10 mars 2022

Les volontaires de l’AFEV confrontent leurs connaissances politiques à l’aide d’un atelier d’éducation aux médias

Depuis plus d'un an, Fragil est régulièrement sollicitée par l'AFEV de Nantes pour mener des ateliers d'éducation aux médias en direction des volontaires en service civique de l'association. Le 15 février dernier, un atelier de 4 heures a été proposé au jeunes public, un temps d'échange autour des liens entre politique et médias.

Les volontaires de l’AFEV confrontent leurs connaissances politiques à l’aide d’un atelier d’éducation aux médias

10 Mar 2022

Depuis plus d'un an, Fragil est régulièrement sollicitée par l'AFEV de Nantes pour mener des ateliers d'éducation aux médias en direction des volontaires en service civique de l'association. Le 15 février dernier, un atelier de 4 heures a été proposé au jeunes public, un temps d'échange autour des liens entre politique et médias.

Réunie dans une des salles de classe du Média Campus de Nantes, la dizaine de volontaires de l’AFEV a entamé cette journée de formation avec curiosité et détente. L’animatrice de Fragil lance la journée par un rapide tour de table, chacun.e devait dire son prénom ainsi que son rôle au sein de l’AFEV. Beaucoup d’entre eux et elles se connaissent déjà, la plupart travaillant en binôme sur des missions d’accompagnement scolaire.

La matinée a débuté par un premier temps individuel où l’ensemble des participant.e.s devait répondre à un questionnaire de connaissance politique. Qu’est ce que la droite et la gauche pour vous ? Qui peut faire de la politique ? La politique, à quoi ça sert ? Autant de questions auxquelles devaient répondre les volontaires, avec leurs idées et leur propre niveau de connaissance. Ce court questionnaire est de nouveau proposé à la fin de la journée, ce qui permet à l’animatrice de comparer les réponses une fois l’atelier passé.

Groupe des volontaires en service civique de l’AFEV en début d’atelier

Articulé autour des deux axes, « politique » et « médias », l’atelier créé par Fragil permet de réfléchir aux liens existants entre ces deux entités. La journée débute par une définition commune de la politique via un débat mouvant puis une réflexion plus approfondie sur les valeurs de « droite » et de « gauche » en France. L’après-midi se concentre plus sur les médias, en tant que support de diffusion d’informations. Les volontaires participent avec plus ou moins d’enthousiasme à cette suite d’ateliers, « je ne m’intéresse pas vraiment à la politique » confie une des participantes. La journée se termine par un dernier atelier de classement de « unes » de médias papiers. Séparé.e.s en deux groupes, les volontaires devaient analyser les médias proposés par l’animatrice de Fragil et les classer par la suite « de gauche à droite » selon l’orientation politique présumée de la une.

Tableau récapitulatif des recettes et dépenses des médias proposés suite à une réflexion des volontaires.

Cet atelier d’initiation à la politique à travers les médias français se conclu par quelques échanges entre volontaires, notamment suite au jeu sur le classement des « unes ». Pour beaucoup l’orientation politique d’un média est plutôt « clair », notamment grâce à la réputation du média ainsi que l’analyse du traitement des informations principales.

Un groupe de volontaire en train de classer les « unes » selon leurs orientations politiques

Après 4 heures d’ateliers, les volontaires de l’AFEV témoignent de leurs ressentis à travers un second questionnaire, agrémenté d’une question critique sur l’atelier lui même. Pour la plupart d’entre eux et elles l’atelier était « très intéressant » et à permis à certain.e.s de « mieux connaitre la droite et la gauche en vue de la présidentielle ». Il est également question pour beaucoup d’une meilleure compréhension de l’influence réciproque entre politique et médias, « l’information est le pouvoir » conclu un des volontaires.

Curieuse de tout et surtout de l'info, Romane (se) pose beaucoup de questions. Salariée de Fragil, elle écrit sur l'éducation aux médias et la musique actuelle !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017