29 novembre 2021

Les « Reporters du Château des Ducs » accompagnés pour enquêter autour de l’exposition « L’abîme »

Pendant trois après-midis de Novembre, un groupe d'ados a été accompagné par Fragil dans la réalisation de reportages autour de l'exposition "L'abîme" au Château des Ducs de Bretagne. Retour sur ces ateliers de découverte du journalisme.

Les « Reporters du Château des Ducs » accompagnés pour enquêter autour de l’exposition « L’abîme »

29 Nov 2021

Pendant trois après-midis de Novembre, un groupe d'ados a été accompagné par Fragil dans la réalisation de reportages autour de l'exposition "L'abîme" au Château des Ducs de Bretagne. Retour sur ces ateliers de découverte du journalisme.

Pour la seconde année consécutive, le château des Ducs de Bretagne a accueilli quelques élèves du collège Rosa Parks encadrés par  l’association Les 2 Rives. Accompagnés par l’association Fragil et la radio Jet FM, les jeunes ont pu s’initier, ou se perfectionner pour certaines qui avaient participé à la première édition, au journalisme. Fragil a été sollicitée pour superviser la création de reportages autour de l’exposition « L’abîme », qui détaille la place de Nantes dans la traite atlantique et de l’esclavage colonial. Ces reportages ont été réalisés pour un compte instagram dédié (@reportersduchateaudesducs) durant trois mercredis après-midis du mois de novembre. La radio Jet FM est quant à elle intervenue pour créer une fiction sonore dédiée à ce projet.

Le compte instagram des Reporters du Château des Ducs

Un projet qui fédère

Sur le groupe de six ados accompagnés pendant ces après-midis d’automne, la moitié a participé à la création du compte @reportersduchateaudesducs et à la publication des trois premiers reportages durant l’automne 2020. C’est avec une motivation intacte que ces trois jeunes filles ont intégré à leur équipe Amine, Ikraam et Mar-welle pour cette nouvelle série de reportage au château.

Les jeunes journalistes en pleine séance d’écriture de leurs articles. (photo : Fragil)

Trois après-midis pour produire quatre reportages

Afin de poursuivre le projet, les jeunes reporters ont étés accompagnés pendant trois temps distincts. Le premier après-midi a été dédié au choix des sujets (sur quoi veut-on enquêter ?), à la définition des angles (que veut-on savoir ?), des sources potentielles (qui doit-on interroger ?) et des questions à poser (comment obtenir l’information ?). Ils et elles ont pu partir en reportage au sein de l’exposition, interviewer des visiteurs, des visiteuses, des médiatrices culturelles et prendre des photos.

Les reporters en visite au Mémorial de l’abolition de l’esclavage (photo : Pauline Maréchal)

C’est au Mémorial de l’abolition de l’esclavage de Nantes que le rendez-vous a été donné au groupe le deuxième après-midi. Lors d’une déambulation allant du Mémorial au château, les jeunes ont pu apprécier les explications d’Elodie, médiatrice culturelle du Château des Ducs, pour mieux comprendre comment la traite transatlantique a marqué Nantes.

La visite du mémorial « intéressante » et « impressionnante » selon les jeunes journalistes. (photo : Pauline Maréchal)

Le dernier mercredi après-midi s’est articulé autour de la rédaction et de la publication des reportages. Malgré quelques difficultés techniques liées au système de sécurité d’instagram, qui a bloqué temporairement le compte à cause des connexions simultanées sur différents smartphones, chaque reportage a pu être publié en temps et en heure dans un sentiment de satisfaction générale.

Amine accompagné dans l’écriture de son article par Julia, bénévole de Fragil. (photo : Alison – Les Deux Rives)

Une satisfaction qui se traduit, notamment, par la volonté partagée par les participantes et le participant de continuer à travailler ensemble sur un média centré sur le quartier des Dervallières. À suivre !

 

Chargé de projets numériques et médiatiques chez Fragil depuis 2017, musicien, auteur, monteur... FX est un heureux touche-à-tout nantais. Il s'intéresse aux musiques saturées, à l'éducation aux médias, aux cultures alternatives et aux dystopies technologiques.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017