Quand on entend le nom Mékano, une première pensée vient à l’esprit : le patronyme familier donné aux mécaniciens des garages automobiles. On se doute alors que derrière cette expression se cache une histoire faite de cambouis, cardans, jantes et autres boulons…ou presque. Si ce hangar des années 60 abritait une collection de voitures, les propriétaires actuels, les frères Hervé et Franck Moinel, y accueillent désormais des châssis bien différents. Place à la modernité made in 2016 où ,cinquante ans après, se dessine un espace de coworking artistique. Mais la nostalgie n’est jamais très loin. En témoignent établis, charpentes métalliques ainsi que le graff signé Eskat, sur la façade du bâtiment. Le Mékano s’y dresse en grand, en souvenir du passé.
[aesop_image lightbox= »off » captionposition= »center » credit= »Antoine Galtier » caption= »Au Mékano, le style indus se mêle à l’empreinte artistique. » align= »center » alt= »A l’intérieur du Mékano » imgwidth= »1024px » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2016/10/AT2B2514.jpg »]
Du coworking version Mékano : quesaco ?
Concept venu des État-Unis, le coworking regroupe deux notions : un espace qui s’articule autour de plusieurs bureaux, bureaux partagés par un réseau de travailleurs indépendants. Le but : encourager l’échange et la complémentarité dans un principe d’économie collaborative. La touche Le Mékano ? S’ouvrir aux artistes et uniquement aux artistes : sculpteurs, graffeurs, peintres, costumières, plasticiens… Telle une galerie d’art des temps modernes, bien loin des classiques espaces froids et guindés.
[aesop_image lightbox= »off » captionposition= »center » credit= »Antoine Galtier » caption= »Un des espaces de coworking du Mékano, occupé par une costumière. » align= »center » alt= »La costumière du Mékano » imgwidth= »1024px » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2016/10/AT2B2472.jpg »]
Pour les rejoindre, un seul critère : passer le test du baromètre Franck Moinel. « Je dis oui aux passionnés. À ces artistes gonflés d’humanité et imprégnés de leur art, prêts à le partager ». Le message est clair, seul un bon book ne suffit pas. Le postulat de base, « pour que la mayonnaise prenne, est de trouver des personnages complémentaires dans leur pratique, des êtres ouverts aux autres. De ce mélange jaillit une identité, l’âme des lieux ». Un leitmotiv simple : privilégier la qualité plutôt que la quantité, pour mieux s’inscrire comme une référence dans le milieu select de l’art. Ainsi, « tu as un projet artistique, tu viens au Mékano et on te met en relation avec l’artiste qu’il te faut ». Aujourd’hui, 17 artistes cohabitent sur place. « Le bail est d’un an, mais ça reste à la carte. Tu peux occuper un atelier un mois, trois mois… Je cherche à ce que Le Mékano soit sans cesse en mutation » confirme Franck Moinel. Un lieu où, en quelque sorte, les arts s’emboîtent comme une mécanique bien huilée perpétuellement en mouvement.
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[aesop_image lightbox= »off » captionposition= »center » credit= »Antoine Galtier » caption= »Franck Moinel, l’un des co-fondateurs du Mékano. » align= »center » alt= »Portrait de Franck Moinel du Mékano » imgwidth= »1024px » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2016/10/AT2B2607.jpg »]
La mécanique affable ou les contradictions humoristiques de deux artistes
Parmi l’écurie du Mékano, deux poulains : Eskat et Korsé. Ce duo présente toiles, sculptures en carton, dessins…sur le thème La mécanique affable. « Mécanique », d’accord, mais « affable » ? Littéralement : « qui accueille aimablement les gens ». Un titre antinomique pour le moins intrigant…Quand certains mettent en opposition machines et nature, froideur et chaleur, animosité et bienveillance, eux, les associent. Ce sont près d’une quarantaine de créations alternant graffs, couleurs vives, volumes et crayonnés qui s’exposent sur les murs du Mékano.
[aesop_image lightbox= »off » captionposition= »center » credit= »Antoine Galtier » align= »center » imgwidth= »1024px » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2016/10/AT2B2517.jpg »]
« À quoi on carbure ? Aux boutades et aux galéjades ! » Tout s’explique. Chaque œuvre est un savant mélange de poésie et d’humour. L’exemple des urbanimaux de Korsé en dit long. « Dans cette série, la nature prend le pas sur l’industrie ». Un de ses premiers tableaux, La Tort’urbaine, retranscrit cet état d’esprit. Plus qu’une maison sur son dos, la tortue transporte ici tout un village. Pourquoi tient-elle une canne à pêche dans sa gueule ? Pour aller à la pêche aux idées bien sûr ! Dans la foulée de son inspiration animalière, Korsé a affublé certains de ses dessins de noms improbables comme Chienpanzéléphant ou Hibouledogue. Un résultat étrange, effrayant ? Non ! « Mes bestioles se veulent robustes et rassurantes ». Quoiqu’on en dise, une chose est sûre, ces bestioles prêtent à sourire, tout comme la complicité indéniable du duo.
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Eskat et Korsé : un duo co-plémentaire
Si Eskat signifie esquinté, Korsé est « le verlan non fatigant » de Sekor. Si Eskat est graphiste de formation, Korsé « est fait pour avoir les doigts sales ». S’il arrive à Eskat de préparer certaines ébauches sur écran, Korsé croque sans cesse sur des carnets de voyage. Ce qui les rapproche indépendamment de partager un espace au Mékano ? Tous les deux autodidactes, ils ont appris à regarder, à observer leur environnement « en vraies bonnes éponges ». Une pratique qui les rend complémentaires. « Nous avons chacun nos propres lacunes. On essaye de les entre-combler, d’en discuter entre nous ». C’est ainsi qu’ils avancent, ensemble. Il aura fallu une exposition d’Eskat pour que Korsé « en bon curieux », fasse sa connaissance. De leur rencontre est née un duo. De ce duo, plus qu’une collaboration, une histoire artistique qui s’écrit aujourd’hui à quatre mains. Quant à deux mains qui sait…
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