14 novembre 2024

Entre le catch et le dessin, l’humour incisif de la FOCDAMN

La Fédération Officielle de Catch de Dessinateurs à Moustaches était en représentation le samedi 12 octobre lors de L'Été Indien aux Nefs : l'occasion de découvrir cette compagnie déjantée, son univers et ses frasques.

Entre le catch et le dessin, l’humour incisif de la FOCDAMN

14 Nov 2024

La Fédération Officielle de Catch de Dessinateurs à Moustaches était en représentation le samedi 12 octobre lors de L'Été Indien aux Nefs : l'occasion de découvrir cette compagnie déjantée, son univers et ses frasques.

La FOCDAMN (Fédération Officielle de Catch de Dessinateurs à Moustache), était invitée par Les Machines de l’Ile à l’Été Indien aux Nefs le samedi 12 octobre pour une représentation inédite où Fragil a eu l’occasion de rencontrer quelques-un·es de ses membres pour en apprendre plus sur ce collectif nantais totalement déjanté.

Les catcheur·euses en pleine improvisation sur les thèmes donnés par le public. ©Emeline Cacitti

La soirée commence par une distribution de tracts afin que le public puisse participer au show, en proposant des thèmes autour desquels les catcheur·euses devront dessiner durant des matchs de catch où tous les coups sont permis. Les spectateur·ices devront également voter à la fin de chaque combat pour désigner l’équipe qui repartira avec le titre à la fin de la soirée. Le tout mis en musique par deux DJ et animé par deux excentriques présentateur·ices : Victor Suprême, en arbitre-commentateur et Vanessa Drucker, présente au plus près de la foule pour nous donner la température de la soirée.

La volonté de réinventer l’art du dessin

L’arbitre de ces improbables rencontres nous explique comment l’idée de mixer le catch et le dessin a germé : “Au début, il y avait l’idée motrice de dessinateurs qui voulaient improviser sur du dessin, et qui avaient trouvé une bonne excuse pour monter sur scène bourrés et dessiner sur grand format.”. Actuellement, la fédération est en plein processus de professionnalisation : “Ça fait 7 ou 8 ans qu’on commence à avoir une équipe un peu stable […]. On a mis du temps à trouver cette rigueur et une harmonie d’équipe, on fait un spectacle ensemble, où toutes les parties sont importantes.”. Et cette harmonie se ressent sur scène, où l’on a vraiment l’impression de voir une bande de potes dans leur délire, avec une énergie qui se transmet au public.

Un final en grande pompe pour la FOCDAMN.

 

La FOCDAMN, qui fêtait récemment ses 18 ans, a réussi à exporter son concept unique dans tout l’hexagone et également en Belgique et en Suisse, où d’après leurs dires, on ne veut plus entendre parler d’eux : “Ils ont trop d’argent et sont trop à droite !” nous avoue en rigolant Vanessa Drucker. Il est vrai qu’il n’y a aucun sujet tabou sur scène et personne n’est épargné : le public, les organisateurs, les personnalités politiques… Iels nous expliquent que le collectif s’est par exemple retrouvé blacklisté d’un gros festival de métal de la région nantaise, qui, toujours selon leurs propos, en plus de les sous-payer, n’aurait pas apprécié leur humour subtil … “N’importe quel gros festival commence à puer la merde au bout d’un moment parce que c’est trop gros, parce que c’est la monnaie qui passe en premier lieu.” , termine le présentateur de la soirée.

Une troupe potache mais engagée

En ce qui concerne leurs prises de position sur scène, Victor Suprême développe : “Généralement ça surfe sur l’actualité, donc inévitablement ça prend un peu parti. Et là c’est vrai qu’étant donné ce qu’il se passe actuellement il y a un positionnement, forcément.” Avant que Vanessa Drucker ne rajoute : “On est juste des artistes et des intermittents, donc on est les premiers impactés par ça [la situation politique actuelle]. Du coup, si on peut se permettre de prendre la parole sur un plateau et de faire des blagues avec la politique et aussi de cracher de manière outrancière sur ce qu’il se passe en ce moment en France, on le fait.”

“Programmez nous, on va se marrer !” nous lance la présentatrice pour finir. Un concept hors du commun, à découvrir à tout âge grâce à leur version adaptée aux enfants, et à volonté, du fait que le spectacle soit réécrit entre chaque représentation.

Originaire de Normandie, Bastien a grandi dans le vignoble nantais. Après des premiers pas en médecine, c’est finalement vers des études de géologie qu’il se dirige. Passionné du vivant et de la terre (il avoue avoir une collection de pierres depuis tout petit !), Bastien ressent le besoin de s’engager pour penser et changer le monde de demain.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017