«Ose ton futur» : Anne-Sophie Maure de Lima a réussi grâce à un « travail acharné »

Rien ne prédestinait Anne-Sophie Maure de Lima à devenir l’une des directrices du CHU de Nantes. C’est l’école de la République qui lui a permis de s’élever au dessus de la condition modeste de ses parents. Aujourd’hui, elle revendique son parcours pour en faire un exemple. Elle est la trésorière d’une association qui fait la promotion de l’excellence en Pays de la Loire et qui organise son 1er évènement à Nantes le 26 février, «Ose ton futur».

11 Fév 2022

A 30 ans, Anne-Sophie est la fierté de ses parents : une mère portugaise aujourd’hui secrétaire, arrivée en France à l’âge de 5 ans et un père portugais qui a commencé comme ouvrier dans le bâtiment et qui a gravi les échelons pour devenir chef de chantier.

«Mes parents n’ont pas fait de grandes études et ils ne m’ont pas particulièrement aidé à faire mes devoirs d’école» nous confie Anne-Sophie Maure de Lima, l’actuelle directrice des usagers, des services aux patients et des partenariats innovants du CHU de Nantes, un poste qui gère le «service après-vente» de l’hôpital comme elle l’explique avec un sourire amusé.

L’envie de réussir

  «En revanche, ils m’ont toujours soutenu et motivé dans mes choix. Ils m’ont appris à m’en sortir par moi-même». Et ça lui a plutôt réussi. Sciences Po Grenoble, une prépa à l’ENA et l’entrée sur concours à l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique de Rennes. Un parcours sans faute mais la bonne élève reste modeste.

«Dans ma promotion, je n’étais pas la seule à partager cette histoire» avoue-t-elle avant d’ajouter : «Certes, il y avait beaucoup de fils de médecins et de directeurs d’hôpitaux. Mais j’ai rencontré des élèves comme moi qui avaient réussi grâce à leur travail acharné».

Anne Sophie Maure de Lima interviendra à Audencia le 26 février pour présenter les métiers de la santé

De bons mentors, ça aide

Croire en ses chances, avoir la volonté d’y arriver et bénéficier de bons modèles à suivre, de bons mentors. Telles sont les clés du succès pour Anne Sophie qui tient à garder ses origines portugaises en associant le nom de ses parents à celui de son mari.

La jeune directrice d’hôpital n’a bénéficié d’aucune aide particulière pour intégrer la prestigieuse école de Rennes. Ni bourse, ni discrimination positive. Elle est simplement le fruit d’une évolution du concours d’entrée de ces grandes écoles de la haute fonction publique. Le grand oral facilite le recrutement de profils comme le sien en misant davantage sur les motivations professionnelles et la personnalité.

«Au cours de mes études, j’ai rencontré des maîtres de stage qui ont été de bons mentors» reconnaît-elle. «J’ai su les écouter et cela m’a fait progresser».

«Impose ta chance»

Aujourd’hui, Anne Sophie Maure de Lima a envie de montrer que c’est possible d’accéder à des responsabilités sans avoir forcément les codes et le carnet d’adresse. Elle s’est engagée comme trésorière de l’association Excellence Pays de la Loire créée en mai 2021 et elle interviendra le 26 février à Audencia pour dire haut et fort «Ose ton futur».
Pour participer à l’évènement, il faut s’inscrire ici.

Et de citer une phrase de René Char : «Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront»

Quand on a été journaliste pendant plus de 30 ans à France 3, que l'on s'est enrichi de belles rencontres et de découvertes, on a envie de continuer à partager sa curiosité et son ouverture d'esprit avec d'autres. En travaillant bénévolement à Fragil, on peut continuer à se cultiver en toute liberté. Ca donne du sens à un retraité devenu journaliste honoraire.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017