• manifestation du 5 décembre à Nantes
6 décembre 2024

Nantes, 8000 personnes unies pour la défense des services publics

Le 5 décembre, plus de 8000 personnes ont manifesté à Nantes contre les coupes budgétaires et la dégradation des services publics. Divers profils – enseignant·es, étudiant·es, artistes, travailleur·euses – ont dénoncé des politiques jugées injustes et déconnectées, dans une mobilisation calme mais résolue malgré la pluie.

Nantes, 8000 personnes unies pour la défense des services publics

06 Déc 2024

Le 5 décembre, plus de 8000 personnes ont manifesté à Nantes contre les coupes budgétaires et la dégradation des services publics. Divers profils – enseignant·es, étudiant·es, artistes, travailleur·euses – ont dénoncé des politiques jugées injustes et déconnectées, dans une mobilisation calme mais résolue malgré la pluie.

Nantes, 5 décembre 2024. Après l’appel lancé il y a quelques semaines par plusieurs syndicats, plus de 8000 personnes ont défilé dans les rues de Nantes pour protester contre les réformes gouvernementales, les coupes budgétaires et la précarisation des emplois dans la fonction publique. La manifestation s’est déroulée dans une ambiance calme mais déterminée, malgré la pluie persistante. Ce rassemblement témoigne d’une volonté collective de défendre les services publics et les droits des travailleur·euse·s face à un gouvernement jugé déconnecté des préoccupations populaires.

Un contexte politique et social sous tension

La manifestation du 5 décembre s’inscrit dans un contexte de crise politique. Le gouvernement, destitué après un vote de motion de censure, fait face à une contestation grandissante. Les réformes actuelles, notamment les coupes budgétaires, touchent directement les services publics essentiels comme l’éducation, la santé, et les collectivités locales. Beaucoup de manifestant·es perçoivent ces réformes comme des attaques contre les conquêtes sociales et la solidarité, dans un contexte où les droits des travailleur·euse·s semblent de plus en plus fragilisés.

Un engagement pour la culture et l’éducation

Pour Vincent, doctorant en statistiques : «  le contexte actuel, c’est un contexte politique d’instabilité, on espère bientôt une possibilité pour d’autres politiques que celles qui ont été menées ces dernières années » il est venu dès 10h30 pour dénoncer les « conditions de travail qui se cassent la gueule depuis des années ». Pour lui, il y a une perte de la qualité de l’enseignement due aux contrats précaires, « les cours qui devraient être assurés par des fonctionnaires sont assurés par des vacataires (des personnes extérieures à l’université, ndlr) qui n’ont pas un contrat de travail avec l’université, ils vont donner des cours qui vont être payés à l’heure. »

Des mots qui résonnent chez Marie, étudiante en sociologie : « C’est important d’être au courant pour pouvoir agir. Si on ne sait pas ce qui se passe, on ne peut pas savoir où on va, pour se battre pour ce qu’on veut. » Comme dirait sa camarade, le savoir est une arme.

Cortège lycéen en tête de la manifestation de la fonction publique, 05.12.24, @ju_dcntz

Pour la défense des droits sociaux et des services publics

De nombreux·ses manifestant·es ont souligné la menace que représentent les réformes pour les droits sociaux et la qualité des services publics. Hanni, animatrice de terrain, met en avant la nécessité de lutter contre un gouvernement qu’elle juge déconnecté des préoccupations populaires :« On manifeste contre un gouvernement qui fait s’effondrer tous les acquis sociaux, contre ses lois répressives, contre une politique d’extrême droite, et contre le manque de positionnement face aux injustices à Gaza et en Cisjordanie. ». Carole est musicienne et elle aussi regrette la polarisation des discours politiques et la diabolisation de la gauche « La culture fait partie de notre patrimoine, ce n’est pas un combat partisan« .

Des travailleur.euse.s du spectacle ont performé tout le long de la manifestation pour protester contre les coupes budgétaires annoncées, 05.12.24, @ju_dcntz

La manifestation du 5 décembre est un signe fort de résistance contre les réformes gouvernementales. Bien qu’aucune solution immédiate ne soit en vue, cette mobilisation montre que la contestation est loin d’être terminée. Les manifestant·es ont clairement exprimé leur volonté de défendre leurs droits et de continuer à lutter contre les politiques jugées néfastes. D’autres actions sont à prévoir la semaine prochaine, notamment la grève des cheminot.e.s le mercredi 11 décembre.

 

Plus vite, plus fort, et à plus grande échelle : c’est dans l’idée de se construire comme journaliste et faire porter la voix des autres qu’elle a rejoint Fragil.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017