26 novembre 2024

Fumetti All Stars 2024 à Stereolux, des rencontres et des performances dessinées

Samedi 23 novembre avait lieu le Fumetti All Stars 2024, une soirée festive entièrement dédiée à la création de bande dessinée locale et récente. En organisant la soirée à Stereolux cette année, l'association Maison Fumetti espérait s’ouvrir à un plus large public.

Fumetti All Stars 2024 à Stereolux, des rencontres et des performances dessinées

26 Nov 2024

Samedi 23 novembre avait lieu le Fumetti All Stars 2024, une soirée festive entièrement dédiée à la création de bande dessinée locale et récente. En organisant la soirée à Stereolux cette année, l'association Maison Fumetti espérait s’ouvrir à un plus large public.

« Mon attente c’est que cela se mélange vraiment. On met de la musique dans le dessin et inversement, et on est toujours content quand les gens viennent découvrir un artiste auteur parce qu’ils viennent voir le groupe après, ou un livre jeunesse en venant voir un autre auteur. » confie Thomas Brochard, l’un des responsables de la programmation à Maison Fumetti.

L’événement réunissait cette année 8 artistes de la région : Arno Monin pour L’Adoption t5 (Bamboo), Delphine Perret pour Le gros livre (Les fourmis rouges), Pauline Ferrand pour Vivre la ville (Grasset), Diane Morel pour Le silence de Juju (Les éditions du Faubourg), Ana Pich’ pour Chroniques de l’injustice ordinaire (Massot), Vincent Sorel pour Martial Solal (Éditions du Layeur), Anna Conzatti pour Peindre avec les lions (Dargaud) et Adèle Verlinden pour Mojo cherche une cachette (Les fourmis rouges). Côté musique, les groupes Chocolat Billy et ScreenTest étaient programmés.

Un rendez-vous entre le dessin et la musique

Si l’édition 2024 a été co-produite et accueillie par Stereolux, ce n’était pas la première collaboration avec le lieu qui avait déjà accueilli l’exposition Papiers sonores et les 100 ans du catch à dessin il y a quelques années. Le Fumetti All Stars est un événement en parfaite cohérence avec la direction artistique du Sterolux qui promeut les musiques actuelles et les arts numériques.
« Il faut savoir que cela fait partie de notre projet de collaborer avec d’autres structures culturelles tout au long de l’année. Hier on accueillait les 3 continents (le festival), aujourd’hui c’est Maison Fumetti. On collabore avec le Pannonica, avec le Lieu Unique… » ajoute Pauline Schopphoven, administratrice de production à Stereolux. « Maison Fumetti a son public, qui répond à chaque fois positivement. » ajoute-t-elle.

Et en effet, ce soir là parmi les visiteur·euses, Clio et ses ami·es sont des habitué·es. « On n’est jamais déçu avec Maison Fumetti, on sait que l’on va passer une bonne soirée. » Voisine de la Manufacture des tabacs, Clio ne loupe pas un événement de l’association et participe régulièrement aux ateliers. Elle a d’ailleurs réservé sa place pour le prochain stage de fanfiction en bande dessinée, qui aura lieu à la fin du mois, et repart avec son exemplaire dédicacé des Chroniques de l’injustice ordinaire par Ana Pich, dont Fragil vous avait parlé.

La librairie Aladin était présente pour assurer une vente de livres sur place.

Dans un public 25-40 ans plutôt homogène, une famille, également voisine de l’association Fumetti, est venue pour les animations. L’occasion de nourrir l’intérêt de leur fils pour le dessin et de pouvoir interagir avec les dessinateur·trices présents. Sophie, elle, est venue spécialement voir le concert du groupe Chocolat Billy, il lui faudra finalement patienter jusqu’à la fin de soirée pour y assister. En attendant elle fait le tour des stands.

L’appel au rassemblement de ce lundi 25 novembre et la mobilisation contre les coupes budgétaires annoncées par la Région planaient également sur la soirée et revenaient dans la plupart des conversations. Dans ce contexte, maintenir cette soirée d’échanges, et les événements culturels en général, représentait un acte engagé et social.

Une volonté de grande diversité

Chaque année, l’événement met en avant une dizaine d’auteur·trices ou d’ouvrages de bande dessinée et d’arts visuels, avec pour objectif de « faire tourner les artistes » de la scène nantaise qu’iels soient auteur·trices confirmé·es ou non. Les gros éditeurs côtoient l’auto-édition et une place est également donnée à l’illustration jeunesse. C’est particulièrement le cas cette année, avec la présence de Delphine Perret, Pauline Ferrand, Anna Conzatti ou encore Adèle Verlinden.
« L’idée c’est qu’il y ait une grande diversité dans ce que l’on montre. » indique Thomas Brochard. « Les artistes doivent aussi jouer le jeu d’animer, de performer en public, de sortir de leur pratique. »

La dessinatrice Anna Conzatti se confronte à l’exercice du « gros plagiat » en se réappropriant la couverture de Diane Morel.

Le dessinateur Vincent Sorel en plein échange au stand Le disquaire.

Une première pour la dessinatrice Diane Morel

Parmi les dessinateur·trices invité·es cette année, Diane Morel a accepté le défi. C’est une première pour elle. Originaire de la région, graphiste et illustratrice de formation, Diane est venue présenter sa première BD Le silence de juju, sortie en avril dernier. L’ouvrage est le fruit d’une étroite collaboration avec son autrice, la journaliste et photographe Armandine Penna, grâce à un appel à projet qui avait été relayé par Maison Fumetti.
Le silence du juju est le récit fictif mais extrêmement documenté du parcours de Faith, une jeune nigériane de 16 ans, de son emprise dans la filière de la prostitution à l’émancipation. Une partie de l’histoire s’inscrit dans des lieux très familiers de Nantes.
Le Fumetti All Stars est pour elle « une mise en lumière de notre travail auprès du public » mais aussi “une mise en lien, une mise en réseau avec les gens et les autres auteurs·trices aussi, parce que l’on a un métier très solitaire quand même. Donc les temps où l’on peut rencontrer des gens qui font le même métier que nous et échanger sur les problématiques c’est quand même chouette. Et puis là dans un cadre festif en plus. » se réjouit Diane.

Planche extraite de la BD Le silence de juju.

Diane Morel croque son public au stand Kiosque People.

Les 8 dessinateur·trices présent·es— invité·es et rémunéré·es pour cela — ont enchaîné les animations sous forme de stands durant toute la soirée ; sessions de dédicaces, tatouages éphémères, performances dessinées en direct… sous le regard attentif, souvent amusé mais surtout admiratif du public et des autres artistes. Les deux groupes de musique Chocolat Billy (en photo de couverture) et ScreenTest (ex-Crimesex), initialement programmés au Festival Fumetti de juin dernier, ont quant à eux pris leur revanche et électrisé la scène. Même si la salle de concert du Stereolux n’était pas comble en dernière partie de soirée, la rencontre entre les différents publics semblaient bien avoir eu lieu.


Info pratiques :
Maison Fumetti
6 cour Jules Durand, 44000 Nantes
www.maisonfumetti.fr
Page Facebook
Instagram : @maisonfumetti

Tout droit arrivée de Paris où elle a vécu les 15 dernières années, Amandine est à Nantes depuis seulement quelques mois. Pourtant, sa connaissance du calendrier culturel et son ancrage dans le quartier révèlent plutôt une femme capable de trouver toutes les occasions pour faire des rencontres et de s’imprégner de l'imaginaire nantais.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017