A Fragil, on n’est pas super fans des sondages. Mais en ce moment, il y en a un qui retient notre attention. Selon Datafolha, 50 % des Brésiliens rejettent la tenue des JO de Rio. 63% estiment que les Jeux auront des conséquences néfastes pour leur pays. Les JO ont de plus en plus de mal à trouver une légitimité sociétale malgré les milliards dépensés pour assurer le show. Derrière le maquillage, le Brésil craque de partout et ça ne leurre personne. D’autres exemples récents restent gravés dans les esprits. On pense au scandale écologique de Sotchi en 2014. On se remémore les infrastructures démesurées d’Athènes en 2004, aujourd’hui à l’abandon, qui ont fortement contribué à tuer l’économie du pays.
La dimension humaniste – déjà critiquable du temps de Pierre de Coubertin – a définitivement cédé le pas au business, à la recherche de performances au-delà même des possibilités du corps humain. S’ajoute à cela l’indécence de certains médias dont les enjeux financiers sont eux aussi énormes. Alors on n’hésite pas à diffuser et rediffuser indéfiniment les images de la jambe cassée à l’équerre de Samir Aït Saïd. A montrer ce même gymnaste en béquilles à l’hôpital quelques jours après, annonçant qu’il remet son corps en jeu en 2020. « Plus vite, plus haut, plus fort ». Au regard de la société d’aujourd’hui, la devise des JO n’a définitivement plus aucune limite.
Pierre-Adrien Roux
édito – 12 août 2016