30 novembre 2023

Juliette, militante toute feu toute flamme

Juliette, fraîchement arrivée à la rédaction du magazine Fragil, révèle derrière un visage mutin, une appétence fiévreuse pour la lutte, dans tout ce qu’elle représente.

Juliette, militante toute feu toute flamme

30 Nov 2023

Juliette, fraîchement arrivée à la rédaction du magazine Fragil, révèle derrière un visage mutin, une appétence fiévreuse pour la lutte, dans tout ce qu’elle représente.

Après des études de théâtre au Théâtre de la rue de Belleville, à Nantes, Juliette co-crée le collectif Tachycardie. Durant deux années, elle met en scène et joue au sein de la troupe. C’est avec son équipe que le festival Tachycarday verra le jour en 2022 au TPG. En parallèle, elle devient créatrice et régisseuse lumière pour la compagnie de danse contemporaine Luskan.

Pour ce début de rentrée scolaire, elle met en suspend son aventure d’artiste pour se consacrer à son travail militant, documenté sur sa page Instagram @desordreglobal, nouvellement créée. L’idée d’une déconstruction et d’une vulgarisation de l’information auprès du grand public des combats de notre époque, notamment lors de la manifestation du 23 septembre contre les violences policières, le racisme systémique et pour les libertés publiques.
Après un reportage à Sainte Soline afin de couvrir dans un contexte très tendu la création des méga bassines, Juliette voit son compte Instagram plusieurs fois désactivé. Malgré la censure, elle travaille pourtant à la reconstruction de son média à travers de nouveaux articles, avec un axe foncièrement politique et des photos reportage pointus. Des sujets géo-politiques brûlants aux documentaires plus sociaux, Juliette tente de mettre sa soif d’apprentissage et sa plume au service des autres.
Cette année, elle a rejoint Femrev, un intercollectif queer LGBTQI+ inclusif qui lutte contre les dominations sociales, et le collectif écologiste Les soulèvements de la terre.

Le militantisme de Juliette est donc fait de cette intersectionnalité qui regroupe et qui partage les souffrances et les oppressions sociétales. Plus vite, plus fort, et à plus grande échelle : c’est dans l’idée de se construire comme journaliste et faire porter la voix des autres qu’elle a rejoint Fragil.

Margaux est arrivée à Nantes il y a quelques mois pour se lancer dans la vie tumultueuse d'illustrautrice, après quelques années parisiennes en tant qu'éditrice jeunesse. Elle aime écrire des BD rigolotes et a une vive inclination pour les livres, l'art et le féminisme.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017