27 juin 2023

Deux heures pour réfléchir à l’information au Lycée Agricole du Grand Blottereau

Le 12 juin, l'association Fragil est intervenue pendant deux heures au sein du Lycée Agricole du Grand Blottereau à Nantes. Au programme : réflexion sur la création de l'information et le journalisme. Retour sur cet atelier.

Deux heures pour réfléchir à l’information au Lycée Agricole du Grand Blottereau

27 Juin 2023

Le 12 juin, l'association Fragil est intervenue pendant deux heures au sein du Lycée Agricole du Grand Blottereau à Nantes. Au programme : réflexion sur la création de l'information et le journalisme. Retour sur cet atelier.

« Pour vous présenter, j’aimerais que vous me donniez votre prénom et votre média préféré ». C’est par cette consigne donnée par l’animateur de Fragil, que l’atelier de deux heures dédié à la création de l’information a débuté. La question n’a pas manquée de susciter la perplexité dans cette classe de secondes Productions Horticoles. Ce sera « Hugo Décrypte » pour Enzo, « Youtube » pour un autre élève, « Enquête et Investigation » pour Youen,  mais pour la plupart d’entre elles et eux  la réponse sera la même : « je ne sais pas ». Avant de s’intéresser à la production de l’information, un temps a donc été dédié à la réalisation d’un tableau catégorisant ce qu’on entend par « média » dans la langue française, en s’appuyant sur les connaissances de chacun·es.

Faire du journalisme en riant

Après cette introduction, les élèves ont pu s’initier à la pratique du journalisme à travers un jeu d’écriture. Ce jeu a permis aux élèves de mettre en pratique des bases du journalisme déjà vues en classe au début de l’année, autour des questions « qui, quoi, où, quand, comment, pourquoi ». Afin d’intégrer au mieux celles et ceux pour qui le passage à l’écrit était une difficulté, la classe accueillant quelques élèves allophones, l’intervenant de Fragil a proposé une restitution sous forme de brève radio. Introduit par un jingle chanté par un ou une camarade, les élèves ont lu ou récité à voix haute leur production. Cette méthode permet à toutes et tous de travailler sur l’oralité et de comprendre et de surmonter les difficultés de l’énonciation d’une information claire à un groupe. Le fait d’inviter les élèves à tenter des jingles chantés permet aussi de travailler sur l’acceptation du ridicule par tous et toutes et de détendre le groupe, dans un moment drôle et bienveillant.

Débattre pour questionner le journalisme

Pour conclure ces deux heures, l’animateur a proposé au groupe de débattre autour de phrases clivantes en lien avec la production de l’information. Enthousiastes, les élèves se sont prêté·es au jeu de la recherche d’arguments. Réagissant à la phrase affichée au tableau « dans un monde idéal, il faudrait un document officiel pour être journaliste », Youen surprend sa professeure en pointant, à juste titre, le risque du journalisme « officiel » en dictature. Une autre affirmation permettra au groupe de réfléchir et de discuter autour des notions de neutralité et d’opinion des journalistes.

Cet atelier, a permis aux élèves de requestionner les bases de la production d’information. En s’inscrivant dans la continuité de notions déjà abordées en classe, les élèves ont pu affirmer leur positionnement citoyen, et mettre en pratique leurs acquis.

 

 

Chargé de projets numériques et médiatiques chez Fragil depuis 2017, musicien, auteur, monteur... FX est un heureux touche-à-tout nantais. Il s'intéresse aux musiques saturées, à l'éducation aux médias, aux cultures alternatives et aux dystopies technologiques.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017