Cette année, le thème du Festival des Solidarités, ou FestiSol, visait à apporter des réflexions sur le croisement entre la question environnementale et les droits des Peuples. Dans ce cadre, l’Association France Palestine Solidarité 44 (AFPS) et la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) ont proposé aux Nantais·e·s la conférence « Préserver l’environnement en Palestine : droit international, droits des peuples ».
La trentaine de personne regroupées à la maison de quartier La Mano ont pu entendre trois intervenant·e·s : Christine Post, coordinatrice de la Commission environnement de l’AFPS, Alain Fenet, professeur à la Faculté de Droit de l’Université de Nantes ainsi qu’Hervé Kempf, journaliste à Reporterre et co-auteur du livre Gaza : La vie en cage. Christine Post et Hervé Kempf ont nommé les nombreux enjeux environnementaux de l’occupation illégale des terres palestiniennes tandis que le professeur de droit Alain Frenet a fait un exposé sur le droit international.
Aborder la Palestine sous un autre angle
Au sein de l’AFPS 44, la thématique du FestiSol tombe à pic : un groupe de travail a été constitué dans la dernière année sur la question environnementale en Palestine. Madeleine – Mado – Hervy, présidente de l’AFPS 44, résume les conclusions de leur analyse : « Israël attaque de manière très spécifique l’environnement en Palestine. Par le vol des terres, le vol de l’eau, mais aussi l’utilisation des déchets des colonies qui sont jetés sur les Palestiniens ». Elle raconte, par ailleurs, que la détérioration de l’environnement naturel « ça se voit très, très bien » sur les territoires occupés.
« Cet angle de vue de l’environnement, je trouve que ça me permet de reparler de la colonisation, de remettre un sens actuel à cette dénonciation » – Barbara Durot, membre de la LDH et animatrice de la soirée
Pour la LDH, dans le cadre du festival, il fallait parler de la Palestine : « Ça nous semblait évident. D’autant plus qu’on sait à quel point l’environnement des Palestiniens est bouleversé et combien ça contribue à les déposséder » raconte l’animatrice de la soirée, Barbara Durot, membre de la LDH. Elle confie également comment cette thématique lui permet de continuer la lutte en l’abordant d’un autre angle : « Quand on répète 1000 fois le même mot, il perd de son sens. Et cet angle de vue de l’environnement, je trouve que ça me permet de reparler de la colonisation, de remettre un sens actuel à cette dénonciation ».
L’AFPS 44 et la LDH ne s’en cachent pas, parler de ce sujet permet aussi « d’attaquer l’image d’Israël » que l’on accuse d’écoblanchiment. Par exemple, la création de parcs naturels modifie l’environnement, car le reboisement se fait souvent avec des essences d’arbres qui ne sont pas locales et qui peuvent être plus avides en eau. « En tout cas, c’est une façon d’effacer même le paysage d’origine palestinienne », souligne Madeleine Hervy.
Questionner les pouvoirs du droit…
Le public, quant à lui, profite de la présence du professeur de droit Alain Fenet pour comprendre les pouvoirs de la Cour Pénale internationale (CPI). Cette dernière a lancé un mandat d’arrêt contre le Premier Ministre israélien, Benyamin Netanyahou, et son ex-ministre de la Défense, Yoav Gallant. Or, le jour de la conférence, le ministère des Affaires étrangères Français a laissé planner le doute d’une immunité pour Netanyahou s’il arrive en territoire français. De la période de questions, il ressort des inquiétudes face à cette déclaration et une amertume de ne pas avoir d’outils légaux plus contraignants.
Ce sont justement les éléments légaux qui restent dans la bouche des Nantais·e·s interrogé·e·s. Michel, qui « connaît déjà un certain nombre de choses » en étant membre de l’AFPS, a été interpellé par les propos d’Alain Fenet sur le droit international : « c’est à utiliser ». Même son de cloche pour Violet : « Ce qui m’a le plus surpris, c’est la clarté de ce qui est dit dans le droit international depuis très longtemps maintenant. Ça a un petit côté un peu déprimant de se dire que le droit le dit depuis longtemps, et il se passe rien ».
Dominic, de son côté, aurait apprécié avoir eu le temps d’échanger sur un autre aspect environnemental : « J’ai appris quelques éléments, mais j’ai été un peu frustré, car il y a des éléments de connaissances que j’ai, moi, que je n’ai pas rencontré. Il y a par exemple, pour les pêcheurs de Gaza, des limites imposées par Israël qui sont illégales et qui déterminent une grande partie des difficultés qu’ils ont à se nourrir par la pêche ».
… Mais ne jamais repartir sans résister
Avant de clore l’événement, Mado met un point d’honneur à partager les nombreuses solutions qui s’offrent au public pour agir : « Pas question de désespérer les gens ». En plus des manifestations ayant lieu chaque samedi à 16h, l’AFPS mobilise aussi la population pour diverses actions dont la campagne « Boycott, désinvestissement et sanctions » et une récolte de dons pour une école mobile à Gaza. La présidente a d’ailleurs terminé l’événement en appelant le public de se joindre à elle·ux lors de la 8e Semaine du film palestinien du 29 janvier au 9 février 2025.