« La fabrication d’un appareil numérique utilise autant d’énergie que l’usage de celui-ci », expliquait Clémentine Delphin, consultante spécialisé en RSE (responsabilité sociétale des entreprises) et intervenante lors de la présentation « ACV, un outil pour quantifier l’impact environnemental du numérique ». Organisé dans le cadre de la Nantes Digital Week, cet événement destiné aux professionnel·les a accueilli mercredi 25 septembre une dizaine de personnes dans la Galerie du Zéro Déchet à Nantes.
Une présentation sur l’impact environnemental du numérique
Portée par le collectif Nantes Numérique Responsable grâce à Clémentine Delphin et Guillaume Wolf, consultant en réduction d’empreinte environnementale liés aux activités numériques, cette présentation avait pour but de montrer concrètement l’impact environnemental du numérique. Les intervenant·es ont rappelé l’aspect matériel du numérique en évoquant entre autre que « la fabrication pèse lourd sur le climat et les ressources en métaux », et que les terminaux « ont le plus gros impact sur tous les facteurs environnementaux ». Chose en partie due au fait que « le recyclage ne fonctionne pas bien ». Cette présentation portait bien son nom puisque les intervenant·es ont réalisé l’ACV (Analyse du Cycle de Vie) d’un mail pour chiffrer l’impact environnemental d’un courriel. Ils ont fini par dresser le tableau de l’empreinte environnementale du numérique en France avant de conclure par le triste constat que comme partout, « les impacts environnementaux sont en augmentation continue ».
Une édition avec « de la discussion »
Après une heure de présentation, presque ininterrompue à part un court débat entre un participant et Guillaume Wolf qui dit : « le nucléaire est décarboné », plusieurs participant·es restèrent discuter. Une atmosphère propice aux échanges aussi observée dans d’autres événements de la Nantes Digital Week, selon Virginie Priou, coordinatrice de l’équipe organisant le festival : « Je suis allée principalement dans les évènements professionnels et ce que je constate c’est que le public pose pas mal de questions, il y a de la discussion […] donc tout ça, ça nous paraît assez positif dans l’appréciation de l’événement ». Une Nantes Digital Week qui rend ses « contributeurs satisfaits », pour celle qui attend 7000 participants aux événements professionnels (1000 de plus que l’année dernière) et qui nous annonce « être plutôt optimiste » pour cette 10ème édition.
« Mesurer n’est pas forcément synonyme de changement »
Cependant, autant d’échanges lors de ces événements informant sur le numérique responsable amènent-ils réellement à des changements chez ces professionnels ? Pour Frédérique, participante lors la présentation du mercredi 25 septembre et déjà formée à l’ACV, « mesurer n’est pas forcément synonyme de changement ». Employée dans le milieu bancaire où cet outil est déjà utilisé du fait « d’obligations légales », elle indique aussi que « mesurer est nécessaire pour réduire mais que dans le monde des entreprises, ce n’est pas gage de décroissance ».
Un témoignage qui fait écho à une enquête de Juliette Duquesne dans laquelle un ancien employé d’une multinationale soi-disant experte en numérique vert « prétendait aider à réduire les émissions de carbone », alors qu’elle aidait seulement à les tracer.
Sensibiliser à la mesure de l’impact environnemental du numérique pour « savoir où mettre son énergie »
Loin d’être utopiste, Guillaume Wolf, ne se voile pas la face : « il peut y avoir des retombées concrètes en parlant à des professionnels mais ça n’arrive quasiment jamais ». Avec cette présentation, Guillaume Wolf et Clémentine Delphin affichent surtout deux objectifs : « sensibiliser au numérique responsable sous différents formats tout en se formant », et « se faire connaître et valoriser leurs/nos activités ». Pour Clémentine Delphin, apprendre à mesurer l’impact environnemental du numérique est « une première étape […] qui permet de savoir où est-ce qu’il faut mettre son énergie ».
Une nouvelle politique publique pour le numérique responsable
Partenaire majeur de cet événement, Nantes Métropole a aussi un rôle à jouer pour l’application concrète d’une sobriété numérique sur le territoire. Interrogée sur l’implication de la métropole sur cette question, Louise Vialard, élue aux mutations économiques pour la métropole, nous avoue trouver, l’actuelle feuille de route pour le numérique responsable « très légère », en dépit de « quelques engagements ». Malgré ça, celle qui est aussi élue à la ville de Nantes au numérique responsable, à l’open-data et à l’e-citoyenneté, annonce une nouvelle feuille de route « beaucoup plus fournie », qui sera présentée fin d’année, au conseil métropolitain.