31 janvier 2025

Double C, rappeuse nantaise engagée

Double C est une figure émergente du rap nantais. À l’occasion de la récente sortie de son 1er EP « Pas d’bol », Fragil a rencontré cette artiste engagée, avide de liberté et de justesse pour évoquer son collectif XXFLY, sa vision du rap et ses projets pour 2025.

Double C, rappeuse nantaise engagée

31 Jan 2025

Double C est une figure émergente du rap nantais. À l’occasion de la récente sortie de son 1er EP « Pas d’bol », Fragil a rencontré cette artiste engagée, avide de liberté et de justesse pour évoquer son collectif XXFLY, sa vision du rap et ses projets pour 2025.

L’artiste, originaire de Bourgogne, a commencé l’écriture pendant le confinement à Nantes. Produit du rap français du début des années 2000 et du rap US, elle y trouve ses inspirations en plus de la soul, du blues et du R&B. Imprégnée par cette culture hip hop, elle décrit le rap comme une musique de revendications et de militantisme. Passée par le milieu des médias et du documentaire, elle change de vie pour fuir le sentiment de perdre sa vie, le stress artificiel et « l’absurdité » du monde du travail, avec l’objectif de « regagner son temps ». Elle apprécie la liberté de cette vie d’artiste qui lui permet de faire des titres populaires et d’adresser ses messages au plus grand nombre.

Double C – Nantes, Photo Emeline Cacitti

Pour écrire, la rappeuse trouve d’abord des « prod » puis compose son texte. Elle laisse ses obsessions diriger son écriture en se laissant porter par ses émotions. C’est ainsi qu’on voit des thèmes revenir de manière récurrente dans son EP : le féminisme, le monde du travail, la liberté et la réalisation de soi.
De sa conception revendicatrice de la musique, Double C porte un regard critique sur l’industrie rap actuelle. Elle oppose le collectif porté par la culture hip hop à l’individualisme et « l’égo trip » porté par la culture rap mainstream. Tout en saluant les opportunités apportées par les succès commerciaux du rap, elle déplore que l’enrichissement de l’industrie ait conduit à des messages qu’elle juge parfois creux.

La force du collectif

C’est de ce désir de collectif que, début 2022, elle rejoint le xxfly_collectif, un collectif d’artistes musicales nantaises aux styles et inspirations variées. La diversité artistique de ce collectif permet à la fois un mélange de différents univers musicaux tout en favorisant la professionnalisation des artistes. C’est avec enthousiasme que Double C rappelle l’aspect original et féministe de ce collectif puisque les femmes restent sous représentées dans l’industrie du rap. En plus de ce collectif, la rappeuse a rejoint le projet Grand Bruit, là aussi, un collectif d’artistes nantaises. Avec la rappeuse Pumpkin à la tête de la direction artistique, on attend leur 1ère date : le 15 mars 2025 à l’Onyx (@theatreonyx) à Saint Herblain. Côté perso, Double C a participé au spectacle Peace and Lobe, prestation ayant pour but de faire de la prévention sur la santé auditive auprès des adolescents, à Saint Nazaire en décembre 2024. En parallèle, elle continue de travailler sur ses sons avec notamment le clip de Pas d’bol qui devrait sortir ce début d’année, six nouveaux sons et une mixtape qu’elle présentera aux nantais.e.s et au reste de la France en 2025. Une année riche en projets donc.

Double C en concert. Photo Bea Uhart

Berrichonne d'origine ayant pas mal vadrouillé, Émeline a emménagé à Nantes il y a deux ans pour des raisons professionnelles. Sa curiosité et son envie de découvrir Nantes autrement l'ont fait rejoindre l'équipe des rédacteurices bénévoles de Fragil pour pour cette nouvelle saison.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017