30 mai 2022

« L’autonomie », un atout pour le projet mené par des secondes du lycée des Bourdonnières

Pendant cinq semaines, une classe de seconde professionnelle du lycée de Bourdonnières de Nantes a suivi une série d'ateliers animés par Fragil. En classe entière, les élèves ont pu créer sur Instagram "lahaine.44", un média collaboratif pour lutter contre la haine en ligne.

« L’autonomie », un atout pour le projet mené par des secondes du lycée des Bourdonnières

30 Mai 2022

Pendant cinq semaines, une classe de seconde professionnelle du lycée de Bourdonnières de Nantes a suivi une série d'ateliers animés par Fragil. En classe entière, les élèves ont pu créer sur Instagram "lahaine.44", un média collaboratif pour lutter contre la haine en ligne.

Entre février et mars 2022, l’animatrice de Fragil s’est rendue dans la classe de Seconde de Mme Gicquel, professeure d’éco-gestion-logistique. Proposée par Fragil, la série d’ateliers avait pour but de créer un média sur Instagram autour de la lutte contre la haine en ligne. Un objectif réussi puisque les élèves ont pu créer « lahaine.44« , un compte qui informe sur la haine en ligne au sein du lycée des Bourdonnières de Nantes.

Une vision claire de la haine en ligne

Les trois premières séances du projet mené par Fragil étaient en partie consacrées au décryptage de la thématique. Afin de déterminer en classe entière ce que représente la haine en ligne pour les élèves, un atelier « autour du mot » a été animé par la salariée de Fragil. D’autres thèmes plus précis ont donc été dégagés suite à cet atelier, parmi les mots les plus soulignés on retrouve notamment « cyberharcèlement », « réseaux sociaux » ou encore « moqueries ».

Tableau lors de l’atelier « autour du mot »

Par groupe de deux ou trois, les élèves ont dû se positionner sur le sujet dont ils et elles avaient le plus envie de parler. L’islamophobie, le racisme, la grossophobie, les moqueries sont autant de thèmes choisis par les élèves, toujours avec la problématique « en ligne », c’est à dire liée à internet et aux comportements sur les réseaux sociaux. Ces premières séances ont permis aux élèves de préparer leurs sujets à l’aide de discussions, d’un débat mouvant mais également d’une formation aux pratiques journalistiques.

Tableau des sujets trouvés par la classe

Le rôle des journalistes en débat

Afin de traiter les sujets trouvés par les élèves, plusieurs ateliers d’initiation au journalisme ont été proposés à l’ensemble de la classe de Seconde. L’écriture d’article, la réalisation d’interview, la préparation de questions et la prise de photos ont été abordés lors de différents ateliers pratiques. Un temps de débat mouvant a également été animé par Fragil, à l’aide de plusieurs phrases les jeunes ont du réfléchir sur le rôle des journalistes, leur utilité et leur place dans la société française.

Capture d’écran du compte « @lahaine.44 »

Les élèves ont été particulièrement actives et actifs lors de ces temps. Ces ateliers ont permis aux jeunes de se préparer à la création de leur propres sujets journalistiques, publié par la suite sur leur compte Instagram. Parmi les consignes les plus appuyées par l’animatrice de Fragil et la professeure : la présence de témoignages recueillis par les groupes, des phrases claires et les réponses aux six questions principales : qui ? quoi ? où ? quand ? comment ? pourquoi ?

De leurs côté les élèves ont largement apprécié l’autonomie qui leur a été confiée pendant ce projet ainsi que le travail par petits groupes et les moments de débats autour de la thématique. Certain.e.s d’entre eux et elles regrettent un temps parfois « trop long », de deux heures par séance et la présence de « bavardage » pendant les temps en commun. Les retours quant à l’exercice de l’interview sont très ambivalents, un point fort du projet pour certain.e.s et une contrainte non appréciée pour d’autres.

 

 

 

Curieuse de tout et surtout de l'info, Romane (se) pose beaucoup de questions. Salariée de Fragil, elle écrit sur l'éducation aux médias et la musique actuelle !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017