22 février 2022

Fiers et tremblants : un pont entre le rap et la chanson française. À voir à la Bouche d’Air le 8 mars

Fiers et tremblants, c’est la rencontre de 2 artistes «gonflés de mots», 2 poètes qui veulent donner de la voix «aux oubliés, aux précaires aux perdants». Un concert original qui se tiendra le 8 mars salle Paul Fort à 20h30.

Fiers et tremblants : un pont entre le rap et la chanson française. À voir à la Bouche d’Air le 8 mars

22 Fév 2022

Fiers et tremblants, c’est la rencontre de 2 artistes «gonflés de mots», 2 poètes qui veulent donner de la voix «aux oubliés, aux précaires aux perdants». Un concert original qui se tiendra le 8 mars salle Paul Fort à 20h30.

C’est en 2010 qu’ils se rencontrent pour la 1ère fois. Ils viennent donner un concert au Bataclan pour soutenir le journal L’Humanité. Et aujourd’hui, ils sortent un disque en commun : Fiers et tremblants.
Fiers de leurs origines ouvrières, de leur parcours, de leur attirance pour la poésie. Et tremblants parce que fragiles, vulnérables, pleins de doute.
Loïc vient d’Armentières dans le Nord, Marc est né à Beyrouth mais a grandi à Saint-Claude dans les Vosges. Tous deux se définissent comme des humanistes, prêts à défendre les petits contre les grands, «les gens qui doutent», les héros ordinaires, «ceux qui bossent sans gloire», «les vaincus qui inventent l’espoir» comme ils disent dans leurs chansons.

Artistes engagés mais pas militants

«Avec Loïc, nous regardons le monde du même belvédère» affirme Marc Nammour qui se définit comme un «artiviste» autrement dit un artiste engagé mais pas au point de mener des combats politiques.
«Mon lieu de lutte, il est sur les planches» précise-t-il. «C’est là que je me sens le plus légitime pour me faire l’écho des travailleurs et des militants».

N’allez pas dire non plus à Loïc Lantoine qu’il est un chanteur engagé. Un diseur alors ? Un conteur ? Un slameur ? Un improvisateur ? Non, il est inclassable. Il chante «des chansons sans chanter». C’est en tout cas ce qu’il revendique dans Badaboum. Et c’est ce qui le rapproche du rap de Marc.

 

Loïc Lantoine, le chanteur qui ne chante pas, et Marc Nammour, le rappeur un peu canaille

La rime et l’insolence

Le choix des mots, l’art de la rime, les mots scandés, le flot, l’émotion, l’insolence, l’expérimentation. Voilà ce qu’ils ont en commun ces deux là.
«Pour moi le rap, c’est un besoin vital» confie Marc Nammour. «C’est un rempart contre la bêtise». Et d’ajouter «Nos chansons n’ont pas vocation à changer le monde. Elles sont juste un contre-pouvoir dans une société dominé par l’argent».

Pas de slogans ni d’appels à manifester dans leurs chansons donc mais un cri du cœur, une envie d’un monde plus juste et un goût immodéré pour la poésie avec pour Loïc «un côté punk», «un vieux démon qui démonte le monde».

C’est à voir à la Bouche d’Air le 8 mars à 20h30.

Quand on a été journaliste pendant plus de 30 ans à France 3, que l'on s'est enrichi de belles rencontres et de découvertes, on a envie de continuer à partager sa curiosité et son ouverture d'esprit avec d'autres. En travaillant bénévolement à Fragil, on peut continuer à se cultiver en toute liberté. Ca donne du sens à un retraité devenu journaliste honoraire.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017