20 novembre 2024

Maison Fumetti, cœur battant de la bande dessinée et des arts visuels nantais·es

Véritable laboratoire de création et d'expérimentations, Maison Fumetti œuvre, depuis 2015, pour promouvoir une scène de la bande dessinée et des arts visuels vivante, locale, et accessible à tous. Installée dans les étages de la Manufacture, l'association multiplie les initiatives pour mettre en avant les nombreux·ses artistes locaux. Prochain rendez-vous ce samedi 23 novembre à Stereolux pour le Fumetti All Stars 2024.

Maison Fumetti, cœur battant de la bande dessinée et des arts visuels nantais·es

20 Nov 2024

Véritable laboratoire de création et d'expérimentations, Maison Fumetti œuvre, depuis 2015, pour promouvoir une scène de la bande dessinée et des arts visuels vivante, locale, et accessible à tous. Installée dans les étages de la Manufacture, l'association multiplie les initiatives pour mettre en avant les nombreux·ses artistes locaux. Prochain rendez-vous ce samedi 23 novembre à Stereolux pour le Fumetti All Stars 2024.

L’association est installée depuis septembre 2016 à la Manufacture des tabacs, 6 cour Jules Durand à Nantes, dans des locaux alloués gracieusement par la mairie de Nantes et partagés avec la bibliothèque municipale. Si Thomas Brochard et Cassandre Thiénot, rencontré·es dans leurs bureaux en cette journée d’automne, sont tous les deux salarié·es, coordinateur·rices et référent·es polyvalent·es au sein de l’association, le fonctionnement de Maison Fumetti repose sur l’implication de nombreux·ses bénévoles et partenaires.

Maison Fumetti a été pensée comme « un outil pour aider cette scène (de la BD et des arts visuels) à se fédérer et à se consolider, et la rendre plus visible auprès du public. » raconte Thomas Brochard, membre actif de l’association depuis les débuts. Le projet a toujours intégré les parties prenantes (auteur·trices, maisons d’éditions, écoles d’art, libraires…) avec pour volonté « qu’il soit accessible aux gens, au public comme aux auteurs ».

« On voulait monter un vrai lieu de création, on ne voulait surtout pas être un musée de la BD. Il fallait vraiment que ce soit en lien avec les gens qui le font, à l’extérieur, ou ici sur place. » , revendique Thomas.

Thomas Brochard et Cassandre Thiénot devant « la Case » : un micro espace d’exposition d’1m2 à l’entrée de la Manufacture, pour mettre en avant le processus créatif d’une œuvre ou d’un artiste, au rythme d’un artiste différent chaque mois. Photo © Amandine Masson

Un panel de services et d’actions variés

Dans la boîte à outils de Maison Fumetti, un grand nombre de services et d’événements offerts pour rassembler comme l’apéro Manu Manu, qui réunit une fois par mois, de façon informelle, professionnel·les, étudiant·es et amateur·es. Des cours et ateliers ouverts à toutes et tous, une newsletter et des ressources professionnelles.
L’association fait aussi régulièrement de la mise en relation et recommande des artistes pour des demandes variées (conception de fresques, supports de communication événementielle, ateliers en médiathèque, …).
Au 2e étage de la manufacture, Maison Fumetti propose une résidence d’auteur·trices et un espace de travail partagé pour une poignée d’artistes, sur candidature : c’est l’atelier Manu Manu.

À l’Atelier Manu Manu, Karine Bernadou, Simon Chapelain et Tristan alias Tris Kotro, tous les trois auteur·ices-dessinateur·ices, bénéficient d’un poste de travail gratuit pour avancer et finaliser leurs projets d’édition respectifs, en contrepartie de leur investissement dans l’association.
Pour Karine Bernadou, Maison Fumetti offre « un équilibre au sein de l’atelier entre des personnes plus expérimentées et d’autres qui commencent, qui est de l’ordre de la transmission ».
« J’étais sur un projet de BD qui était très long, commencé depuis 5 ans », confie-t-elle, « j’avais envie d’un peu de soutien sur le projet, et souvent on n’est pas fortement rémunéré donc c‘était aussi pour moi une façon de trouver du soutien financier. »
Des conseils, de la méthodologie, des contacts, une énergie de groupe, ce sont principalement ce que sont venus trouver les 3 artistes en rejoignant l’atelier, pour qui la pratique en solitaire pouvait peser.
« On a quand même l’impression d’être un milieu de quelque chose en émulation. Ça fait vraiment sortir de son bureau et ça montre à voir le métier de façon différente. » confirme Tristan.

