• Dominique A en concert à Nantes
17 avril 2023

Dernières nouvelles du monde de Dominique A

Depuis la rentrée, le très nantais musicien et auteur, Dominique A nous comble avec une belle actualité : deux albums, un livre de poésie et trois éclectiques collaborations musicales. À cela, il faut encore ajouter une tournée qui passe par Nantes le 4 avril.

Dernières nouvelles du monde de Dominique A

17 Avr 2023

Depuis la rentrée, le très nantais musicien et auteur, Dominique A nous comble avec une belle actualité : deux albums, un livre de poésie et trois éclectiques collaborations musicales. À cela, il faut encore ajouter une tournée qui passe par Nantes le 4 avril.

Fragil a eu le plaisir de s’entretenir avec Dominique A le 29 mars pour évoquer son actualité avant son passage à Stereolux.
Dominique A récapitule son état de santé : en raison d’une mauvaise chute et fracture de la jambe, il a dû arrêter fin janvier d’enchaîner les concerts prévus pour accompagner la sortie de son récent album « Le Monde Réel ». Il vient de reprendre sur un rythme moins soutenu sa tournée. Il s’en réjouit car « les concerts l’aident à sortir de cet état ». Commencés assis, ses concerts, il les finit désormais tel « une cigogne debout sur un pied » !

Dominique A - Stereolux

Dominique A, en posture de la cigogne avec le courage des oiseaux !

Bien que son dernier album s’éloigne des sonorités rock pour embrasser une orchestration voluptueuse et calme, il confie que l’intention de le jouer de façon assez similaire à l’enregistrement s’est rapidement envolée. Dès qu’il se retrouve sur les planches avec ses musiciens et musiciennes, c’est l’automatisme de l’énergie du groupe qui prévaut et c’est un phénomène selon lui totalement inhérent à la scène.

« Public nantais pour le meilleur et pour le pire ! »

Dominique A va jouer le 4 avril à guichet fermé à Stereolux à Nantes. Nantais d’adoption, il ne se sent pas en terrain conquis pour autant : « le public nantais, c’est pour le meilleur et pour le pire ». Dominique explique que la réception du public peut tout aussi bien être « glaciale que ‘’callente’‘ ». Il est face à 100 personnes qui le connaissent bien et d’autres qui sont là pour écouter ou découvrir, et ça peut être assez déstabilisant.
Il se souvient d’une date en 2018 dans cette même salle avec un son trop fort et ne pas avoir éprouvé le retour habituel du public.

Ceux qui l’ont déjà vu en live savent que ses performances scéniques sont généreuses et propices à une véritable synergie avec le public. Pour cela, il privilégie les salles où le son est bon et l’écoute plus attentionnée. Il ne cache pas qu’il est moins à l’aise dans les gros festivals.
Ses concerts ne s’appuient pas sur une fausse convivialité où tout est préparé à l’avance et les répliques déjà écrites et répétées à chaque date, ressent-il le besoin de préciser. Tout comme l’idée du concert fidèle au disque ne fonctionne pas. Le premier titre passé, c’est l’émulation du groupe qui va prendre le dessus et lorsque chacun arrive à se dépasser, on arrive dans des moments rares et précieux. Il conclut que le bon concert, c’est celui dans lequel il y a une « vraie communion » entre les artistes et les spectateurs.
Toutefois même s’il ne sait jamais comment va se dérouler un concert, ces moments de tournée sont des moments privilégiés. Il schématise avec un sourire sa journée : « 2h de travail et 22h de prise en charge » ! Ce sont des moments de vie riches pour lui et l’équipe qui l’accompagne.
Par contraste, il avoue que le retour à la maison est compliqué quand il retrouve son rôle de père de famille et d’autres responsabilités.

