Même en étant au contact quotidien avec des jeunes, « on ne se rend pas toujours compte de ce que le numérique et les réseaux peuvent générer chez un public jeune ». Le constat est unanime pour les professionnel·les de l’animation jeunesse à l’issue de cette journée de formation et d’échanges autour de la thématique des écrans : le développement de leur culture numérique est un enjeu majeur pour mieux accompagner leur public dans son émancipation.
Ils et elles étaient 12, lors de ce jeudi ensoleillé du mois de mai 2023, à s’être retrouvé·es au Local’Ados du Cellier. Animés par un salarié de l’association d’éducation aux médias Fragil, plusieurs ateliers ont rythmé « une journée riche en échanges qui permet de questionner sa pratique et d’enrichir ses connaissances et ses outils », témoigne une participante.
Une matinée autour des écrans et des réseaux sociaux
Après une introduction de journée permettant la prise de parole de tous et toutes à propos de la consommation d’écrans, les stagiaires ont été invité·es à échanger autour des réseaux sociaux. À l’aide de cartes imprimées représentant les logos des principaux acteurs du numériques, les participant·es ont pu échanger en petits groupes sur leurs connaissances et angle-morts dans leur culture numérique. Différences entre navigateurs web et moteurs de recherches, découverte du fonctionnement du réseau social BeReal et de celui de la plateforme OnlyFans, première approche du réseau Tor et questionnements autour des fantasmes liés au darkweb… autant de sujets qui ont pu être abordés lors de ces discussions.
Afin de renforcer leurs connaissances, les stagiaires ont participé à un quiz de culture numérique générale. Ce format a permis à l’animateur de la journée d’aborder des notions précises et nécessaires pour comprendre les enjeux liés à l’utilisation du numérique. Câbles internet sous-marins, modèles économiques des réseaux sociaux, fonctionnement du cloud, empreinte numériques et captation des données personnelles… ces différentes thématiques évoquées à travers le jeu ont apporté leur lot de discussions et débat. Au delà de l’apport de connaissances, c’est aussi la méthode qui a été appréciée : « ça donne des idées pour pratiquer avec les jeunes », nous dira Zoé, animatrice à Ligné.
Un après-midi centré sur la pornographie et le cyberharcèlement
Suite la pause déjeuner, l’après-midi s’est ouvert sur un temps de « débat mouvant ». Cet outil a permis au groupe de réfléchir ensemble et de se positionner de manière argumentée autour de phrases volontairement clivantes concernant le numérique : « la surveillance n’est pas un problème lorsqu’on a rien à cacher », « les réseaux sociaux permettent de mieux s’informer », « les créateurices de contenu sont de bons modèles pour les ados ».
Rapidement évoqué en début de journée à travers les plateformes PornHub, Telegram et OnlyFans, la pornographie et la manière de l’aborder à travers la fonction d’animateurice jeunesse a été un des temps forts de l’après-midi. S’appuyant sur les deux affirmations « parler de pornographie à des ados de 12 ans » et « animer des temps d’échanges sur la pornographie sans s’y connaître » ainsi que sur une échelle graduée « ça me convient / ça me questionne / ça me gêne / ça me révolte », les participant·es ont pu réfléchir par petits groupes à leur pratique d’animateurice. Un sujet parfois tabou, alors que 62 % des jeunes ont été exposés à la pornographie avant leurs 15 ans selon un sondage réalisé en 2018. Ces temps d’échanges ont été alimentés par quelques ressources, dont un tableau dénombrant les vidéos dont la catégorisation ou la description relèvent de crimes et délits ou incitent incontestablement à la violence sur les principales plateformes pornographiques.
Pour terminer la journée, un temps a été consacré à la problématique du cyberharcèlement. S’appuyant sur des cartes de définition de termes parfois méconnus (doxxing, grooming, revenge-porn, fisha, raid, dickpic…), les stagiaires ont pu découvrir des pratiques parfois insoupçonnées ou tout simplement mettre un terme sur ces comportements. Ces discussions ont été utiles mais difficiles pour certain·es malgré les précautions de mises en garde de l’animateur.
Des stagiaires ravi·es
« Une formation un peu floue au départ mais qui aura été agréable, bénéfique et à réitérer », témoigne Yoann directeur jeunesse à Ligné. Une « très bonne expérience » pour son collègue du Cellier Quentin, « une super journée avec un super formateur avec un sujet difficile », pour Émilie, animatrice à Riaillé. Au delà des apports en contenu et en outils pour aborder la question numérique avec les jeunes, cette journée a permis aux stagiaires de se rencontrer pour échanger sur leurs questionnements et leurs pratiques. Un moment fédérateur apprécié qui devrait se réitérer lors de prochaines formations communes.
Le support de formation utilisé par Fragil lors de cette journée est disponible ici.