17 novembre 2023

“Papier gâché” : La résilience des collectifs artistiques face aux annulations d’événements.

Au printemps dernier, une soirée organisée par le collectif Sweatlodge est annulée par décision de la mairie de Saint-Herblain à la veille de l’événement. L'exposition “Papier Gaché : Un tunnel d'annulation”, a été l’opportunité pour la Fédération Française de Papier Maché de tout de même exposer les œuvres qui avaient été réalisées pour l’événement.

“Papier gâché” : La résilience des collectifs artistiques face aux annulations d’événements.

17 Nov 2023

Au printemps dernier, une soirée organisée par le collectif Sweatlodge est annulée par décision de la mairie de Saint-Herblain à la veille de l’événement. L'exposition “Papier Gaché : Un tunnel d'annulation”, a été l’opportunité pour la Fédération Française de Papier Maché de tout de même exposer les œuvres qui avaient été réalisées pour l’événement.

Bienvenue chez Pol’n, haut lieu de la vie associative et culturelle nantaise, dans lequel se déroulait une exposition toute particulière du 9 au 12 novembre dernier.
La Fédération Française de Papier Mâché a investi les lieux, ramenant avec elle tout un florilège d’objets, de masques et de structures, tous réalisés à partir de papier journal et de colle.

Tout d’abord, la Fédération Française de Papier Mâché (FFPM, pour les initiés), qu’est ce que c’est ? Bambi, membre du collectif depuis sa création, nous raconte : “Au commencement on est surtout des amis plasticiens, on a commencé à travailler le papier mâché pendant le confinement et on a naturellement fini par vouloir exposer nos créations au grand public.”
Iels ont notamment créé “Chez Guiton”, un bar entièrement en papier mâché pour le festival “ECHO” au Loroux-Bottereau. L’occasion à chaque nouvel événement d’élargir un peu plus son nombre d’adhérent·es, pour aujourd’hui flirter avec les 150 membres.

Le papier mâché, un mode de vie pour la FFPM.

La FFPM ayant connu l’annulation d’une exposition cette année en plus de la soirée Sweatlodge, “Papier gâché” était l’opportunité pour le public de tout de même découvrir ces œuvres.

Cette exposition a également été l’occasion pour moi d’aller à la rencontre de Martin Geoffre, un des co-fondateurs de l’association Sweatlodge.
Venant du monde de la free-party et se voulant dans ses débuts compagnie de spectacle itinérante, organisatrice de soirées techno, Sweatlodge s’est assez vite pensé comme une structure de production afin d’accompagner de nombreux projets artistiques, dont leurs fêtes se veulent la vitrine.

“Il faut toujours du sang neuf dans un collectif, on ne connaît pas encore les gens qui seront Sweatlodge demain, on s’est toujours énormément renouvelé·es.”

Le renouvellement et la remise en question, voila sûrement deux des clés de la longévité de Sweatlodge.

L’ADN de ces soirées est de proposer une réelle immersion une fois l’entrée du chapiteau franchie, où le public devient acteur de la fête, notamment grâce aux déguisements qu’iels sont encouragé.e.s à revêtir, et aux nombreuses activités qui deviennent spectacle pour le reste du public. Tous les ingrédients y sont réunis pour une expérience de lâcher-prise ultime.

Une annulation de dernière minute

C’est donc en mai dernier, que le crew Sweatlodge apprend à la veille de l’événement par la mairie de Saint-Herblain, que la soirée va devoir être annulée, car le terrain n’est pas aux normes pour assurer la sécurité du public.
La mairie de la ville va par la suite refuser toutes médiations avec le syndicat du cirque de création et c’est le silence radio depuis. Cette décision va peser lourd dans les finances de l’association avec un déficit de 50 000 euros, forçant la structure à alléger sa masse salariale et à vendre son chapiteau.

“Si on n’est pas complètement morts, c’est que comme au cirque, on avait mis en place un certain nombre de filets afin d’amortir la chute. On croit dans le réseau, dans le collectif, dans nos syndicats.”

Martin ajoute : “Heureusement, on a eu de supers soutiens, comme Stéréolux, le Warehouse ou énormément de membres du public qui nous ont fait des dons.”

Le collectif se veut donc force de proposition à la suite de cette déconvenue, et va émettre l’idée de la création d’un guichet unique à l’échelle de la métropole pour la demande de réservation de lieux publics, afin de simplifier les échanges et que les mêmes droits et devoirs s’appliquent à tout le monde. Peut-être un début d’idée, pour à l’avenir, éviter ce genre d’annulation qui peut s’avérer fatal pour les structures qui en sont victimes.

Je ne peux que vous encourager à ne pas manquer la prochaine soirée Sweatlodge ou à suivre le travail de la FFPM, sans doute le meilleur moyen de soutenir ces artistes.

Originaire de Normandie, Bastien a grandi dans le vignoble nantais. Après des premiers pas en médecine, c’est finalement vers des études de géologie qu’il se dirige. Passionné du vivant et de la terre (il avoue avoir une collection de pierres depuis tout petit !), Bastien ressent le besoin de s’engager pour penser et changer le monde de demain.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017