17 mars 2022

Les promeneurs du net de Mayenne se retrouvent à Nantes pour décrypter les fake news et les réseaux sociaux

Le 25 février 2022, l'association Fragil a mené une journée d'ateliers en direction des Promeneurs du Net de Mayenne, venus à Nantes pour l'occasion. Les 7 professionnel.le.s jeunesses se sont retrouvé.e.s pour une journée consacrée aux fake news et aux réseaux sociaux.

Les promeneurs du net de Mayenne se retrouvent à Nantes pour décrypter les fake news et les réseaux sociaux

17 Mar 2022

Le 25 février 2022, l'association Fragil a mené une journée d'ateliers en direction des Promeneurs du Net de Mayenne, venus à Nantes pour l'occasion. Les 7 professionnel.le.s jeunesses se sont retrouvé.e.s pour une journée consacrée aux fake news et aux réseaux sociaux.

C’est après plus de deux heures de route que le petit groupe venu de Mayenne est accueilli dans les locaux de Fragil dans le quartier des Dervallières de Nantes. Les « Promeneurs Du Net« , ou PDN, sont des professionnel.le.s jeunesses qui ont pour mission de créer du lien en ligne avec les jeunes de manière locale. L’ensemble du groupe a souhaité assister à cette journée de formation chez Fragil afin de développer de nouvelles compétences en matière d’éducation aux médias, mais également partager leurs différents expériences professionnelles.

A la recherche d’outils de vérification

Dans une ambiance de retrouvaille et de temps « off », les PDN ont débuté leur journée de formation par un temps de définition du rôle d’un.e journaliste. Par deux ou trois, chaque groupe devait trouver au moins 2 ou 3 « choses » que devait faire un.e journaliste et à l’inverse, 2 ou 3 choses qu’il ou elle ne devait pas faire.

Tableau récapitulatif des devoirs du journaliste

Ce premier atelier a permis d’entamer une discussion sur le rôle des journalistes en France, leurs pratiques sur différents supports, de la télé aux réseaux sociaux. Le groupe s’accorde à dire que le journaliste a un rôle essentiel dans la société, en tant que porteur de paroles et de témoignages inédits. Pour beaucoup le rôle de journaliste se limite à l’opinion, qu’il ou elle doit garder pour lui ou elle, c’est l’occasion pour l’animatrice de Fragil d’évoquer les médias d’opinion français.

La matinée s’est poursuit par un atelier sur les fake news. Le groupe a particulièrement d’attente et de curiosité concernant cette thématique, beaucoup des jeunes qu’ielles croisent étant très souvent confronté.e.s aux intox. A l’aide d’un atelier « autour du mot », les participantes et participants ont pu émettre une définition en commun des « fake news ». Un temps de discussion permet par la suite de détailler le mot « fake » qui se traduit par « contrefaçon » et non « faux », l’animatrice de Fragil souligne donc le côté volontaire de la création d’une fake news, à différencier d’une erreur ou coquille journalistique.

Tableau de l’atelier « autour du mot »

La matinée se termine par un apport plus théorique de la part de l’animatrice de Fragil. A l’aide de quelques présentations projetées face au groupe, la salariée conseille les profesionel.lle.s jeunesse sur des outils de vérification de l’information. Croiser les sources, vérifier la date de publication d’un article, regarder les mentions légales et contacts d’un site sont autant d’exemples proposés pour ne pas tomber dans le piège d’une information manipulée. Ce temps permet également d’évoquer la méthode de recherche par image inversée via Google Image ou Tineye, permettant de retrouver l’origine d’une photo et ses détournements.

Culture web et meme : entre découvertes et amusement

L’après midi était consacrée aux échanges de connaissances sur la culture web, les réseaux sociaux et la création de meme. L’animatrice de Fragil a donc proposé un quiz par équipe de deux ou trois. Cette grosse demi-heure de jeu a permis à tous et toutes d’échanger leurs connaissances sur un certain langage numérique, notamment lors des définitions de serveur web et de câbles sous-marin de télécommunication. Le quiz a également mis en lumière le fonctionnement économique des réseaux sociaux avec le captage et l’utilisation des données personnelles par les plateformes sociales afin de les vendre à des annonceurs privés.

Le groupe de PDN dans le bureau de Fragil

Un deuxième atelier sur le fonctionnement des réseaux sociaux a permis à l’ensemble du groupe de se mettre dans la peau de l’algorithme d’Instagram. Le jeu, développé par Fragil, sur l’empreinte numérique permet  de déterminer un profil d’utilisatrice uniquement à partir de quelques éléments de son compte Instagram. Cet atelier a particulièrement plu au public du jour, permettant assez facilement de visionner le nombre de données personnelles confiées à Instagram et donc à de potentiels annonceurs.

La journée s’est terminée avec la découverte ou pour certain.e redécouverte des memes. Ce format, propre à internet, peut se définir comme un élément repris, détourné et partagé en masse sur le web. Après visionnage de plusieurs meme humoristique, les participantes et participants ont été amené.e.s à produire leurs propres images détournées. Avec un certain enthousiasme, le groupe s’est prêté au jeu et a pu produire quelques meme, illustrant notamment leur vie professionnelle.

 

Curieuse de tout et surtout de l'info, Romane (se) pose beaucoup de questions. Salariée de Fragil, elle écrit sur l'éducation aux médias et la musique actuelle !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017