17 octobre 2024

« Call Me », une webradio créée par des DJ pour mettre en avant la scène locale

Tommy et Éloïse, deux DJ, ont ouvert en septembre "Call Me", une webradio originale qui a la particularité d'être à la fois ouverte à tous·tes rue Léon Blum et diffusée en live sur Twitch

« Call Me », une webradio créée par des DJ pour mettre en avant la scène locale

17 Oct 2024

Tommy et Éloïse, deux DJ, ont ouvert en septembre "Call Me", une webradio originale qui a la particularité d'être à la fois ouverte à tous·tes rue Léon Blum et diffusée en live sur Twitch

« On met en avant des DJ de la scène locale », expliquent Tommy et Éloïse, créateur·ices de la nouvelle webradio « Call Me », rue Léon Blum à Nantes. Elleux-mêmes ancien·nes DJ, iels ont décidé de « toujours rester dans la musique », mais cette fois-ci « faire rayonner ceux qui n’en n’ont pas la chance », en leur offrant de la visibilité à la fois avec leur local donnant sur rue et une diffusion en live sur Twitch.

Si l’année dernière, iels diffusaient tous les mercredis depuis le 44 Tours, un bar-disquaire sur l’Île de Nantes, « ça a pris une telle ampleur » qu’iels ont ouvert, début septembre, ce lieu pignon sur rue ouvert à tous·tes de 10h à 19h du lundi au samedi.

Créer une radio pas comme les autres

« On voulait absolument une vitrine, un peu comme la Red Light Radio à Amsterdam », webradio de référence pour le duo, « où on peut se poser devant et simplement écouter ». Des tables seront disposées à l’avenir au pied de la devanture pour créer un espace terrasse, d’autant plus que « vu que la rue est piétonne, ça incite à découvrir », détaille Tommy. « Faire profiter », c’est aussi le souhait d’Éloïse, car à l’inverse des radios classiques en studio, tout passant peut entendre la musique directement depuis la rue grâce à des enceintes placées à l’extérieur. « Il y a des gens qui passent juste, d’autres qui s’arrêtent, ça devient un lieu de connexion », surenchérit-elle.

Pour prolonger cette idée de partage, iels ne se sont pas arrêtés à un lieu : « Call Me », c’est avant tout une webradio. « Diffuser sur Twitch permet de créer une carte de visite pour les artistes », explique Tommy, d’autant plus que toutes les performances sont disponibles en rediffusion.

Visibiliser la scène nantaise émergente sur place et sur internet

« On essaie vraiment de rendre ce monde accessible, pas que des gens de la musique qui traînent entre eux », font comprendre les deux ancien·nes DJ. La programmation est d’ailleurs très variée pour permettre aux artistes de se rencontrer, ainsi « les gens discutent ensemble et créent des liens qu’ils n’auraient pas fait ailleurs ».

« Rendre la musique moins élitiste »

« Il y a un vivier autour de nous à Nantes, donc on avait envie de mettre en place un truc pour que tout le monde se rencontre, et je trouve ça trop bien de tous se réunir », constate Éloïse. À côté des DJ sets, il est également possible de proposer des émissions, et ce via le formulaire d’adhésion à l’association, proposant un forfait trimestriel. Certains formats comme des podcasts peuvent même être préenregistrés, comme c’est déjà le cas pour la diffusion nocturne des archives du Macadam. Ces adhésions servent ensuite à financer le local ou des évènements, comme leur soirée de lancement samedi 19 octobre au Ohm Town.

Le groupe Tansiut Tone diffusait à Call Me Radio le 14/10/24

Être dans l’ombre pour mettre en lumière les autres« Nous on a créé la structure, on est dans l’ombre, et l’idée c’est que les gens aient accès à une radio qui devient la leur le temps d’une heure », expliquent-ils. Un format assez spécifique, sans supervision ou contrôle des gérants et ouvert à tous·tes quel que soit l’expérience. « C’est amateur, ce qui nous différencie d’un bar c’est que peu importe si tu es connu ou pas, tu peux venir », rajoute Tommy.

Les deux DJ ne s’attendaient cependant pas à prendre une telle ampleur si rapidement, ce qui ne manque pas de réjouir Éloïse : « 155 personnes ont déjà rempli le formulaire, c’est énorme ! ». Même si le monde du son est très masculin, Tommy déplore tout de même que la grande majorité des demandes proviennent d’hommes. Dans leur lignée de laisser sa chance à tout le monde et de promouvoir ceux qui n’ont pas la chance de l’être, les femmes seront alors « prioritaires sur les prochains plannings ».

Informations complémentaires

  • 9 Rue Léon Blum, 44000 Nantes
  • Ouvert à tous·tes du lundi au samedi de 10h à 19h
  • Site Web

Volontaire en service civique cette année à Fragil, Enora est passionnée de littérature, d'histoire, de cinéma... Son objectif est de devenir journaliste culturelle !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017