12 octobre 2022

Jérôme Romain, « Fragil m’a apporté ce que je suis aujourd’hui »

Contributeur, membre du conseil d’administration puis président à la suite du fondateur en 2014, Jérôme Romain, accompagné des bénévoles et du salarié de l’association, a eu la lourde charge de perpétuer l’esprit et les valeurs de Fragil à un moment charnière. Huit ans plus tard, celui qui est toujours proche de Fragil partage avec nous son analyse et ses souvenirs.

Jérôme Romain, « Fragil m’a apporté ce que je suis aujourd’hui »

12 Oct 2022

Contributeur, membre du conseil d’administration puis président à la suite du fondateur en 2014, Jérôme Romain, accompagné des bénévoles et du salarié de l’association, a eu la lourde charge de perpétuer l’esprit et les valeurs de Fragil à un moment charnière. Huit ans plus tard, celui qui est toujours proche de Fragil partage avec nous son analyse et ses souvenirs.

 

Juste avant notre entretien, Jérôme finissait tout juste le budget prévisionnel 2022-2023 avec le coordinateur de l’association, preuve qu’il garde jusqu’à aujourd’hui un attachement fort avec Fragil.

Un attachement qui date de son arrivée à Nantes en 2011 et de sa rencontre avec Romain Ledroit, le salarié à l’époque, au printemps 2012. Jérôme venait tout droit du Hâvre où il avait monté à 17 ans avec des copains une association et un fanzine pour lequel il a contribué pendant treize ans avant d’intégrer l’équipe bénévole d’un lieu culturel.

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Une rencontre

Rencontrer Fragil a été pour lui « une sorte de sésame ou de passeport qui m’a permis de découvrir la vie culturelle nantaise. Je venais de Normandie et j’ai rejoint cette structure avec d’autres gens qui venaient d’horizons différents et qui n’étaient pas forcément nantais. Ça nous permettait de découvrir le tissu local et de pouvoir dévorer tout un tas d’événements qui s‘y passaient et d’en rendre compte sur le webzine. »

Passionné d’écriture et de cinéma, Jérôme contribue régulièrement au magazine, participe activement aux réunions de rédaction et s’essaye à tous les formats : des articles en binôme avec un photographe de l’association, de la vidéo avec un contributeur passionné, la couverture d’un festival sur Instagram. « Une année, on avait fait un grand dossier sur l’économie sociale et solidaire avec pas mal de combines et d’initiatives qu’on a relayées sur Fragil. Chaque année, il y avait un focus annuel qui était traité par les contributeurs et relayé en format papier qui renvoyait aux articles sur le site. On faisait également un rendu public où les contributeurs venaient exposer les articles qu’ils avaient rédigés. Cela se passait dans un des lieux partenaires de Fragil. »

 

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Pérenniser la mission

Puis vient le moment charnière : le départ de Pascal Couffin et une responsabilité a endossé pour que Fragil perdure. Aguerri au monde associatif, Jérôme accepte de succéder au fondateur. « C’était une situation un peu compliquée à l’époque, notamment au niveau ressources humaines. Il y a eu des choix difficiles à faire, des moments difficiles à gérer sur mon temps de présidence. J’étais très soutenu par Patrice Molle qui était vice-président. A deux, on a bien porté l’association. »

Malgré les difficultés, Fragil, effectivement bien soutenue, ne cesse de se développer avec l’embauche de Pierre-Adrien Roux, chargé de développer les actions d’éducation aux médias, mais également avec une refonte de toute la communication de l’association à travers la création d’un nouveau logo et d’un nouveau site internet, les deux étant toujours actifs aujourd’hui. « J’ai essayé de la faire progresser vers ce qu’on pensait être le mieux à l’époque avec Patrice, c’est à dire ce nouveau site, cette nouvelle identité visuelle et le lancement de l’éducation aux médias qui pour nous allait lui permettre d’assurer sa pérennité et son assise financière. »

Mission accomplie pour celui qui est aujourd’hui responsable administratif d’un lieu culturel et qui n’hésite pas à avouer que « Fragil m’a apporté ce que je suis aujourd’hui. Elle apporte beaucoup mais s’enrichit également des connaissances des uns et des autres. Depuis 10 ans que je la connais, cette association m’épate par les progrès qu’elle réalise, la reconnaissance qu’elle inspire et le rayonnement qu’elle a. C’est très impressionnant.»

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L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017