Fragil a rencontré Magali Brazil, la directrice de la Maison de la Poésie Nantes et directrice artistique du festival pour explorer le programme de cette 23e édition et plus particulièrement la première thématique abordée, l’ « Éloge de la fragilité ».
Éloge de la fragilité
En fait, MidiMinuitPoésie s’est emparé de la thématique actuelle du Passage Sainte Croix, « Éloge de la fragilité » parce les deux structures sont souvent partenaires. Sur ses murs, vous trouverez d’ailleurs accrochée, depuis le 28 septembre, Fragiles, l’exposition de photos du collectif Tendance Floue.
Pour Magali Brazil, « la fragilité est souvent perçue comme une faiblesse dans notre monde d’aujourd’hui très compétitif ». Et son projet, c’est de prendre le contrepied et d’en faire l’éloge puisque effectivement il y a toujours une dimension de fragilité très présente dans la plupart des écrits poétiques. Ici, la fragilité s’entend donc au sens positif du terme « dans une approche sensible, empathique du rapport à l’autre». Elle ne manque pas de rappeler : « l’idée du festival, c’est quand même de proposer une poésie vivante, engagée sur des sujets cruciaux. Et donc on choisit des auteurs en connexion avec nos réalités et pour cette année lors du festival, des sujets très universels d’où la fragilité, le rêve, par ailleurs dans des approches un peu plus politiques aussi.».
La fragilité lors du festival est principalement abordée dans la thématique, et elle concerne aussi les personnes. Et Magali Brazil de préciser « nous sommes tous sensibles, mais finalement nous le développons ou l’exprimons de façon très différente. Donc les poètes comme nous tous, nous sommes tous fragiles. Souvent on le dissimule puisqu’il faut être fort. » Pendant le festival, les auteurs invités traitent cette question de fragilité dans un sens très positif. L’idée est de montrer que « la fragilité est une force ». Ainsi à travers les livres et les lectures, la fragilité devient une force fondatrice et féconde dans la façon d’appréhender les choses en l’occurrence la mort, la création, et d’autres sujets plus difficiles.
« Chaque fois » : lecture et exposition de Gwenaëlle Rébillard
La première proposition du festival commence à la médiathèque Luce Courville et se poursuit actuellement jusqu’au 12 octobre au Passage Sainte-Croix avec l’exposition « Chaque fois » de Gwenaëlle Rébillard. Cette dernière est artiste plasticienne. Magali Brazil précise « elle met au cœur de tous ces travaux plastiques, l’écriture. Très empathique, très sensible, elle a créé une installation centrée autour de la question du geste et de l’autre. C’est-à-dire qu’elle ne le décide pas, mais quand elle voit un geste ou qu’elle fait un geste qui lui fait penser soit à un ami proche ou à une personne publique, ça déclenche pour elle un très court poème qui définit ce geste et la personne. C’est parfois drôle, toujours sensible… Cet objet se présente comme une boîte à surprises avec plusieurs petites boîtes aux lettres où le public est invité à ouvrir les panneaux et donc découvrir le poème. » Nous la retrouverons également le jeudi 12 à midi pour une lecture en relation justement avec ces courts poèmes.
- Exposition du 6 au 12 octobre – Passage Sainte-Croix
- Lecture le jeudi 12 octobre – 12h45 – Passage Sainte-Croix
« Et les regarder les fantômes » : lecture-concert de Pauline Catherinot et Bruno Chevillon
Pauline Catherinot est une poète lyonnaise qui a publié trois livres de poèmes. Elle viendra faire la lecture de « Et les regarder les fantômes » accompagnée d’un contrebassiste, Bruno Chevillon.
Son livre fait écho à la deuxième symphonie de Gustav Malher, « La Résurrection ». Il aborde la question des êtres disparus, du deuil et de la réapparition à travers les fantômes. Donc c’est aussi très intime. Magali Brazil évoque des poèmes avec « un souffle très scandé, très énergique et une rythmique » qui donneront lieu à une rencontre improvisée avec Bruno Chevillon à la contrebasse.
