6 novembre 2024

Ciné-concert « Robocop » : harmonie entre le groupe Fragments et le public des Utopiales

Pour l’inauguration du festival des Utopiales le 30 octobre, le groupe Fragments a revisité la bande-son du dystopique film Robocop de 1987 de P. Verhoeven. Un format qui fait partie de l’ADN du groupe instrumental depuis déjà quelques années et qui a plu au public nantais.

Ciné-concert « Robocop » : harmonie entre le groupe Fragments et le public des Utopiales

06 Nov 2024

Pour l’inauguration du festival des Utopiales le 30 octobre, le groupe Fragments a revisité la bande-son du dystopique film Robocop de 1987 de P. Verhoeven. Un format qui fait partie de l’ADN du groupe instrumental depuis déjà quelques années et qui a plu au public nantais.

« La Science Fiction, c’est ce qui nous anime tous les trois », s’exclame passionnément Benjamin Le Baron, claviériste du groupe, avant d’entrer sur scène pour l’inauguration des Utopiales avec leur ciné-concert. Fragments est un groupe nantais formé en 2012, d’abord inscrit entre le post-rock et l’électronica avec notamment leur premier album, Imaginary Seas (2016). Le groupe a progressivement évolué vers des sons plus électro pour accompagner des productions cinématographiques connues du grand public. Entre 2018 et 2022, le groupe s’est ensuite lancé dans une tournée de ciné-concerts sur le film Fargo des frères Cohen et pour publier un disque, Songs For Mage (2018), en référence à leur tournée.

Un groupe qui allie musique et arts visuels

Cette première expérience du ciné-concert a été un déclic pour Fragments, qui ne perçoit désormais plus son avenir sans réessayer avec d’autres films : « Fragments, on ne le conçoit plus trop sans support visuel, sans un dessin ou encore sans un film » précise Tom Beaudouin, guitariste du groupe. La sortie du livre CD Amasia, avec la collaboration du dessinateur nantais Flobath, en fut la confirmation. En 2023, Fragments lance alors sa nouvelle tournée, qui débute à Rennes dans le cadre du festival Travelling pour faire partager leur univers musical au travers du film Robocop de 1987 de P. Verhoeven.

À travers leur musique instrumentale, le groupe veut redonner vie à des films cultes et espèrent « réinventer le concept de concert, de performance, et trouver des lieux qui s’y prêtent aussi », confie Antoine Gandon, à la boîte à rythme. Ce dernier exprime un rictus complice quant au choix du film Robocop de 1987 : « c’est le seul qui est bien , qu’on peut prendre au sérieux ». Ce 30 octobre, ils l’interprètent à la Cité des Congrès.

Cité des Congrès – Rencontre avec Fragments. De Gauche à droite : Antoine Gandon, Benjamin Le Baron et Tom Beaudouin, 30/10/2024

Fragments et Nantes, un lien privilégié

Avant d’entrer en scène, les artistes reviennent sur leurs impressions, partagées entre la crainte de décevoir et l’excitation de jouer à la Cité des Congrès : « on n’aurait jamais imaginé jouer dans la Cité des Congrès, c’est une occasion spéciale et j’espère qu’il y aura du monde », avoue Antoine.

La rencontre entre Fragments et Les Utopiales semblait être une évidence cette année, comme l’explique le guitariste Benjamin : « Cette année, ça c’est fait parce que le thème de Robocop parlait plutôt bien à la programmation». Présenter une œuvre cinématographique qui répond à l’une des nombreuses thématiques abordées au festival est une opportunité pour le groupe, souligne Antoine : « Robocop est intéressant d’un point de vue politique, le film propose une vision sombre du monde ». En effet, un des sujets centraux de l’œuvre est la banalisation des violences policières comme seule remède au rétablissement de l’ordre.

Le ciné-concert aux Utopiales a aussi été pour Fragments l’occasion de fêter des retrouvailles avec un public nantais qui ne leur était pas totalement étranger, comme le confie fièrement Benjamin: « Cela nous fait plaisir, beaucoup de connaissances vont être là : nos parents, nos amis, des personnes avec qui on travaillait auparavant ». Mais la majorité des auditeur·ices ont des attentes différentes, rappelle Tom : « il y a des gens qui ne sont pas seulement là pour le ciné-concert et on espère réussir à les accrocher, c’est cool de jouer devant des nouvelles têtes ». Toutefois, la priorité de Fragments est de poursuivre leur tournée du ciné-concert sur Robocop : « on refera un ciné- concert à Nantes seulement s’il y a une grosse demande du public ».

Cité des Congrès, Grand Auditorium – Vue sur la fin du Ciné Concert du film Robocop avec Fragments aux instruments, 30/10/2024

Un public sensible au voyage instrumental de Fragments

L’afflux massif des gens entrant dans le Grand Auditorium de la cité des Congrès (une capacité de plus de 1950 sièges) pour la diffusion du film Robocop n’a laissé planer aucun doute sur l’engouement pour cet évènement. Encore moins lorsqu’on a appris par les membres du festival que la salle était complètement remplie. Tandis que la séance se terminait, une grande majorité du public a applaudi le trio instrumental et a salué la performance artistique.

Cité des Congrès, Grand Auditorium – Le trio de Fragments remercie le public, 30/10/2024

Parmi les spectateur·ices, on retrouvait des personnes qui ont pris part au voyage musical proposé par Fragments, comme Jérôme : « C’était vraiment super, le groupe que j’ai découvert, apporte vraiment une autre vision au film ». D’autres encore ont insisté sur l’approche originale et inédite proposée par le groupe pour mettre en valeur un film souvent décrié pour sa violence : « Ils ont réussi à capter quelque chose dans le film de Verhoeven, la musique de Fragments apporte une dimension émotionnelle plus recherchée, on comprend plus les sentiments du héros et son rapport à sa famille » analyse Mathieu. Parmi le public, certain·es connaissaient déjà le groupe pour les avoir vu jouer au Parc de l’Antipode à Rennes en 2023, mais ressortent tout de même bluffé·es de cette performance :

« À Nantes, il y avait vraiment un côté immersif et grandiose »

Professeur d’histoire-géographie, Pierre observe avec curiosité les changements de sa ville natale. Entre ses promenades à Chantenay, sa passion pour le backgammon et ses racines iraniennes, il explore à sa manière l’histoire et la culture.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017