12 décembre 2023

Entretien avec Joseph Violain, expert de l’eau du département

Le mardi 12 décembre à 20h au cinéma St Paul à Rezé aura lieu la projection du film de Fabien Mazzocco « De l'eau jaillit le feu ». Juste après le film, se tiendra un débat avec deux experts de l'eau qui informeront les citoyen.nes sur les enjeux de l'eau dans le département. Pour vous sensibiliser à la question de l'eau, Fragil est allé à la rencontre d'un de ces experts.

Entretien avec Joseph Violain, expert de l’eau du département

12 Déc 2023

Le mardi 12 décembre à 20h au cinéma St Paul à Rezé aura lieu la projection du film de Fabien Mazzocco « De l'eau jaillit le feu ». Juste après le film, se tiendra un débat avec deux experts de l'eau qui informeront les citoyen.nes sur les enjeux de l'eau dans le département. Pour vous sensibiliser à la question de l'eau, Fragil est allé à la rencontre d'un de ces experts.

 

Affiche du ciné-débat qui aura lieu au St Paul, ce mardi 12 décembre à 20h

Joseph Violain est né dans une petite ferme à Treillières. Il a travaillé dans l’enseignement agricole pendant 40 ans. « J’avais mis l’accent assez rapidement sur le bio en agriculture dans les années 80 » nous confie t-il. En effet, ces spécialisations comme l’agronomie, les sols, ou la biologie ont éveillé son intérêt pour l’écologie et il a été le premier à former des agriculteur·ice·s au bio dans le département. À la retraite depuis 10 ans, Joseph a eu « l’envie de valoriser mes acquis de mon expérience dans l’activité militante et associative ». Il a notamment beaucoup milité sur des thématiques écologiques à un niveau associatif local à La Chapelle-sur-Erdre. Il défend aujourd’hui les citoyen·nes à travers divers organismes comme la CSF (Confédération Syndicale des Familles) et siège au CODERST (Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques) comme représentant des consommateurs. Il s’est notamment spécialisé dans la qualité de l’eau. « Comme j’avais déjà un certain nombre de repères, je m’y suis intéressé plus spécialement ». Il trouvait ce sujet important et pas assez développé.

Joseph Violain, sur les bords de l’Erdre

En 2019, un Comité départemental de l’eau est mis en place par la préfecture et le département. « Le Comité départemental de l’eau c’est une obligation parce que au niveau de la région Pays de la Loire on est globalement en France la plus mauvaise région pour la qualité de l’eau, toutes masses d’eau confondue… et le département de Loire Atlantique est le moins bon en pays de Loire… c’est pas glorieux ». Ce comité est divisé en deux groupes de travail, l’un portant sur la ressource et l’autre sur la qualité. C’est donc logiquement que notre expert avec la CSF, s’y est intéressé. Bien que plus porté sur la qualité de l’eau, Joseph Violain nous a touché quelques mots sur les ressources en eau.

« La Loire est une ressource essentielle ! » En effet, 70 à 80% de l’eau distribuée dans le département provient d’elle. Le problème c’est que lorsque le niveau du fleuve baisse, l’eau salée et la vase remontent à la surface et ceci complique le traitement de l’eau pour la rendre potable. « Jusque là ça passe même si c’est un petit peu chaud » nous dit Joseph. Ceci dit, il ajoute qu’il pourrait y avoir un problème de pollution de la Loire et dans ce cas là « il faudrait arrêter de pomper ». Si ça arrive, il y a une réserve de secours dans l’Erdre. « Parfait ! » pourrait-on se dire… hélas, pas vraiment, puisque Joseph nous informe que, premièrement cette réserve ne sera jamais suffisante pour remplacer la Loire et que dans un deuxième temps, elle est polluée par des boues, des nitrates et d’autres pesticides.

Vous l’avez compris, la ressource et la qualité de l’eau vont de pair. Dans ce contexte, les experts se sont penchés sur d’autres réserves en eau, les sols. En effet, dans le département des captages souterrains, sont assez importants pour êtres des zones de pompage pour l’eau potable ainsi que pour l’irrigation agricole. Le souci avec ces réserves est que l’eau venant de la surface en traversant le sol emporte avec elle nitrates et pesticides répandus sur les surfaces agricoles. De plus, entre le moment où l’eau emporte ces polluants et le moment où la réserve sera pompée, des dizaines d’années peuvent s’écouler. « Le problème qui va se poser sur certains secteurs c’est qu’il va y avoir des pesticides qui arrivent au pompage qui ne sont plus utilisés depuis 10 ans et qui sont en quantité non négligeable… ». En Loire Atlantique, c’est 8 captages d’eau potable et donc 8 nappes phréatiques qui posent problèmes. L’état, étant obligé de prendre des dispositions si l’eau n’atteint pas les normes demandées, à mis en place un plan d’action à Machecoul en 2023 pour remédier à cela. Des doutes planent quant à ce plan, qui ferait suite à un autre plan d’action de 2017 qui n’aurait eu aucun résultat se résumant même pour Joseph Violain à « juste un état des lieux ».

Numa, originaire de Rezé, entretient un lien indéfectible avec Nantes, sa ville natale. Amateur de sport, il vibre au rythme du FC Nantes à la Beaujoire. Sa passion pour la culture se nourrit grâce aux manifestations culturelles nantaises tel que, le Festival des Utopiales. Nantes est pour lui une source inépuisable d'inspiration et de découvertes.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017