13 novembre 2023

L’actualité se conjugue au féminin au sein des cycles trimestriels animés par l’association Ciné Femmes au Cinématographe

Le 14 et le 20 novembre, l’association nantaise Ciné Femmes investira de nouveau la salle du Cinématographe pour deux nouvelles soirées autour du sujet “Femmes précaires : la double peine”, après un premier événement le 8 novembre. Fragil a échangé avec Martine Leroy, bénévole active chez Ciné Femmes, pour en apprendre plus sur l’organisation de ces cycles de projections et de rencontres engagées.

L’actualité se conjugue au féminin au sein des cycles trimestriels animés par l’association Ciné Femmes au Cinématographe

13 Nov 2023

Le 14 et le 20 novembre, l’association nantaise Ciné Femmes investira de nouveau la salle du Cinématographe pour deux nouvelles soirées autour du sujet “Femmes précaires : la double peine”, après un premier événement le 8 novembre. Fragil a échangé avec Martine Leroy, bénévole active chez Ciné Femmes, pour en apprendre plus sur l’organisation de ces cycles de projections et de rencontres engagées.

Ciné Femmes s’engage dès les années 1970 dans les luttes des femmes artistes, à commencer par les actrices et les réalisatrices, et plus largement dans les mouvements féministes majeurs (droit à l’avortement, lutte contre le viol, etc.). En tant que militante féministe, Martine Leroy entend parler de l’association dès ses débuts. Très investie dans les actions du Planning familial à l’époque, elle est d’abord adhérente à Ciné Femmes avant de devenir une membre impliquée en 2022.

Cette même année, le projet des cycles est lancé : des thématiques telles que la législation de l’IVG et la résistance féminine sont abordées dans le cadre de soirées ouvertes au public. Le concept ? 3 films, avec 3 séances, pendant 3 semaines. Quelques séances intermédiaires viennent compléter le programme au gré des envies, à l’image de la projection du documentaire “Auprès d’elle” (Chiara Giordano et Benjamin Durand, 2021) suivie d’une discussion et d’une conférence gesticulée autour du travail des auxiliaires de vie en novembre 2022. 

“On choisit des thèmes qui nous semblent importants par rapport à l’actualité, aux sujets de société”

La création de ces cycles passe d’abord par la recherche d’un fil rouge. Celui en cours est par exemple né du constat de “la précarité récurrente et systémique des femmes”. Martine Leroy nous informe d’ailleurs que la dernière séance viendra poser la question des inégalités hommes-femmes pour comprendre sur quoi il faut agir pour bousculer l’ordre établi. Or, c’est parfois le visionnage d’un film marquant sur une thématique spécifique qui donne envie à l’équipe de Ciné Femmes de construire un projet cohérent, en sélectionnant ensuite des aspects connexes à traiter. 

Quant aux invité·es, iels sont choisi·es en tant qu’expert·es de la thématique ou en tant qu’“expert·es profanes”, comme notre interlocutrice aime les appeler. Il s’agit en réalité de personnes concernées par le sujet évoqué et dont l’expérience est jugée source de connaissance. Notre article sur la soirée du 8 novembre au Cinématographe témoigne ainsi de la volonté de l’association de croiser les regards lors de ces séances propices aux échanges.  

En 2024, on peut notamment s’attendre à un cycle sur la santé des femmes et à un autre sur les femmes migrantes. Côté artistique, préparez-vous également à un partenariat avec la salle de spectacle Pannonica lors d’une soirée focus sur Joëlle Léandre, contrebassiste française, en présence de la musicienne elle-même. 

Pour Ciné Femmes, c’est un premier pari réussi lorsque des cycles comme celui de janvier 2023, “L’avortement : un droit fondamental”, attirent un public intergénérationnel et libèrent la parole de jeunes femmes désireuses de défendre et de revendiquer leurs droits. 

Rédactrice web dans une agence de référencement naturel côté pile et rédactrice bénévole pour Fragil côte face, je possède définitivement un attrait pour l'écriture. La littérature, le cinéma, le féminisme et l'écologie font partie de mes sujets de prédilection au quotidien.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017