2 décembre 2024

Fabrice Azzolin mêle art et science avec son exposition « La symétrie des rêves »

Jusqu'au 6 janvier 2025, l'artiste Fabrice Azzolin investit le Muséum de Nantes avec l'exposition art-science "La symétrie des rêves" présentant pas moins de 300 papillons étonnants.

Fabrice Azzolin mêle art et science avec son exposition « La symétrie des rêves »

02 Déc 2024

Jusqu'au 6 janvier 2025, l'artiste Fabrice Azzolin investit le Muséum de Nantes avec l'exposition art-science "La symétrie des rêves" présentant pas moins de 300 papillons étonnants.

Après une première exposition intitulée « Le règne du silence » présentée en 2021 au Muséum d’Histoire Naturelle, Fabrice Azzolin revient sur les lieux avec « La symétrie des rêves », présentée au public le 19 avril dernier et visitable jusqu’au 6 janvier 2025. Entre art et science, pas moins de 300 papillons aux motifs étonnants sont présentés au sein de cette exposition méticuleuse et réaliste.

Un artiste prédestiné au monde de la science

Curieux, Fabrice développe durant l’adolescence un intérêt pour les plantes médicinales puis il intègre la voie scientifique : « Mon père s’est dit : ‘Oh, tu devrais faire pharmacie ! Ton frère fait médecine, ta sœur sera infirmière, vous monterez un cabinet à trois.’ Donc j’ai commencé des études de pharmacie. » révèle-t-il. Bien qu’il n’ait pas poursuivi cette voie, l’artiste en garde une ouverture sur le monde et un constant désir d’apprendre.

Fabrice Azzolin à côté des plus grands specimens.

Aux prémices de « La symétrie des rêves »

L’idée originale de l’exposition est apparue à Fabrice en vision : des papillons imitant des œuvres d’art. À son domicile situé à la Martinière, au sein de son musée personnel qu’il nomme « le Théâtre de Mémoire », il imagine un envol de papillons dans un escalier mis en couleurs par des spots lumineux.

« Comme l’art ne peut imiter la nature, est-ce que la nature peut imiter l’art ? […] Comme j’avais des bouquins d’art, j’ai imaginé qu’un papillon puisse se poser et prendre en quelques secondes les motifs et couleurs, transformer ses ailes de façon à ce qu’il devienne quasiment invisible » raconte-t-il. Il fait alors appel à Ji Yoon Jang et Ophélie Manas pour donner vie aux lépidoptères.

L’artiste contacte ensuite Philippe Guillet, directeur du Muséum de Nantes avec qui il a déjà collaboré, pour visiter les collections. Selon Philippe Guillet, Fabrice Azzolin utilise un processus d’observation qui s’apparente à la démarche scientifique, avec une sensibilité unique. L’artiste considère qu’il s’agit avant tout d’une exposition collective compte tenu des nombreuses personnes qui l’ont aidé à concrétiser le projet.

Philippe Guillet, directeur du Muséum de Nantes

Au Museum de Nantes, la rencontre entre art et science

Dans l’une des plus petites salles d’exposition du bâtiment, art et science se mêlent afin de toucher le public. Cette rencontre entre les deux disciplines n’est pas exceptionnelle mais Philippe Guillet souligne l’importance qu’il accorde à l’équitable mise en valeur des deux disciplines : « Il y a une grande vigilance, pour qu’on ait une rencontre art-science qui fait la part belle à l’art, qui fait la part belle à la science. C’est vraiment important. ».

 « Éviter à la science le comique du geai se parant des plumes du paon, et à l’art, le pathétique du paon qui emprunterait ses plumes au geai »

Selon lui, les deux démarches entrent parfois en contradiction. La science est souvent un prétexte pour parler l’art, ce qui peut dévoyer le message scientifique et inversement. Pour illustrer ses propos, il nous cite le physicien et théoricien Jean-Marc Lévy-Leblond qui préconise d’« éviter à la science le comique du geai se parant des plumes du paon, et à l’art le pathétique du paon qui emprunterait ses plumes au geai ».

Utiliser l’art pour interroger le monde et les rendre les sujets accessibles

« L’intérêt c’est de faire appel à des artistes qui permettent une certaine compréhension du public sur des thématiques très difficiles »

Depuis plus d’une vingtaine d’année, le Museum propose des expositions artistiques. Selon Philippe Guillet : « L’intérêt c’est de faire appel à des artistes qui permettent une certaine compréhension de la part du public sur des thématiques très difficiles ». À travers les projets mis en œuvre, le museum cherche à valoriser ses collections, dans une recherche constante d’émerveillement des visiteurs.

Pour Fabrice Azzolin, la science a pour but de rassurer, tenter d’élucider les mystères du monde alors que l’art vise avant tout à poser des questions et faire perdurer : « Il n’y a pas de progression en art, c’est un présent éternellement renouvelé. La vocation de l’art c’est une sorte de pied de nez à la mort. […] L’art fait perdurer les choses, les êtres humains et aussi bien les créations de la nature que du génie humain. […] Il paraît qu’à un moment ils fermaient leurs ailes à cause de l’humidité ou de la sécheresse » ajoute-t-il amusé à propos de ses petits insectes. Engagé, l’artiste souhaite alerter sur la disparition en silence des papillons : « Si on détruit la nature, est-ce qu’on peut se contenter d’un succédané de nature ? J’ai pas la réponse parce qu’elle est peut-être posée par cette exposition-là ».

Il reste un mois pour découvrir l’exposition avant qu’elle ne voyage à travers la métropole nantaise. Jusqu’à la fermeture pour travaux du muséum en 2025, il est aussi possible de (re)découvrir deux expositions temporaires : « Trésors et Biodiversité » puis l’exposition photographique « Spécimens » de Romain Baro du 28 janvier jusqu’au mois d’avril.

Cela fait bientôt 4 ans que Savannah réside à Nantes, capitale culturelle du grand Ouest. C’est d’ailleurs cette réputation qui a incité Savannah à investir ce qu'elle nomme “la grande ville”.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017