tout au long de la journée un paperboard est resté à disposition pour partager des contenus traitant des sujets abordés, il en ressort une liste de cinq recommandations.

Suite à cette journée de formation, l’animatrice de Fragil a animé un atelier sur les réseaux sociaux auprès des jeunes mineurs non accompagnés présents dans la structure ASAMEH.

Présentation Google Slide de la journée de formation :

 

 

Curieuse de tout et surtout de l'info, Romane (se) pose beaucoup de questions. Salariée de Fragil, elle écrit sur l'éducation aux médias et la musique actuelle !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017