9 octobre 2024

Numa, la ville comme terrain de jeu

Numa a de la chance. Et c’est lui qui le dit. Chance d’avoir grandi dans un environnement militant, chance d’entreprendre et de se lancer dans des activités qui l’inspirent, chance d’aller à la rencontre de personnes ou de lieux qui le font sortir des sentiers battus grâce à son parcours de journaliste. Il se fait confiance, pousse les portes et nous, on a envie de le suivre.

Numa, la ville comme terrain de jeu

09 Oct 2024

Numa a de la chance. Et c’est lui qui le dit. Chance d’avoir grandi dans un environnement militant, chance d’entreprendre et de se lancer dans des activités qui l’inspirent, chance d’aller à la rencontre de personnes ou de lieux qui le font sortir des sentiers battus grâce à son parcours de journaliste. Il se fait confiance, pousse les portes et nous, on a envie de le suivre.

Il pédale à toute vitesse et arrive tout sourire à la terrasse où l’on s’est donné rendez-vous.

Pur produit local, Numa grandit à Trentemoult, puis Rezé, où entouré de sa famille et de ses proches, il façonne son chemin dans la sérénité. Et à vélo. Son expérience en service civique à Fragil lui permet de se déplacer et de déambuler dans la ville, à la rencontre des personnes qu’il interviewe dans le cadre de ses reportages.

Ses pas vers le journalisme

Ce mordu de sport assouvit sa soif du mouvement par le BaskIn, discipline inclusive, variante du basket qui permet à des personnes valides et en situation de handicap de jouer ensemble. En dessinant les règles sur un bout de papier, il raconte ses tournois à Lyon, en Italie, contre la Serbie ou l’Allemagne et toutes les rencontres que lui a permis son engagement dans son club. Mais il n’en fait pas pour autant le coeur de son approche journalistique : « J’aimerais parler d’autres choses et me former à l’environnement, aux luttes, avoir cette culture militante ». Porté notamment par l’énergie de sa famille, heureux d’en avoir conscience, il s’interroge sur les possibilités de faire bouger les lignes. En troisième année de licence d’Info-com, il a eu un déclic et a voulu se spécialiser dans le journalisme pour « aller à la rencontre des gens, leur parler et les faire parler ».

La nature dans la ville

Quand il ne planche pas sur ses articles, il va se dépenser sur les terrains de foot et de basket d’extérieur et préfère sortir dans les espaces ouverts, comme les 40 Pieds, guinguette saisonnière où il a travaillé, ou le Petit Café à Rezé, bar associatif avec son grand jardin. Pour lui, le vrai plus de la ville c’est la proximité à la mer mais aussi la Loire, qui l’accompagne au fil de ses déambulations. Il reconnait la magie des Machines de l’Ile, qui « bien que touristiques, sont aussi lunaires, un peu à l’image de Nantes où on peut trouver tout et son contraire. » Il regrette seulement que la ville ne soit pas plus végétalisée, sur les façades des nouveaux immeubles ou sur la nouvelle place du Commerce, qui reste goudronnée.

Le journalisme local lui offre l’opportunité de mieux explorer sa ville tout en sortant de sa zone de confort, ce qui, comme on l’a compris, constitue le moteur de Numa.

À l'image de sa "to-do-list", de cet été, le parcours de Marion "ne fait que de s'allonger". Hier chargée de production dans l'audiovisuel et aujourd'hui journaliste pour Fragil, cette rennaise d'origine aime "la nouveauté", et n'a de cesse de sortir de sa zone de confort.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017