« Al Ghar » est est un nom né dans l’urgence avant un festival, portant en lui une quête de sens profonde : « laurier » en arabe, il évoque ses racines paternelles et les saveurs méditerranéennes de la cuisine italienne de sa mère. Laurène, originaire de Gironde, a rejoint par hasard un groupe musical de son lycée bordelais en tant que chanteuse, une anecdote qu’elle raconte avec émotion, comme tirée d’un scénario de film. Son amour pour la musique grandissant, elle enchaîne les jam sessions dans divers bars bordelais tout en suivant des cours au conservatoire. Toujours avide d’opportunités, elle navigue entre les salles de concert et les soirées campings en bord de plage. « Cela m’a appris à monter un système audio à 18 heures, à enchaîner avec un sandwich médiocre, puis à démonter tout le matériel à 2 heures du matin complètement ivre, » se souvient elle.
« Trempo un institut à Nantes où les artistes peuvent émerger »
Sa période dans le milieu musical bordelais n’est pas seulement marquée par des rencontres chaleureuses : « un environnement masculin où la place des femmes était trop peu visible, avec en prime de nombreux comportements problématiques ». Des situations récurrentes qui l’ont finalement poussée à quitter sa région natale, suite à une discussion de fin de soirée avec l’un de ses amis : « Trempo, un institut à Nantes où les artistes peuvent émerger. » Dès le lendemain, elle entreprenait les démarches pour s’inscrire. Quelques auditions plus tard et 275 km plus loin, elle posait ses valises à Nantes, où sa « véritable professionnalisation » a commencé, précise l’artiste.
À son arrivée à Trempo, elle a rejoint une ancienne formation « Numa » en juin 2017 , suivant des cours de musique notamment en basse, chant et musique assistée par ordinateur. En 2019, des inégalités sexistes subies plusieurs années auparavant lui donne la conviction de créer un collectif à Nantes avec ses amies : les Raymondes. « On s’est dit avec mes potes mais pourquoi il n’y a pas de femmes sur scène ! On a autant de talent que les hommes ça on le sait « . Un collectif de femmes musiciennes et minorités de genres qui commence à s’implanter également à Rennes, et bientôt à Lyon.
Dans la tourmente de son emploi du temps débordé, elle s’efforce toujours de réserver un instant à ses proches, même si les circonstances se font de plus en plus complexes : « ton personnage personnel, professionnel, social et intime est tout le temps super impliqué, donc je garde précieusement mes amis loin du monde de la musique pour me ramener au monde réel quand j’ai besoin. »
Avec des engagements pour les minorités de genres et présente dans plus de cinq groupes et des perspectives à Paris et en Chine avec son groupe Polilogue From Sila, Laurène est loin de disparaître de nos radars auditifs.