Aujourd’hui, chaque année, environ 1 jeune sur 6 effectuerait une mission de service civique. Une proportion qui a quadruplé depuis 2014, selon l’Institut National de la Jeunesse et de l’Education Populaire. Favoriser la pratique du sport et lutter contre la sédentarité à l’école, faire de la prévention de réduction des risques en milieu festif et scolaire, communiquer et participer à l’organisation de festivals emblématiques nantais ou créer un abécédaire de la biodiversité d’une commune de Loire Atlantique. Ce sont toutes des missions de volontaires en service civique du département du 44. Toustes sont ou ont été étudiant·e, et pour qui le volontariat semble être une opportunité professionnelle ou un choix à défaut de trouver un emploi. Selon l’INJEP 42 % des volontaires ont un baccalauréat comme plus haut diplôme et 32 % sont diplômés du supérieur.
Prendre le temps de préparer son futur
« Le besoin de faire une pause dans mes études »
Chez certaines volontaires, le service civique permet la possibilité de prendre son temps avant de peut-être trouver sa voie. Ce temps est pris comme pour Manon, 22 ans, entre ses études « pour trouver quoi faire ensuite et affiner mon projet professionnel ». Volontaire à AvenirSanté depuis octobre 2023, ses missions sont principalement des actions de prévention et de réduction des risques en milieu festif et scolaire.
« Je peux faire du lien avec toute la théorie que j’ai acquise durant mes années de licence »
Cette pause, c’est aussi la décision d’Axelle, 21 ans et en service civique depuis septembre, au sein d’une école primaire à Nantes afin de valoriser et de mettre en avant le sport et la culture à l’école. Cette décision, elle l’a prise pendant qu’elle validait sa licence de psychologie. « Je savais que demander un Master en psychologie c’était très compliqué, et l’année de licence était déjà dure en terme d’investissement » nous explique-t-elle. Alors le service civique s’est révélé utile « pour le dossier, et pour moi, en voyant un public qui pourrait m’intéresser en psychologie […] être au contact des enfants à l’école de manière quotidienne me permet d’avoir une observation différente qui pourra m’apporter beaucoup pour mes réflexions lorsque je serai en Master de psychologie…en espérant que j’y sois » nous confie cette volontaire.
Un choix précaire à défaut de trouver un emploi
Cette pause peut aussi être imposée, comme pour Zora, 24 ans, qui à la fin de son Master 2 de médiation scientifique a eu besoin de trouver une expérience significative dans le domaine qui l’intéresse. Une expérience que sa formation académique ne lui a pas permis. Elle choisit donc, « car ça aura un poids dans mes prochaines recherches d’emploi » de participer à une mission environnementale créée par la Mairie de Boussay, une commune de Loire-Atlantique. Pendant 8 mois Zora a la responsabilité de créer un atlas de la biodiversité communale et de « trouver des manières d’inviter les gens à s’intéresser aux espèces qui les environnent ». Un choix un peu par dépit, car Zora finit par nous expliquer que ce volontariat c’est « plutôt pour l’expérience que pour l’apprentissage, car ce sont des choses que je savais déjà faire ».
“C’est quelque chose que j’aurais pu faire en tant que salarié, potentiellement”
Une mission avec une grande responsabilité et autonomie qu’elle apprécie. Même si, encore une fois, elle espère vivement obtenir à la fin de ce volontariat un emploi moins précaire.
Pour Soufiane, ancien volontaire en service civique à la communication de deux importants festivals musicaux nantais en 2023, faire un service civique était son dernier recours pour valider son Master de Langues Étrangères Appliquées À Lille. « J’étais volontaire car je devais valider mon master, et un grand nombre d’offres de stages étaient des services civiques ». Le revenu en 2023 d’un volontaire est de 609,96 euros par mois1, une bonne (ou moins chère) alternative pour certaines associations car une grande partie de l’indemnisation est financée par le gouvernement, sauf que le statut juridique n’est pas le même que celui d’un stagiaire. C’est d’ailleurs ce que l’on peut lire sur le site officiel du Service Civique « Un Service Civique n’est pas un stage et une mission de Service Civique ne peut pas s’y substituer. » et « il (le volontaire) ne peut se substituer aux tâches exercées par les salariés, les agents, les stagiaires ou les bénévoles de la structure » 2.
« J’en ai marre des structures qui proposent des services civiques alors que ce sont des emplois de salariés »
Il estime quand même avoir pu « développer mon réseau, et apprendre à connaître le secteur culturel et le fonctionnement d’une association bien ancrée à Nantes ». Cependant, la charge des missions données au volontaire semble lui laisser un sentiment amer « j’avais trop de pression pendant les festivals, ce qui m’a généré beaucoup de stress ». Il nous explique alors, « j’avais une charge de travail trop importante pour un volontaire, et j’avais peur de dire non, car je voulais être bien vu et pouvoir me faire une bonne place dans ce milieu ».
1 https://www.service-civique.gouv.fr/etre-volontaire/etape03-realiser-mon-service-civique/avantages-volontaires-service-civique#:~:text=Mes%20droits-,Une%20indemnité%20mensuelle,accueil%20ajoute%20113%2C02€.
2 https://www.service-civique.gouv.fr/comprendre-le-service-civique/en-bref#4