Ambiance studieuse à l’atelier Manu Manu. Photo © Amandine Masson

Recherches graphiques de Karine Bernadou à l’atelier Manu Manu. Photo © Maison Fumetti

Deux événements festifs rythment l’année de l’association : au printemps-été, le Festival Fumetti, est « un temps fort pour concentrer toutes les activités de l’année, avec des auteur·trices de la région mais également extérieurs invité·es, avec des stands, des temps d’échanges » sur un weekend. C’est aussi « un laboratoire d’expérimentations, de création, qui permet aux artistes et au public de participer et créer ensemble. », rappelle Thomas Brochard.
En automne-hiver, le Fumetti All Stars est lui « une mise en avant d’une dizaine d’auteur·trices ou d’ouvrages locaux. C’est une rencontre du public autour du dessin, à travers plein de petites animations. »

Enfin, Maison Fumetti s’inscrit aussi dans un réseau national. On a « cofondé une fédération nationale de bande dessinée qui s’appelle le Club 99, parce qu’il y a plein d’enjeux à monter un festival, et notamment mettre en avant la création. Cela permet de mutualiser les moyens à l’échelle nationale. », explique Cassandre Thiénot.

Les talents nantais occupent désormais la place.

« Nantes est une place très vivante dans la BD et l’illustration. La place de la BD est plus importante qu’avant, qu’il y a 15 ans », affirme Thomas Brochard, « avec des formats variés, des spectacles dessinés. Plein d’événements, de revues, font appel à des illustrateur·rices de l’agglomération. Ce qui est super c’est que cela passe parfois par nous, pour du conseil ou du relais d’info, mais que ça s’auto-alimente aussi sans passer par nous. » Preuve du succès ; les commanditaires font aujourd’hui davantage appel aux artistes locaux alors qu’ils allaient souvent chercher des artistes parisien·nes auparavant.

Pour continuer à valoriser et faire connaître la scène locale, Maison Fumetti a un projet : « À terme on aimerait pouvoir avoir un lieu d’exposition physique qui montre la richesse de toutes ces personnes qui travaillent l’illustration ou les arts graphiques. » confie Cassandre. À la fois exposition tournante et permanente, ce lieu serait un clin d’œil au premier bédécédaire réalisé à la création de l’association. En attendant sa concrétisation, le petit bécédaire de Maison Fumetti revit au format numérique via un compte instagram dédié et régulièrement enrichi.

Le prochain rendez-vous de Maison Fumetti avec le public aura lieu ce samedi 23 novembre. Co-produit cette année avec Stereolux, le Fumetti All Stars 2024, qui se situe entre le festival et une « rentrée littéraire BD locale » invite à rencontrer 8 dessinateur·trices de l’agglomération nantaise au travers de performances dessinées et de concerts.
Au delà de l’événement festif de ce week-end, une actualité pourrait venir ternir l’horizon de Maison Fumetti et de nombreuses autres structures de la région Pays de la Loire : l’annonce d’importantes coupes budgétaires envisagées dans les secteurs culturel, sportif et social (égalité femmes/hommes). Une mobilisation est organisée lundi 25 novembre à 8h30 devant l’Hôtel de Région à Nantes.

 

Info pratiques : 

FUMETTI ALL STARS 2024
le samedi 23 novembre de 18h à 1h à Stereolux, Nantes
Programme détaillé

Maison Fumetti
6 cour Jules Durand, 44000 Nantes
www.maisonfumetti.fr
Page Facebook
Instagram : @maisonfumetti et @le.petit.bedecedaire


Photo de couverture :  Festival Fumetti 2024 © Maison Fumetti

Tout droit arrivée de Paris où elle a vécu les 15 dernières années, Amandine est à Nantes depuis seulement quelques mois. Pourtant, sa connaissance du calendrier culturel et son ancrage dans le quartier révèlent plutôt une femme capable de trouver toutes les occasions pour faire des rencontres et de s’imprégner de l'imaginaire nantais.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017