18 avril 2024

300ème maraude pour les p’tits gilets, l’association d’assistance aux sans abris

Chaque lundi, les bénévoles des P'tits gilets maraudent dans les rues de Nantes à la rencontre des personnes sans abris. Au total, ce sont plus de 900 personnes qui ont été aidées depuis le 1er janvier 2024.

300ème maraude pour les p’tits gilets, l’association d’assistance aux sans abris

18 Avr 2024

Chaque lundi, les bénévoles des P'tits gilets maraudent dans les rues de Nantes à la rencontre des personnes sans abris. Au total, ce sont plus de 900 personnes qui ont été aidées depuis le 1er janvier 2024.

Lundi 1er avril marquait la 300ème maraude des « P’tits gilets« , une association d’assistance aux sans-abris. Pour l’occasion, Florent, bénévole et membre du bureau, s’est chargé d’aller chercher quelques œufs en chocolat à distribuer en ce lundi de Pâques.

Non loin de Talensac, le local de l’association est situé dans un espace géré par et pour les habitant·es du quartier. Là-bas, iels peuvent stocker au sec leur précieux matériel : sacs de couchage, chaussures, produits d’hygiène, vêtements chauds, nourriture, tout le nécessaire pour assurer, chaque début de semaine, une aide complète aux plus démuni·es.

Essayage de chasuble. @ju_dcntz

Cette semaine, les bénévoles, inscrit·es au préalable le jeudi précédent sur le site internet des P’tits Gilets, sont accueilli·es par Jérémy et Florent, deux membres du bureau. Après la distribution de chasubles à l’effigie de l’association, les deux jeunes hommes expliquent aux douze personnes présentes le déroulement de la soirée. Beaucoup sont déjà venu·es une ou plusieurs fois donner de leur temps. L’adhésion à l’association est d’ailleurs obligatoire dès la deuxième maraude, pour des questions d’assurance ; le montant est libre et l’adhésion est valable pour une année.

Deux équipes sont formées afin de couvrir au mieux le centre-ville. Une première équipe se dirige vers Talensac tandis qu’une autre descend vers Commerce. Chaque semaine, le trajet reste le même afin que les personnes souhaitant recevoir de l’aide puissent facilement retrouver les bénévoles. En date du 17 avril, ce sont 913 personnes qui ont été aidées depuis le 1er janvier 2024, soit environ une soixantaine de personnes précaires par maraude.

Florent, membre du bureau de l’association des p’tits gilets en maraude. @ju_dcntz

Pendant près de trois heures, les bénévoles parcourent les rues de Nantes à la rencontre de celles et ceux qui les habitent. Certain·es viennent pour la soupe chaude, préparée gratuitement chaque semaine par un restaurateur nantais ; d’autres viennent récupérer un gel douche ou simplement échanger sur la pluie et le beau temps avec les bénévoles bienveillant·es. C’est d’ailleurs ce qui a directement plu à Florent : « On fait surtout du lien social, ce que ne font pas beaucoup d’assos, comme les Restos du Cœur qui font des distributions en points fixes à Talensac mais qui n’ont pas forcément beaucoup de temps pour discuter avec les gens. » La distribution de sacs de croquettes est également prévue, pour le plus grand bonheur des compagnons à quatre pattes des personnes à la rue.

Le compagnon à quatre pattes d’une personne à la rue. @ju_dcntz

Pour mener à bien sa mission, l’association compte sur la générosité de toustes. Même si elle reçoit une subvention de la région, qui doit être renouvelée chaque année, ce sont principalement les dons des particuliers qui permettent aux P’tits Gilets de poursuivre leur action tout au long de l’année. L’engagement de chacun·e varie selon ses possibilités : il est possible de participer à une maraude, de faire un don matériel de produits de première nécessité, ou encore de contribuer financièrement pour compléter leurs paniers et préparer les sandwichs.

Au-delà des maraudes, les P’tits Gilets organisent également des moments conviviaux, comme le tournoi de Skyjo au Bar des Petits Pavés le 6 avril, ou encore le vide-grenier qui aura lieu le 12 mai sur la place Viarme. L’ensemble des bénéfices générés par la buvette et le prix des places seront reversés à l’association.

Plus vite, plus fort, et à plus grande échelle : c’est dans l’idée de se construire comme journaliste et faire porter la voix des autres qu’elle a rejoint Fragil.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017