25 juin 2023

Une semaine autour des discriminations au collège la Perverie

Du 12 au 16 décembre, l'association Fragil est intervenue auprès d'une classe de 5ème du collège La Perverie afin de mener une action autour des discriminations dans les médias. Retour sur cinq jours riches en questionnements et enseignements.

Une semaine autour des discriminations au collège la Perverie

25 Juin 2023

Du 12 au 16 décembre, l'association Fragil est intervenue auprès d'une classe de 5ème du collège La Perverie afin de mener une action autour des discriminations dans les médias. Retour sur cinq jours riches en questionnements et enseignements.

Pour la deuxième année consécutive, le collège de la Perverie a sollicité Fragil pour animer une semaine d’éducation aux médias auprès d’une classe de 5ème. À raison de deux heures par jour, différents thèmes ont été abordés lors des différents ateliers mis en place par l’animateur de l’association Fragil.

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Cinq séances variées

Après un temps de présentation et d’interconnaissance, la semaine a débuté par une séance exclusivement consacrée aux différentes formes de discriminations. En se basant sur des phrases reflétant plusieurs situations (« les femmes en savent pas conduire », « je ne vais pas aller manger chez mon ami chinois car je n’ai pas envie de manger du riz », « un magasin ouvert le samedi n’embauche pas de personnes juives »), il s’agissait pour les élèves de faire la différence entre stéréotypes (banalité, idée réductive), préjugés (jugement s’appuyant sur des stéréotypes), et discriminations (traitement défavorable selon des conditions définies par la loi). Dans le cadre d’un atelier nommé « le pas en avant », ils et elles ont ensuite été invitées à endosser des rôles issus de différentes catégories sociales afin de mesurer leur présence positive ou négative dans les médias.

La deuxième séance était consacrée à une initiation au journalisme. Après avoir rappelé les missions des journalistes, les élèves ont découvert le « qui, quoi, où, quand, comment, pourquoi », puis l’ont appliqué à travers un exercice d’écriture journalistique. Lors de cette séance, les techniques d’interview ont également été abordées afin qu’ils et elles soient bien formées avant la suite. Les adolescents et adolescentes se sont ensuite répartis en groupe pour choisir le sujet de leur futur article.

Car, lors de la troisième séance, les élèves ont dû préparer un questionnaire et interviewer les personnes les plus à même de leur donner réponses à leurs questions. Que ce soit des membres de l’administration, du corps professoral ou des élèves, l’ensemble de la communauté éducative s’est facilement prêtée au jeu de l’interview. Les élèves ont ainsi pu recueillir les témoignages nécessaires à l’écriture de leur article.

Écriture pour laquelle la quatrième séance était dédiée. Par groupe, il a fallu écouter toutes les interviews, en tirer les phrases utiles à la rédaction, préparer un plan de l’article et rédiger. Les articles étaient destinés à être exposés lors des portes ouvertes de l’établissement prévues quelques semaines plus tard.

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Pour finir cette semaine, les élèves, toujours répartis en groupe, ont eu pour mission de réaliser une affiche de prévention pour lutter contre les discriminations, les préjugés et les stéréotypes. Après une rapide présentation des différents types d’affiche (prévention, commerciale et événementielle) et de leurs codes, ils et elles se sont concentrées sur leur concept, leur slogan et leur image.

Une adhésion unanime

Tout au long de cette semaine, les élèves ont fait preuve d’un réel intérêt pour les thèmes abordés et ont accueilli les découvertes avec énormément de curiosité. Sur les bilans remplis par les élèves, on peut lire que l’un d’eux à particulièrement aimé « entrer dans la peau d’un journaliste« . Une autre ajoute : « j’ai adoré car on faisait des activités variées« . Un dernier précise : « J’ai beaucoup aimé quand on a appris la différence entre stéréotypes, préjugés et discriminations« . Mission accomplie donc !

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Par ailleurs, la qualité des articles ainsi que la créativité de certaines affiches ont fini de démontrer à quel point il était important de transmettre ces différentes notions à ces jeunes adolescents et adolescentes qui grandissent dans un environnement souvent peu propice à la réflexion autour de notions telles que les discriminations. De plus, l’acquisition des techniques journalistiques notamment autour de l’interview ont permis de favoriser la prise de parole en public et la confiance en soi.

Pour finir, le fait de suivre un groupe pendant toute une semaine permet de prendre son temps et de suivre l’évolution des acquis sur plusieurs jours.

 

 

Réalisateur de formation, Merwann s’intéresse à la musique, à la littérature, à la photographie, aux arts en général. De juillet 2017 à juillet 2023, il a été rédacteur en chef du magazine Fragil et coordinateur de l'association.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017