Dominique A en solo pour le premier rappel

Dominique A en solo pour le premier rappel

Coup de cœur – coup de gueule

A la question s’il y a encore des musiciens qui le surprennent, il répond spontanément non. Pour ajouter « rien dans la pop music » ou « sinon la surprise est plutôt négative » ! Il lâche alors le nom d’une musicienne francophone qui cartonne et parle de sa consternation à l’écoute récente d’un de ses titres largement diffusé et apprécié.
Dans les belles surprises, il cite tout de même Anouar Brahem parce qu’il vient de découvrir ce fabuleux musicien joueur d’oud (instrument de musique qui ressemble à un luth à manche court), bien connu des passionné·es de musique du monde et de jazz. Il mentionne également Kate Bush pour la qualité de ses chansons qui traversent le temps et qu’il vient de redécouvrir.
Il confie : « j’écoute beaucoup moins de musique qu’avant, parfois je peux rester une semaine sans rien écouter ». Dominique A reste attaché au support physique, il ne dispose pas de smartphone et d’abonnement à une quelconque plateforme. Il ajoute : « j’ai besoin d’un disque pour une bonne écoute ».
Pour finir, il mentionne un franc coup de cœur qu’il a eu pour Lisa Ducasse, une jeune mauricienne qui reprend en créole le titre de Jacques Brel « La chanson des vieux amants ».

A la question : « As-tu déjà récupéré un objet d’une personne que tu admires comme Warren Ellis l’a fait pour le chewing gum de Nina Simone ? », Dominique répond que cela fait un peu écho à sa lecture du moment, un livre de Karl Ove Knaussgaaard où il est question d’acquérir à tout prix un dessin du peintre Edvard Munch. Mais pour Dominique, il n’y a personne qu’il viendrait à admirer aujourd’hui au point de vouloir conserver un objet qui lui appartienne, pas même Nick Drake (musicien anglais cher à son cœur, qui a influencé un grand nombre d’artistes) ! Il ajoute d’ailleurs « Je ne suis pas du tout fétichiste ».

Concert Dominique A Stereolux 2023-04-04

Dominique A accompagné sur scène par Sébastien Boisseau à la contrebasse, Étienne Bonhomme à la batterie, Julien Noël aux claviers, Sylvaine Hélary à la flûte

Dominique A « avec les autres »

C’est le 2e titre de son album « Le monde réel » et c’est aussi comme cela qu’il apparaît si on lui demande s’il est engagé.
L’interview a lieu le lendemain de la 10ème manifestation contre la réforme des retraites. Le 9 mars , on pouvait voir sur son compte Instagram, une photo de lui immobile semblant lutter contre le vent avec ce commentaire « Vent [de la colère sociale?] ». Pour rappel, il a soutenu Les Petits Frères des Pauvres, il a participé aux Rockeurs ont du Cœur, il a été à l’initiative du collectif Des Liens qui promeut l’accès à la culture pour les publics empêchés. Il a donné la parole à l’équipe nantaise de SOS Méditerranée avant ses concerts à Stereolux. Il reste prêt à s’engager ponctuellement au cas par cas. Pourtant, il ne se perçoit pas comme un chanteur engagé. Il estime la « colère actuelle, visible dans les rues, légitime » quant à la problématique du travail ; bien que pour lui, cela fasse écran à l’actualité encore plus brûlante du GIEC ou des guerres menées actuellement.
Il aborde et a abordé plusieurs fois le thème de l’écologie à travers ses chansons « Se décentrer », « Rendez-nous la lumière »… ou « Avec les autres ». Toutefois il souhaite « livrer un regard poétique et ne pas enfoncer des portes ouvertes ».

Dans ses textes comme dans ses chansons, Dominique A se révèle un efficient passeur prêt à partager ses découvertes et ouvrir nos horizons.
Il vient de participer à 3 projets musicaux bien éclectiques, vous pouvez écouter ses enregistrements sur ces albums :

  • « Sunset Park » de H Burns (duo sur le titre bilingue « Dark eyes« ),
  • « Chansons pour Lula » de Serge Rezvani (sur trois titres inédits de ce grand artiste connu notamment pour la composition  » Le Tourbillon (de la vie)  » ),
  • « Marcher longtemps » d’Hugues Pluviôse, sur le morceau « La promesse ».

