2 novembre 2023

Sur la scène des Utopiales à Nantes, les intermittent·es du spectacle se mobilisent pour défendre leurs droits

Ce mercredi 1er novembre à Nantes, une vingtaine d’intermittent·es du spectacle représentant·es la CGT Spectacle, sont monté·es sur la scène du grand auditorium de la Cité des Congrès pour appeler à la mobilisation et sensibiliser le public à la réforme en cours de leur régime d’assurance spécifique.

Sur la scène des Utopiales à Nantes, les intermittent·es du spectacle se mobilisent pour défendre leurs droits

02 Nov 2023

Ce mercredi 1er novembre à Nantes, une vingtaine d’intermittent·es du spectacle représentant·es la CGT Spectacle, sont monté·es sur la scène du grand auditorium de la Cité des Congrès pour appeler à la mobilisation et sensibiliser le public à la réforme en cours de leur régime d’assurance spécifique.

Iels étaient plus de 1900 spectateurices à braver la tempête Ciaran ce mercredi soir pour assister à l’inauguration du célèbre festival de science-fiction qui entame aujourd’hui sa 24e édition.
À l’entrée de la Cité des Congrès, le cortège de la CGT spectacle accueillait déjà les spectateurs avec des flyers. Dress code : tout de noir vêtu, de grandes croix blanches sur le torse. Une opération de visibilisation pour sensibiliser à leur mobilisation entamée depuis le mois d’octobre contre le projet de réforme du régime spécifique de l’assurance chômage, en discussion en ce moment entre les organisation patronales.

Nous continuerons à nous inviter partout où ce sera nécessaire”. Arborant drapeaux de la CGT et banderole “Pour une culture de la victoire”, une délégation de la CGT spectacle a fait irruption sur la scène de la Cité des Congrès à la fin du spectacle d’inauguration “Vers l’infini et l’au-delà”, créé et performé par Eric Lagadec (astrophysicien et enseignant-chercheur) et Guillaume Meurice (humoriste et auteur).

Les membres de la délégation ont pris la parole, se disant inquiets de la précarisation croissante des professions des artistes et des technicien·nes du spectacle, que la nouvelle réforme en discussion ces jours-ci entre les organisations patronales et syndicales viendrait, selon elleux, creuser.
Bien que l’organisation des Utopiales leur ai laissé une belle tribune d’expression sur la plus grande salle de la Cité des Congrès, le collectif s’est dit attristé du “silence” des salles de spectacle, “qu’on entend pas beaucoup en ce moment”, et les a exhorté “à se positionner plus franchement” sur le sujet.

La délégation de la CGT spectacle lors de son action à l’issue de cérémonie d’ouverture des Utopiales 2023. Photo: Camille Principiano

Appelant au soutien du grand public et insistant sur la valeur essentielle des métiers des culture ainsi que sur la nécessité urgente de défendre le régime spécifique de l’intermittence, sans lesquels les manifestations culturelles comme celles des Utopiales ne pourraient pas avoir lieu, le groupe a ensuite entamé le chant El pueblo unido jamás será vencido (symbole de la révolution populaire chilienne).
Une sensibilisation qui semble avoir fonctionné, l’intervention ayant été largement applaudie par le public.

Si les organisations patronales et syndicales du spectacle vivant, du cinéma et de l’audiovisuel sont parvenues à un accord, unanime, concernant l’avenir des annexes 8 et 10 le 27 octobre dernier, la CGT Spectacle se dit inquiète d’une lettre de cadrage signée par plusieurs organisations patronales et syndicales visant un objectif de 15% d’économies sur les allocations chômages du régime des intermittent·es.

L’organisation syndicale a ainsi d‘ores et déjà appelé via ses réseaux à une semaine d’actions, du 6 au 10 novembre avec manifestations, débrayages et une grève prévue le 9 novembre.
Les négociations en cours doivent, pour le moment, prendre fin le 15 novembre 2023 pour une mise en application au 1er janvier 2024.

« Une ville militante, bienveillante et synonyme de détente. » C’est avec ces quelques mots que Camille définit son sentiment après sa première année passée à Nantes. Actuellement en transition entre la production de films d’animation et le journalisme, elle est d’ores et déjà une des voix que vous pouvez écouter sur les ondes de radio Prun’.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017