28 septembre 2021

Une journée pour découvrir des outils d’éducation aux médias à Lorient

Le lundi 27 septembre, l'association Fragil s'est rendue à Lorient afin d'animer une journée de formation autour de différentes pratiques liées à l'éducation aux médias auprès des salariées de l'association CICODES. Retour sur les moments forts de cette journée.

Une journée pour découvrir des outils d’éducation aux médias à Lorient

28 Sep 2021

Le lundi 27 septembre, l'association Fragil s'est rendue à Lorient afin d'animer une journée de formation autour de différentes pratiques liées à l'éducation aux médias auprès des salariées de l'association CICODES. Retour sur les moments forts de cette journée.

« Découvrir des outils d’éducation aux médias s’appuyant sur des outils d’éducation populaire ». C’est la demande que les trois participantes ont verbalisé lors du lancement de cette journée de formation animée par Fragil au début de l’automne. Réunies au sein de la maison des association Salvador Allende à Lorient, les salariées de l’association quimperoise d’éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale ont pu profiter de l’expérience de Fragil pour explorer pendant quelques heures trois thématiques liées à la critique des médias.

Mieux comprendre le monde numérique

Dédiée aux réseaux sociaux et à l’empreinte numérique, la matinée s’est construite autour de différents ateliers. S’appuyant sur un jeu de classement de cartes imprimées, les participantes ont pu échanger sur leurs connaissances et préjugés liés aux réseaux sociaux, affinant ainsi leurs regards sur les différentes plateformes. Elles ont ensuite participé à un quiz de culture numérique, dans une ambiance compétitive mais bienveillante, où chaque question était un support à la discussion pour approfondir certaines notions parfois mal maitrisées malgré une bonne connaissance générale du monde numérique. Ainsi, des questions telles que « qu’est-ce qu’internet, si vous deviez l’expliquer simplement ? », « quelles sont les différences entre web et internet ? » ont provoqué quelques vertiges. La conclusion de cette première demi-journée s’est articulée autour d’un jeu permettant d’explorer à la fois la récolte de données à des fins commerciales ainsi que les notions d’empreinte numérique, d’identité numérique et de e-réputation.

Les trois stagiaires échangent autour des réseaux sociaux.

Accompagner la réflexion autour du cyber-harcèlement

Après le repas, les trois stagiaires ont été invitées à s’interroger sur les contours d’une définition du cyber-harcèlement. En manipulant et classant des étiquettes qu’elles pouvait librement associer au harcèlement et cyber-harcèlement, elles ont pu découvrir un outil qui permet la discussion en petits groupes autour d’un sujet qui peut être difficile à évoquer. L’animateur de la journée a ensuite proposé aux participantes d’échanger autour de phrases clivantes dédiées à l’organisation de débats mouvants avec des groupes de tous âges : « Il vaut mieux faire attention à ce que l’on dit et fait en ligne pour ne pas se faire cyber-harceler », « Il faudrait surveiller les personnes victimes afin qu’elles ne deviennent pas harceleuses à leur tour », « En fonction de la victime, certains cas de cyber-harcèlement sont excusables ». Destinées à déclencher le débat, ces affirmations ont été largement commentées, montrant leur efficacité à créer de la critique, notamment autour de la notion de culpabilisation de la victime. Ce temps dédié au cyber-harcèlement s’est terminé sur une présentation d’études de cas permettant de travailler en petits groupes et à la présentation de supports vidéos, notamment un témoignage de Marion Séclin et une séquence réalisée par Rose Carpet, permettant de déclencher des discussions sur le sujet.

Des outils pour travailler les questions de discriminations dans les médias

La dernière thématique de la journée à être évoquée a été celle de la discrimination dans les médias. Pour débuter ce temps, les trois salariées de Cicodes ont participé au jeu du « pas en avant » dédié au sujet. Après avoir reçu une fiche de rôle grâce à laquelle chacune des participantes pouvait se mettre dans la peau d’une autre personne, elles ont été invitées à se placer sur une ligne de départ. Avançant d’un pas dès qu’elles pensaient que leur personnage était d’accord avec des affirmations énoncées par l’animateur, telles que « J’ai les moyens d’acheter un journal tous les jours », »Le type d’endroit dans lequel je vis est rarement évoqué de manière péjorative dans les médias », « Je me reconnais physiquement dans un grand nombre de publicités », les stagiaires ont pu prendre conscience des différents obstacles à l’accès aux médias pour certaines populations les plus pauvres, ou encore du manque de représentation des minorités dans les médias. La journée s’est conclue sur quelques débats autour d’éléments tirés de la presse, de la publicité et d’émissions de divertissement. Et même si les participantes étaient déjà sensibilisées aux discriminations présentes dans les médias, elles n’ont pas manqué d’être surprises par les caractères sexistes, grossophobes et racistes des certaines séquences.

Une journée utile et riche en échanges

Au terme de cette journée, les trois animatrices de Cicodes ont exprimé leur satisfaction d’avoir pu découvrir et expérimenter « des outils réutilisables en ateliers » auprès de leurs différents publics. Elle pourront ainsi compléter leurs ateliers promouvant la justice sociale, la solidarité entre les peuples, territoires, groupes sociaux, et le respect des droits humains en les agrémentant de réflexions plus approfondies sur les médias et leur fonctionnement.

Chargé de projets numériques et médiatiques chez Fragil depuis 2017, musicien, auteur, monteur... FX est un heureux touche-à-tout nantais. Il s'intéresse aux musiques saturées, à l'éducation aux médias, aux cultures alternatives et aux dystopies technologiques.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017