14 décembre 2023

Le court-métrage Home projeté lors du festival Migrant’Scène

Du 18 novembre au 9 décembre avait lieu le Festival Migrant’Scène organisé par les bénévoles de la Cimade. Des temps forts étaient proposés afin de sensibiliser le public aux réalités de la migration, dans un esprit de solidarité. Le public a pu assister à la projection du court-métrage "Home", un clip de 7 minutes 30 sur le thème de l’exil, suivie d’une séance de questions réponses avec l’équipe du film.

Le court-métrage Home projeté lors du festival Migrant’Scène

14 Déc 2023

Du 18 novembre au 9 décembre avait lieu le Festival Migrant’Scène organisé par les bénévoles de la Cimade. Des temps forts étaient proposés afin de sensibiliser le public aux réalités de la migration, dans un esprit de solidarité. Le public a pu assister à la projection du court-métrage "Home", un clip de 7 minutes 30 sur le thème de l’exil, suivie d’une séance de questions réponses avec l’équipe du film.

Affiche soirée de lancement du film Home à la générale

Le jeudi 23 novembre, le court-métrage Home réalisé par Audrey Pernis et Magali Gaudubois, était présenté pour la deuxième fois devant un public d’une cinquantaine de personnes, dans le lieu associatif La Générale à Nantes. « C’était tout un chemin pour arriver jusqu’à ce film et c’est assez émouvant à vrai dire de le partager ce soir » nous explique avec émotion Magali Gaudubois après la projection du clip. À l’origine, ce projet s’est créé autour d’un texte de la poétesse britannico-somalienne Warsan Shire. Cette dernière étant elle-même fille de parents immigrés, s’est notamment penchée dans son travail sur ces thématiques de l’exil forcé : « Ce poème-là, elle l’a composé en recueillant des témoignages de personnes qu’elle a rencontré, donc on a plein de situations qui sont décrites par petits mots, c’est finalement presque un reportage. » nous explique Audrey Pernis. L’œuvre a ensuite été reprise et adaptée en musique par le groupe Loo dont Magali fait partie. « Magali est venue me chercher il y a deux ans en disant qu’elle aimerait rajouter une nouvelle couche au-dessus du texte et de la musique avec des images et c’est comme ça qu’est né ce clip » nous raconte Audrey qui s’est occupée du tournage de la vidéo.

« C’était important d’avoir des gens qu’on connait et qu’on aime dans ce film »

Le court-métrage a été tourné à Nantes et à Calais avec des personnes immigrées membres de la chorale Enchantons nous ! créée par l’antenne nantaise de La Cimade ainsi que des comédien·nes : « Pour nous c’était important qu’il y ait des gens qu’on connait, des gens qu’on aime dans ce film, donc il y a une moitié de comédiens et une moitié de gens qu’on a rencontré sur la route  » explique Magali. L’intégralité des décors du court-métrage provient de différents lieux capturés à Calais et à Nantes détaille Audrey : « Tous les barbelés qu’on voit en images subliminales dans le film ce sont les barbelés qu’on est allés filmer avec Magali à l’entrée du tunnel sous la Manche qui est vraiment un délire de sécurité […] et à Nantes on a eu la chance d’avoir accès à l’ancienne usine Guillouard […] c’était un lieu assez impressionnant et on était contentes d’y avoir accès pour faire un beau cadre pour le court-métrage. ».

Diffuser un message d’hospitalité et de solidarité

L’objectif de ce court-métrage est de sensibiliser sur cette thématique de la migration et d’envoyer un message d’ouverture, d’accueil et de solidarité vis-à-vis des personnes étrangères en tentant de le diffuser au plus grand nombre : « Ce dont on avait envie avec ce film nous explique Magali c’est que ce soit un support à l’imagination et qu’il puisse être diffusé sur les réseaux sociaux, […] l’objectif c’était surtout de promouvoir le message de tout ce qui est raconté dans ce poème. […] Le but c’est que ça se diffuse le plus possible y compris dans des cercles qui ne sont pas militants. ».

Durant le court-métrage, on suit sept personnages dont on ignore l’origine, marchant vers une destination qui nous est inconnue. Les réalisatrices ont voulu laisser libre cours à l’imagination des spectateurs :  » Quand je disais qu’on était un support à l’imagination c’est vraiment cette idée d’avoir des personnages que l’on suit et dont on ne sait pas d’où ils viennent et où ils vont et chacun se fait bien l’histoire qu’il a envie de se faire. ». Tout au long du clip, aucun texte ne s’affiche à l’écran, on entend uniquement les mots du poème de Warsan Shire accompagnés de la musique du groupe Loo et des images filmées par Audrey Pernis.

À la fin de la vidéo, un message se dévoile au public, la réalisatrice justifie ce choix car :  » C’était très important que les gens n’aient pas le contexte quand ils commencent à voir le film« . En effet, le court-métrage Home est présenté dans un contexte qui « forcément biaise la lecture de tout le monde  » selon sa réalisatrice, puisqu’il intervient quelques jours après l’adoption par le Sénat d’un projet de loi sur l’immigration restreignant les conditions d’accueil et d’intégration des personnes étrangères en France. Ainsi, il est important selon Magali Gaudubois, que le court-métrage puisse être relayé, notamment au vu de la situation politique actuelle sur les questions d’accueil et d’intégration des personnes étrangères : « notre clip il est arrivé à ce moment-là, c’est le hasard de la vie, et du coup on a l’impression que c’est d’autant plus important maintenant.« . Cependant, Audrey Pernis, nous explique qu’au départ « l’idée c’était de faire une œuvre qui soit un peu touchante et qui parle à l’émotion et avec ça on envoie des messages, […] mais pour moi l’idée c’était pas d’abord d’envoyer le message ».

À l’issue de la séance de questions, Sandra, qui a participé au projet en incarnant l’un des personnages du film Home, s’est adressée au public par ces mots : « Nous comme peuple, on a aussi des pouvoirs, nous comme peuple, on peut aussi développer les lois, ce ne sont pas que les gens de pouvoir. Et peut-être que l’on peut se rappeler que toute cette diversité est une richesse, et peut-être que l’on peut commencer à se voir avec les cœurs et pas le type de la tête… » .

L'arrivée d'Antoine à Fragil est une suite presque évidente à son parcours, ses rêves et ses passions. Il dégage une sensibilité palpable de par ses mots et ses intonations.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017