26 novembre 2024

Pour « toucher un public plus large », Durance et le CPNA organisent une rencontre avec Victor Castanet

La librairie Durance, qui a l’habitude d’organiser des rencontres avec des auteur·ices, s’est associée pour la première fois au Club de la Presse Nantes Atlantique (CPNA) pour la venue du journaliste Victor Castanet qui vient de sortir une nouvelle enquête. Pour les deux structures, parler d’actualité, c’est la possibilité d’élargir son public.

Pour « toucher un public plus large », Durance et le CPNA organisent une rencontre avec Victor Castanet

26 Nov 2024

La librairie Durance, qui a l’habitude d’organiser des rencontres avec des auteur·ices, s’est associée pour la première fois au Club de la Presse Nantes Atlantique (CPNA) pour la venue du journaliste Victor Castanet qui vient de sortir une nouvelle enquête. Pour les deux structures, parler d’actualité, c’est la possibilité d’élargir son public.

« Maintenant, on organise de plus en plus de rencontres autour des sciences humaines et de l’actualité », explique Delphine Ripoche, directrice adjointe de la librairie Durance. Et pour cause : jeudi 28 novembre, c’est Victor Castanet, journaliste ayant reçu le prix Albert Londres pour sa dernière enquête sur les Ehpad, qui sera reçu à Mediacampus pour un temps d’échange ouvert à tous·tes.

Dans une volonté de mieux encadrer cette thématique de l’actualité et d’élargir son public au-delà des lecteur·ices de la librairie, Durance s’est associée pour la première fois au Club de la Presse Nantes Atlantique (CPNA), une association regroupant une centaine de journalistes nantais·es.

Ce sera Samuel Hauraix, co-président du CPNA, qui encadrera le temps de rencontre de jeudi soir à l’occasion de la sortie récente de Les Ogres, une enquête cette fois-ci sur les crèches. Pour ce journaliste pigiste basé à Nantes, cette initiative a du sens car « une des missions de l’association est d’animer le débat sur la profession ».

« Ça faisait sens de se rapprocher »

Ce premier évènement concrétise alors le rapprochement récent entre les deux structures : « J’ai été contactée par Samuel Hauraix du CPNA parce qu’il voulait nouer un partenariat avec la librairie pour les adhérents », confie Delphine, qui lui a alors proposé « de construire ensemble des rencontres ». Ainsi, quand elle lui a parlé de la venue de Victor Castanet, « il était très intéressé pour être partenaire ».

Et si cette rencontre était plutôt logique pour le public de journalistes du CPNA, pour Delphine, il s’agit aussi de « montrer que la librairie est dynamique ». Ce temps aura lieu à partir de 19h à Mediacampus, dans les locaux du CPNA et non de Durance, « qui peuvent accueillir plus de monde » selon Samuel.

Dans la librairie, le livre est mis en avant sur les étagères – Photo : Enora Moreau

Lier plusieurs types de publics

Durance identifie par ailleurs sa clientèle comme de plus en plus sensible aux questions d’actualité : « il y a un vrai intérêt du public à rencontrer les auteurs, donc on répond à ce besoin là ». Elle prend notamment en exemple le succès la rencontre récente avec Anne Bouillon, avocate nantaise qui a écrit un livre sur les violences faites aux femmes, en disant que « ce temps avait beaucoup mobilisé les gens, on avait 130 personnes à peu près […] c’est énorme, d’habitude on a 20 ou 30 personnes, et on peut recevoir jusqu’à 70 ».

Samuel espère le même type d’engouement pour jeudi soir, où il aimerait « lier le public Durance avec le public CPNA ». La rencontre demeure ouverte à tous·tes au-delà des journalistes et des lecteur·ices de Durance, d’ailleurs l’école Audencia Sciences Com, située également dans les locaux de Mediacampus, a communiqué l’évènement à ses étudiant·es.

« Le public est plus large pour ce genre de rencontres »

Le succès de ce type de rencontres est aussi lié à la médiatisation des journalistes comparé à de la littérature plus pointue, rappelle Delphine : « le public est plus large pour ce genre de rencontre […] une enquête journalistique, c’est vraiment dans l’immédiateté, Victor Castanet, les gens en ont entendu parler ».

Pour jeudi soir, un temps d’échange entre l’auteur et le co-président du CPNA sera d’abord à prévoir, suivi de questions du public et d’une séance de dédicaces. Mais si la librairie a l’habitude d’organiser une à deux fois par semaine ce genre de rencontre, ce partenariat, « c’est une première », annonce la directrice adjointe du Durance… « Et c’est amené à se renouveler ! », escompte bien Samuel Hauraix.

Informations complémentaires

Volontaire en service civique cette année à Fragil, Enora est passionnée de littérature, d'histoire, de cinéma... Son objectif est de devenir journaliste culturelle !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017