31 octobre 2024

Youssef Swatt’s, vainqueur de Nouvelle École, accueilli par le public nantais en artiste accompli au Décadanse

Youssef Swatt's est le rappeur francophone qui a remporté la finale de la saison 3 de l’émission Nouvelle École produite par Netflix. Le jeudi 24 octobre, il est venu faire son premier concert à Nantes dans le cadre intimiste du Décadanse. Le public nantais l’a accueilli en artiste accompli.

Youssef Swatt’s, vainqueur de Nouvelle École, accueilli par le public nantais en artiste accompli au Décadanse

31 Oct 2024

Youssef Swatt's est le rappeur francophone qui a remporté la finale de la saison 3 de l’émission Nouvelle École produite par Netflix. Le jeudi 24 octobre, il est venu faire son premier concert à Nantes dans le cadre intimiste du Décadanse. Le public nantais l’a accueilli en artiste accompli.

Le jeudi 24 octobre, il est 19h, le Décadanse, lieu de vie artistique éphémère à Nantes, est encore vide. Assis sur la terrasse colorée, le lyriciste belge nous confie ne pas avoir le temps de découvrir la ville, demain départ dès l’aube pour un concert à Rennes. « J’ai vu la salle, c’est très petit, très intimiste, j’aime bien. Depuis début septembre, on est en tournée dans plein de salles de ce calibre là […] c’est cool parce que ça permet de prendre la température après Nouvelle École, de rencontrer le public ». Nouvelle École, c’est le nom d’une émission Netflix qui met en scène un concours entre rappeurs émergents, leur offrant une grande visibilité. Le 21 juillet 2024, Youssef Swatt’s a remporté la finale de la saison 3 avec son titre « Générique de fin » (qui dépasse désormais les 8 millions d’écoute sur Spotify). Né en 1998, il a commencé le rap à 14 ans et a connu « des petits momentums mais jamais d’un calibre aussi gros ».

Ce jeudi 24 octobre, c’est son premier contact avec le public nantais, et, alors qu’il se produit sur la scène du Décadanse, il est à seulement un mois de son premier Bataclan.

L’interview avec Youssef Swatt’s sur la terrasse colorée du Décadanse

Malgré cette consécration, le jeune artiste a conservé les dates prévues en amont de sa victoire. « Ça fait du bien de revenir à des plus petites salles parce que ça te permet de jouer des titres que tu ne joues pas forcément en festival, des titres plus calmes », il promet même du piano-voix. Pour le rappeur, les concerts sont le thermomètre des gens qui te suivent réellement. Il prédit un public varié avec des gens qui le connaissent depuis tout petit, d’autres depuis la sortie de son album Poussières d’Espoir en 2020 et ceux qui le connaissent de Nouvelle École.

Des fans des premiers instants venus partager un moment privilégié

A 20h, le Décadanse s’éveille dans toute sa splendeur : une nouvelle fanfare métal répète, une réunion d’Oxfam se met en place, des étudiants rejoignent leur soirée d’intégration… Difficile de distinguer le public du rappeur dans toute cette effervescence nantaise. Lucie, une fan des premiers jours, est postée devant l’entrée, hors de question qu’elle ne soit pas tout devant. « Je n’ai même pas regardé l’émission, j’avais déjà ma place prise depuis longtemps » me confie-t-elle fièrement, avant d’ajouter « c’est le moment de le revoir avant qu’il fasse des grandes salles et qu’il soit hyper connu ». Comme elle, Tony et Bastien l’avaient découvert en première partie du concert de Gaël Faye, marqués par sa nouveauté de l’époque « Remonter le temps ».

D’autres dans la salle ont rencontré le rappeur au Demi-festival à Sète, et partagé des sessions de freestyle sur le parking du Théâtre de la Mer, dont Kévin. Cet habitué des concerts de rap à Nantes, il s’étonne de ne pas reconnaître le public dans la salle, et conclut « une majorité vient de Netflix je pense ». Julia et Euzhan font partie de ce public qui a détecté le talent de Youssef Swatt’s en avance, et elles se réjouissent de cette exposition « c’est vraiment notre style de rap, c’est cool qu’il puisse être connu par le grand public grâce à ce type d’émission ».

Il y a une bonne ambiance dans la salle du Décadanse

Un « style de rap » qui rassemble le public nantais

Pour Julie, les performances du jeune rappeur sont une madeleine de Proust : « Je suis des années 90, ça m’a rappelé ce que j’écoutais plus jeune, je viens en totale découverte ». Effectivement, comme elle, une bonne partie des Nantais·es présent.es (2/3 des personnes interrogées) a découvert la plume de Youssef Swatt’s avec l’émission Nouvelle École. Tenté·es par une publicité sur leur plateforme de musique ou piqué·es par la curiosité, d’autres se sont même rué.es sur la date pendant la finale pour le voir de près avant l’explosion du calibre de ses dates.

C’est le cas d’Agathe et Jeanne, qui affirment que « ce qu’il a donné dans Nouvelle École ça suffit pour aller le voir et le découvrir ». Thomas et Cassandre connaissent bien la salle du Décadanse et son ambiance « hyper intimiste », pour eux c’est un cadre optimal pour « le découvrir et se mettre dans des ambiances d’album par le live ». Au-delà d’être le nouveau vainqueur de Nouvelle École, Youssef Swatt’s a convaincu par sa plume et son authenticité. Tom résume « je sais que je vais voir un gars qui rappe bien, dans une petite salle, donc l’ambiance va être bonne ».

L’artiste discute avec son public, le cadre intime favorise la complicité

Un concert équilibré, un artiste complet

Comme une réminiscence, le concert s’ouvre sur le titre proposé par le rappeur lors de la première épreuve de l’émission Netflix. Alors qu’il enchaîne sur « Je ne sais pas faire de refrain », un cauchemar se réalise : le micro se coupe net. L’artiste a du répondant, il déclare « ils m’ont envoyé à la guerre sans balle » et raille gentiment l’ingénieur son.

Youssef Swatt’s constate que le micro n’a plus de piles

Une fois les piles changées, le concert reprend sur un morceau avec Clara Luciani, sa contribution à la bande originale de la comédie musicale La Haine. Youssef Swatt’s est le vainqueur de Nouvelle Ecole, il assume et il en joue. Il demande au public de se mettre dans la peau du jury pour évaluer ses exclusivités. Il sait tout faire et il le prouve, du piano voix à la drill en passant par des sonorités jazz et soul, le texte est précis et perçant. Le public s’enflamme sur « Personne », les mains se lèvent pour « Remonter le temps » et déjà c’est l’heure de lancer « Générique de fin ». C’était son premier concert à Nantes, le public nantais a validé, un signal pour la scène nantaise de faire honneur à ce style de rap.

Les mains se sont levées et sont restées levées sur tout le titre « Remonter le temps »

Fraichement nantaise, Clara, à la personnalité engagée et avide de découverte, écrit sur sa nouvelle ville d'adoption dans laquelle elle se reconnait pleinement.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017