- Lecture-concert le mercredi 11 octobre – 12h45 – Passage Sainte-Croix
« HKZ » : lecture d’Antoine Mouton
C’est Antoine Mouton, auteur de roman, de récits mélangeant poèmes, prose et images qui terminera l’éloge de la fragilité avec la lecture de « HKZ, le livre du revenir ». « Un récit à l’écriture hybride de la vie d’une comédienne qui s’appelle Hermine Karagheuz, qui était son amie depuis longtemps et surtout une personne très libre, voire fantaisiste, amoureuse des plaisirs de la vie. Antoine Mouton raconte la fin de sa vie. Mais finalement, c’est très lumineux, d’une justesse extrême sans pathos. Cela révèle une fragilité très positive sur cette question-là, une poésie très délicate qui coule tout seule. », c’est ainsi que Magali Brazil présente ce livre qui peut toucher tout le monde car chacun, à un moment de sa vie, est lié à un deuil.
- Lecture le vendredi 13 octobre – 12h45 – Passage Sainte-Croix
Une programmation riche et éclectique
A l’éloge de la fragilité succéderont d’autres thématiques.
« Identités en territoires discriminés » avec « La foufoune not so in love ces jours-ci » de Léonora Miano et Francis Lassus et « Caillasses live » de Joëlle Sambi et Sara Machine (beatmakeuse)
- Soirée lecture-concert le 11 octobre – 19h30 au Pannonica – Salle Paul Fort
« Cyberworlds »
« Cyberworlds » interroge à travers la voix des poètes l’actualité du principe de réalité, à l’ère de l’ultraconnectivité, des intelligences artificielles et des métaverses. Le réel est-il devenu une simple application parmi d’autres ? Une soirée questionne, par la pratique poétique, le mirage d’un sensible autogénéré.
- Lectures et performances jeudi 12 octobre – 19h30, École des Beaux-Arts Nantes avec Théo Casciani, Juliette Mézenc et Claude Closky
- Entretien samedi 14 octobre – 14h15 avec Théo Casciani et Juliette Mézenc animé par Julien Bellanger (Jet FM) – le lieu unique
« Capitale Songe »
Une thématique pour expérimenter et ouvrir des possibilités littéraires sur le phénomène des rêves et leur rôle, tant sur l’imaginaire et les corps que dans ses dimensions scientifiques, politiques, psychologiques, philosophiques.
- Table ronde vendredi 13 octobre – 16h avec Lucien Raphmaj, Muriel Pic et Julien Boutonnier animée par Pascal Massiot (Pop’Média) à la Maison Paganelli
- Lectures-projection et conférence-performance vendredi 13 octobre – 21h avec Lucien Raphmaj, Muriel Pic et Julien Boutonnier à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes
De midi à minuit au Lieu Unique
Le samedi 14 octobre, le marathon poétique du samedi qui a donné son nom au festival clôturera MIDIMINUITPOÉSIE#23.
Un format de 12 heures, de midi à minuit. 11 performances de 25 minutes qui se succèdent au Lieu Unique, entrecoupées d’entretiens et de rencontres-dédicaces à l’espace librairie. Toute la palette de ce qui existe en écriture : des auteurs qui écrivent avec des sensibilités très différentes et qui sur scène aussi exploitent, développent des formes ou formats très différents : lecture, lecture-concert, lecture-projection.
Le samedi, pas de thématique, bien au contraire du contraste entre les uns et les autres !
- Lectures, lectures-concerts, performances, entretiens, librairie, espace bar samedi 14 octobre -12h00-24h00 au Lieu Unique
BTP, Braderie Totalement Poétique
La Maison de la Poésie de Nantes, c’est aussi une médiathèque. L’occasion pour celle-ci de brader des livres lors d’un événement festif avec notamment Fantazio qui ouvrira le festival place du Change pour une soirée mêlant performances et lectures.
- Performance mardi 10 octobre – place du Change avec Fantazio (voix, contrebasse), Francesco Pastacaldi (batteur), Yurie Hu (clavier), Yodel (installation plastique) et braderie de 1032 livres, prix à la chaussette !
Pour en savoir plus sur la programmation complète : Programme MidiMinuitPoésie