« Le Présent Impossible », premier livre de poésie

« Le Présent Impossible » est le septième livre de Dominique Ané, mais son premier recueil de poésie paru dans la collection L’Iconopop aux éditions L’Iconoclaste.
Dominique considère qu’il a découvert la poésie dans son parcours de lecteur sur le tard, vers 30 ans avec deux poétesses russes Marina Tsvetaeva (à qui il dédiera la chanson « Marina ») et Anna Akhmatova, ainsi qu’une poétesse belge, Miriam Van hee. Cette dernière est pour lui une révélation, elle sait « transfigurer le quotidien avec des mots souples et une écriture diaphane ».
Ce qu’il en dit fait penser qu’il a la même grâce d’écriture avec une économie de mots pour décrire l’essence de ses contemplations ou de ses perceptions plus fugaces.
Pour l’inspiration, il évoque la marche, le vélo, et les activités extérieures comme bénéfiques à sa créativité. Ainsi le matin même en rentrant des courses, de nouvelles paroles lui sont venues ! C’est ainsi qu’il travaille avec des choses écrites dans l’instant. Il explique la différence entre les paroles de chanson et l’écriture poétique en relation avec la métrique et la versification.
Quant à la poésie, ce n’était pas vraiment sa volonté dans un premier temps d’en écrire et il avait décliné l’offre de l’éditeur à l’origine de la proposition. C’est plus tard qu’il écrit quelques textes et les soumet à l’éditeur pour avoir un retour. Le retour est positif et Dominique continue pendant quelques mois de poser ses mots sur le papier. L’édition sort en septembre 2022 agrémentée des dessins d‘Edmond Baudoin. Ce qui ne l’empêche pas d’accompagner la lecture de poèmes par des boucles musicales que vous pourrez entendre ici.
Il ne faut pas se fier au titre de son livre ; par son écriture, Dominique A réussit irrésistiblement la transmutation du temps en un éternel présent.

Concert Dominique A - photo du public

La salle Maxi de Stereolux affiche complet pour le concert de Dominique A à Nantes

Concert complet, complètement généreux

4 avril 2023 – 19h30 Arrivée à Stereolux, une longue queue s’étend déjà sous les Nefs, sur la vitre de la billetterie une affichette sur laquelle on distingue le mot COMPLET.
Quelques minutes plus tard, ouverture des portes. La grande majorité du public se dirige vers les places assises en haut, une poignée d’aficionados s’installe au premier rang.
Puis arrive sur scène, Lonny, une jeune chanteuse accompagnée de sa guitare acoustique. De douces ballades folk se succèdent et nous transportent dans son univers sensible et quelque peu mélancolique.

21h La salle est pleine. Dominique A ne tarde pas à faire son entrée sur la scène. On retrouve à ses côtés, la musicienne et les musiciens* qui ont participé aux derniers enregistrements : « Le Monde réel » et « Reflets du Monde lointain ».
Le set démarre avec « Dernier appel de la forêt ». Oublié le calme de l’album, le public découvre un chanteur assis certes, mais qui donne rapidement le pouls de ce qui va suivre : déhanchements, mouvements de bras saccadés et kicks s’enclenchent. Hormis le siège sur lequel il se pose de temps en temps, on en oublierait presque qu’il est encore en convalescence après sa mauvaise fracture de janvier.
Pendant plus de deux heures, lui et ses artistes vont interpréter avec fougue une dizaine des morceaux les plus récents. Ils vont aussi revisiter ses classiques dans une orchestration qui fait la part belle à la contrebasse, la flûte, les claviers et la batterie. Pour le plus grand bonheur des spectateurs et spectatrices qui le suivent depuis longtemps, Dominique joue une quinzaine de ses titres phares qui ont jalonné ses 30 ans de carrière.
26 morceaux s’enchaînent ainsi non stop, le chanteur se dispense des habituels rappels avec sortie de scène. Tout le long du set, Dominique A offre à son public une présence physique impétueuse et généreuse. Il est en cela soutenu par cinq musiciens et musicienne au diapason. La foule sait l’en remercier par un retour enthousiaste et des applaudissements énergiques et soutenus !

Prochain rendez-vous dans la région : le 11 mai au Piano’cktail à Bouguenais

Pour en savoir plus sur Dominique A : https://www.commentcertainsvivent.com/

 Dominique A et ses musiciens

Sébastien Boisseau, Étienne Bonhomme, Dominique A, Julien Noël, Sylvaine Hélary, David Euverte venant saluer le public à la fin du concert

* Musiciens sur scène :

  • Dominique A : chant / guitare
  • Sébastien Boisseau : contrebasse
  • Étienne Bonhomme : batterie
  • David Euverte : claviers / piano
  • Sylvaine Hélary : flûte
  • Julien Noël : progs / claviers

Nantaise de cœur, Caroline sillonne la ville entre concerts et spectacles. Ses autres domaines de prédilection : l'art contemporain, les arts graphiques et le cinéma ! Elle partage avec plaisir ses coups de cœur culturels.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017